Sous la pluie, une poignée de proches de victimes de l'explosion du 4 août continue de réclamer justice

Une poignée de proches des victimes de l'explosion au port de Beyrouth ont tenu leur rassemblement mensuel lundi 4 mars, sous la pluie, devant la statue de l’Emigré en face du port de Beyrouth, réclamant que « l'enquête soit menée à son terme ». Pour la énième fois depuis la tragédie du 4 août 2020 qui a fait plus de 200 tués, 7000 blessés et détruit près de 77 000 bâtiments, les familles ont brandi des photos des disparus et des banderoles dénonçant « l’incapacité du pouvoir politique à conduire l’enquête ».

Les visages fermés, mais une détermination inébranlable. Photo Mohammed Yassine/OLJ

« 1308 jours que nous attendons que la conscience humaine de certains responsables se réveille. Peut-être laisseront-ils la justice faire la vérité sans lui imposer leurs enseignements. 1308 jours plus tard, nous demandons justice pour nos victimes, nous réclamons la vérité et l'obligation de redevabilité », a martelé Mariana Fodoulian, sœur d’une victime, au nom des familles.

Ce rendez-vous mensuel se tient le 4 de chaque mois, depuis plus de trois ans, malgré la crise, et la guerre qui touche le Liban-sud depuis le 8 octobre 2023. Et ce, alors que l’enquête piétine, en raison des multiples procédures lancées contre le juge Tarek Bitar, le magistrat chargé de l’instruire, et d’ingérences politiques flagrantes.

Soulignant que les familles des victimes continuent de miser sur le système judiciaire, sur les juges honnêtes, sur les personnes de conscience et sur la liberté d'expression, la jeune femme les a exhortés à « tendre une oreille attentive aux supplications des familles endeuillées ».

Mariana Fodoulian brandit la photo de sa soeur décédée, Gaïa. Photo Mohammed Yassine/OLJ

« Est-il logique que nul ne soit responsable et que tout le monde soit innocent ? », s’est interrogée Mariana Fodoulian, se demandant s’il est permis « d’étouffer les preuves, d'enterrer le dossier et d'entraver l'enquête, de peur qu'elle n'atteigne les personnes impliquées qui sont affiliées à des politiciens ». « Personne n’est au-dessus des lois », a-t-elle scandé.