
Le chef du CPL Gebran Bassil au palais de Baabda. Photo d’archives Dalati et Nohra
Le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil a réaffirmé jeudi, lors d’un entretien accordé à la chaîne LBCI, son opposition à « l’unité des fronts » prônée par le Hezbollah, et au nom de laquelle le parti chiite a ouvert le feu contre Israël le 8 octobre dernier depuis le Liban-Sud, en soutien au Hamas à Gaza. « Notre point de vue sur l’unité des fronts n’est pas nouveau et nous refusions déjà dans le passé toute ingérence dans les affaires des pays arabes, a souligné le député de Batroun. Nous sommes avec l’unité du front libanais. N’est-ce pas plus important ? » « La légitime défense est un droit, mais la décision d’attaquer ne devrait pas être automatique... Pourquoi tout lier à Gaza ? » s’est-il encore interrogé, à l’heure où le Hezbollah refuse tout cessez-le-feu au Liban-Sud tant que la guerre continue dans l’enclave palestinienne. « Je serais en faveur de la guerre si nous obtenons les fermes de Chebaa (bout du Golan syrien occupé par Israël, mais revendiqué par le Liban), la garantie de l’extraction du pétrole et du gaz offshore, ou le retour des réfugiés syriens en Syrie », a-t-il ajouté. « Cependant, le Liban, petit pays dévasté par la crise économique, subit de lourdes pertes aujourd’hui à cause de la guerre dans le Sud », a regretté M. Bassil. Malgré ces critiques acerbes, le chef du CPL a tout de même semblé vouloir ménager le parti chiite, qui avait fait quelques heures auparavant un pas en direction de l’ancien président Michel Aoun. « Le Hezbollah respecte les règles d’engagement et sait se maîtriser. Nous serons à ses côtés en cas d’agression de la part d’Israël, mais la libération de Jérusalem, c’est la responsabilité des Palestiniens », a-t-il déclaré. Le député a également évoqué la présidence de la République (réservée aux chrétiens), l’un des principaux points de désaccord entre le Hezbollah, qui soutient la candidature du leader des Marada Sleiman Frangié, et son parti, qui affirme s’opposer farouchement à cette option. « Concernant la présidentielle, nous avons un candidat qui a obtenu plus de voix que le leur », a-t-il affirmé, en référence à l’ancien ministre des Finances Jihad Azour, soutenu par les principaux partis chrétiens (le CPL avec les Forces libanaises et les Kataëb). « Toutefois, nous ne voulons pas d’un président imposé aux Libanais. Cela ne signifie pas qu’on peut contrôler nos décisions ou notre représentation (chrétienne, NDLR). » Dans ce cadre, M. Bassil affirme soutenir la dernière initiative présidentielle du bloc parlementaire de la Modération nationale. Lancée il y a près de deux semaines par ces députés ex-haririens, la réussite de cette initiative prévoyant des concertations parlementaires suivies d’une séance électorale ouverte reste tributaire du feu vert du Hezbollah. « Je soutiens leur action, mais je ne vois pas le tandem chiite se diriger vers une séance d’élection sans connaître le résultat d’avance », a-t-il regretté. Enfin, le chef maronite a tiré à boulets rouges sur le gouvernement sortant de Nagib Mikati, que le CPL accuse de profiter de la vacance présidentielle pour s’approprier les prérogatives du chef de l’État (et par extension, des chrétiens). « Nous rejetons les pratiques unilatérales du gouvernement et l’usurpation des pouvoirs du président », a-t-il martelé, appelant à la mise sur pied d’une position unifiée à ce sujet et d’un plan national, « arbitré par l’Église maronite ». Et de conclure : « Il faut travailler ensemble pour qu’on reste ensemble. »
Le ridicule ne tue pas, avec lui nous en avons les preuves qui manquaient aux scientifiques.
14 h 37, le 09 mars 2024