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Moyen-Orient - Analyse

Le rapprochement avec Téhéran, un atout pour Riyad sur fond de guerre à Gaza

Le rapprochement avec Téhéran, un atout pour Riyad sur fond de guerre à Gaza

Le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, recevant le président iranien, Ebrahim Raïssi, en novembre 2023, à Riyad. Photo d’archives AFP


Le rapprochement surprise opéré il y a un an avec l’Iran s’est révélé payant pour l’Arabie saoudite, la protégeant notamment des répercussions de la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas palestinien, estiment les analystes.

Sans avoir réglé tous les problèmes dans la relation complexe entre les deux puissances rivales du Moyen-Orient, le rétablissement des relations avec Téhéran, après sept ans de rupture, apparaît comme un succès diplomatique pour le prince héritier et dirigeant de facto du royaume du Golfe, Mohammad ben Salmane, dit MBS.

Après une accession au pouvoir marquée par l’implication de son pays dans la guerre au Yémen voisin et une brouille de trois ans avec le Qatar, le prince a adopté une approche plus conciliante dans la région, couronnée par l’accord annoncé le 10 mars 2023 avec la République islamique.

L’objectif, pour l’Arabie saoudite, était de se concentrer sur le programme de réformes économiques et sociales visant à préparer le premier exportateur mondial de brut à l’après-pétrole, une ambition menacée en cas d’extension régionale de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre.

N’étant plus à couteaux tirés avec Téhéran, principal soutien du mouvement islamiste palestinien, Riyad a réussi jusqu’ici à rester à l’écart du conflit, tout en affichant son soutien à la cause palestinienne.

Le royaume a en outre rappelé début février qu’il n’aurait « pas de relations diplomatiques avec Israël », ennemi juré de l’Iran, tant qu’un État palestinien ne serait pas reconnu dans les frontières de 1967 et que « l’agression » à Gaza se poursuivrait.

« Il est clair aujourd’hui que la normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran était un choix stratégique », estime l’analyste saoudien Aziz Alghashian. « Ils ont montré qu’ils n’étaient pas des ennemis l’un pour l’autre, même s’il y aura toujours une méfiance », ajoute-t-il.

Bâtir la confiance

La monarchie à majorité sunnite et la République islamique à majorité chiite ont souvent soutenu des camps opposés dans les conflits régionaux, en Syrie, au Liban ou en Irak.

Les deux pays avaient rompu leurs relations en 2016 après l’attaque de l’ambassade saoudienne à Téhéran, consécutive à l’exécution en Arabie saoudite d’un dignitaire chiite saoudien.

L’accord conclu en mars 2023 sous l’égide de la Chine portait sur la réouverture des missions diplomatiques et l’application d’accords de sécurité et de coopération économique signés 20 ans plus tôt.

Quelques semaines plus tard, 65 Iraniens fuyant la guerre au Soudan étaient évacués par l’Arabie saoudite et accueillis à Djeddah par des diplomates iraniens.

Le rapprochement a également facilité le retour du président syrien Bachar el-Assad, proche allié de l’Iran, dans le giron arabe après sa participation en mai au sommet de la Ligue arabe à Djeddah, pour la première fois en plus de dix ans.

L’accord n’a toutefois pas tenu ses promesses sur d’autres dossiers, comme le contentieux autour d’un champ gazier que la monarchie du Golfe souhaite exploiter conjointement avec le Koweït.

Les deux pays ont franchi des étapes importantes, « mais l’accord nécessite beaucoup de mesures pour bâtir la confiance », souligne Huda Raouf, responsable du programme iranien au Centre égyptien d’études stratégiques au Caire.

Contenir le conflit

Le rapprochement ne s’est pas non plus traduit par une percée majeure pour mettre fin à la guerre au Yémen, où l’Arabie saoudite dirige depuis 2015 une coalition militaire appuyant le gouvernement face aux rebelles houthis, soutenus par Téhéran. Alors que les pourparlers semblent au point mort, les houthis multiplient depuis novembre les attaques contre des navires au large du Yémen, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza.

Ces tensions menacent les ambitions touristiques de l’Arabie saoudite, mais les rebelles yéménites n’ont pas directement visé les intérêts saoudiens récemment et Riyad n’a pas rejoint la coalition maritime menée par les États-Unis pour protéger la zone.

Selon les analystes, les efforts de Riyad et Téhéran pour contenir le conflit à Gaza ont en outre contribué à renforcer les liens entre les deux puissances.

Cinq jours après le 7 octobre, cela s’est traduit par un premier appel téléphonique en octobre entre MBS et le président iranien Ebrahim Raïssi, puis une visite du dirigeant iranien à Riyad en novembre.

Et pour Rabha Saif Allam, du Centre d’études stratégiques du Caire, si le dégel n’avait pas été amorcé, la rancœur entre les deux poids lourds aurait accru le risque « d’un conflit régional plus large ».

Source : AFP

Le rapprochement surprise opéré il y a un an avec l’Iran s’est révélé payant pour l’Arabie saoudite, la protégeant notamment des répercussions de la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas palestinien, estiment les analystes.Sans avoir réglé tous les problèmes dans la relation complexe entre les deux puissances rivales du Moyen-Orient, le rétablissement des relations avec Téhéran, après sept ans de rupture, apparaît comme un succès diplomatique pour le prince héritier et dirigeant de facto du royaume du Golfe, Mohammad ben Salmane, dit MBS.Après une accession au pouvoir marquée par l’implication de son pays dans la guerre au Yémen voisin et une brouille de trois ans avec le Qatar, le prince a adopté une approche plus conciliante dans la région, couronnée par l’accord annoncé le 10 mars 2023 avec la...
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