Volodymyr Zelensky a réitéré samedi son appel à ses alliés occidentaux pour la fourniture de plus de systèmes de défense aérienne, et plus rapidement, après des attaques russes qui ont fait au moins treize morts. Parmi lesquels dix à Odessa, selon un nouveau bilan, une femme et un nourrisson de huit mois ayant été retrouvés dimanche dans les décombres. Dans la ville portuaire sur la mer Noire, une frappe russe menée sur un immeuble de neuf étages dans la nuit de vendredi à samedi a ainsi entraîné « la mort de dix personnes, dont trois enfants », a déploré le président ukrainien. « Ces attaques n’ont aucun sens militaire (...) Il s’agit de terreur, visant exclusivement à détruire des vies, à intimider », a dénoncé le président ukrainien. « C’est effrayant », a déploré une habitante du quartier, Natalia. « Les dégâts sont importants, il y a des vitres brisées, des voitures... » Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent plusieurs étages d’un immeuble complètement effondrés.
Renforcer le bouclier aérien
Parallèlement, trois personnes ont été tuées dans des bombardements russes dans les régions de Kherson, Kharkiv et Zaporijjia, selon les autorités. « Le retard dans la fourniture d’armes à l’Ukraine, de systèmes de défense antiaérienne pour la protection de notre peuple conduit, malheureusement, à de telles pertes. L’Ukraine ne demande rien de plus que ce qui est nécessaire pour protéger la vie », a souligné son président en jugeant « impossible à comprendre » les « jeux politiques internes ou les différends (entre les pays) partenaires (de Kiev) qui limitent (sa) défense » face à la Russie.
Après plus de deux ans de guerre, le dirigeant ukrainien exhorte quotidiennement ses alliés occidentaux à livrer l’assistance militaire plus rapidement, réclamant notamment des munitions, davantage de systèmes de défense antiaérienne et des avions de combat. Or l’aide américaine est toujours bloquée au Congrès du fait de l’opposition entre républicains et démocrates, et les Européens, dont les capacités de production sont limitées, tardent à livrer les obus promis ces derniers mois. La victoire face à la Russie « dépend de vous », avait lancé il y a quelques jours Volodymyr Zelensky à ses alliés occidentaux. Selon le ministre ukrainien de la Défense Roustem Oumerov, la moitié des armes occidentales promises à Kiev sont livrées avec du retard.
Dans ce contexte de forte pression, l’Allemagne a promis samedi une enquête après la diffusion en Russie d’échanges confidentiels entre plusieurs officiers allemands sur des livraisons d’armes à l’Ukraine, après que son ministère de la Défense a confirmé « l’interception » de ces conversations. « Une affaire très grave », selon le chancelier Olaf Scholz. Une membre de la coalition gouvernementale à Berlin a estimé que Moscou, en diffusant ces enregistrements, cherchait à « intimider » l’Allemagne pour qu’elle continue à refuser de livrer des missiles de longue portée Taurus réclamés par Kiev. Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a en outre accusé dimanche Vladimir Poutine de chercher à « déstabiliser l’Allemagne » afin de mettre à mal « l’unité » du pays.
Poussée russe
Sur le front, l’attente des armes occidentales s’ajoute à la fatigue des soldats marqués par deux ans d’une guerre éreintante face à une armée russe plus nombreuse. Ces derniers jours, les forces russes ont grignoté du terrain, s’emparant de plusieurs petits villages du Donbass, dans l’Est, et forçant les Ukrainiens à réorganiser leurs lignes de défense dans la zone. « La situation sur le front reste difficile, mais contrôlée », a jugé samedi le commandant en chef ukrainien Oleksandre Syrsky à l’issue d’une visite des troupes engagées sur le front.
L’Ukraine procède régulièrement à des attaques de drones en territoires contrôlés par la Russie. Le ministère russe de la Défense a affirmé avoir déjoué dans la nuit de samedi à dimanche une « attaque de 38 drones » qui ont « tous » été détruits au-dessus de la Crimée. La nuit précédente, la garde nationale russe avait indiqué que « le crash d’un drone » était la cause « probable » d’un incident qui a conduit à l’évacuation d’« une centaine de personnes » dans un quartier résidentiel de Saint-Pétersbourg, la deuxième ville de Russie, située à environ 1 000 kilomètres de la frontière avec l’Ukraine.
Source : AFP