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Sport - Soft Power

Le tennis, nouveau terrain de jeu du PIF saoudien

Le royaume du Golfe vient de conclure un nouveau partenariat avec l'ATP, le circuit professionnel masculin.

Rafael Nadal lors d’un match au tournoi de Brisbane (Australie), le 2 janvier 2024. Patrick Hamilton/AFP

Le football, la F1, le MotoGP, le rallye-raid, le golf et désormais le tennis avec ses ramifications planétaires : l'Arabie saoudite a signé mercredi un « partenariat stratégique pluriannuel » avec le circuit professionnel masculin ATP, illustrant l'influence grandissante du royaume du Golfe dans le monde du sport.

Via son riche fonds souverain (PIF), l'Arabie saoudite devient « le partenaire officiel du classement ATP », qui s'appellera désormais officiellement le PIF ATP Rankings, et sera associée « aux tournois ATP d'Indian Wells, Miami, Madrid, Pékin et aux Masters de fin d'année, en plus des Masters Next Gen, organisés à Djeddah jusqu'en 2027 », annoncent le PIF et l'ATP dans un communiqué commun.

« Notre partenariat stratégique avec le PIF marque un moment majeur pour le tennis. Il s'agit d'un engagement commun pour propulser l'avenir de ce sport », insiste le PDG de l'ATP, Massimo Calvelli.

Le montant de cet accord n'est pas dévoilé, mais il est le dernier en date de l'offensive saoudienne dans le tennis, un sport où les dotations explosent, mais sont réservées aux tout meilleurs, engagés dans les plus grands tournois.

À titre d'exemple, le Masters 1000 d'Indian Wells, programmé en mars – et considéré comme le cinquième tournoi du Grand Chelem –, offrira une dotation totale de 9 millions de dollars (dont 1,1 million au vainqueur), soit une augmentation de 91,6 % depuis 2012.

Triple

Dans les Grands Chelems, qui ne sont pas organisés par l'ATP ni son équivalent féminin WTA, l'explosion des primes est flagrante également.

En 2003, l'US Open avait été le premier tournoi à atteindre la barre du million de dollars offert au vainqueur du simple (hommes et femmes). En 2023, Novak Djokovic et Coco Gauff ont empoché trois millions chacun.

Aussi ce partenariat entre l'ATP et le PIF marque-t-il « un engagement significatif commun pour améliorer le tennis mondial », assurent les deux parties.

« J'imagine que de l'argent va couler à flots, mais j'espère qu'il ne concernera pas uniquement l'élite du tennis », a commenté, dubitatif, l'ex-n° 1 mondial Andy Murray en marge du tournoi de Dubaï mercredi.

« J'espère qu'il y a un plan pour que les tournois Futures (3e division, NDLR), junior, en profitent. Si c'est le cas, alors je pense que ce sera positif », a-t-il ajouté.

Responsable saoudien d'une organisation de défense des droits humains basée à Berlin (Esohr), Taha al-Hajji s'interroge sur les visées du royaume.

« Les investissements précédents et actuels (dans le sport) ont prouvé que le gouvernement saoudien injectait plus d'argent qu'il n'en gagnait », a-t-il déclaré à l'AFP, estimant qu'il s'agissait par conséquent d'une nouvelle tentative du royaume d'utiliser le « soft power » pour « laver son image et masquer, via des vedettes et le sport, ses violations » des droits humains.

Grincements de dents

L'année dernière, l'Arabie saoudite a accueilli son premier tournoi estampillé ATP avec les Masters Next Gen, un tournoi qui sert de laboratoire pour tester de nouvelles règles et qui regroupe les huit meilleurs joueurs de moins de 22 ans.

En décembre 2023, le royaume a également organisé de lucratifs matches exhibition opposant Novak Djokovic à Carlos Alcaraz et Aryna Sabalenka à Ons Jabeur.

En octobre 2024 est d'ores et déjà programmée une exhibition avec le gratin du tennis mondial : Djokovic et Alcaraz seront rejoints par Jannik Sinner, Daniil Medvedev, Holger Rune. Même Rafael Nadal, dont la carrière arrive à son terme, est annoncé.

Il faut dire que le champion espagnol aux 22 titres du Grand Chelem, qui fêtera ses 38 ans le 3 juin, vient d'être nommé en début d'année ambassadeur de la Fédération saoudienne de tennis.

Cette nomination a surpris et fait grincer des dents, mais pas autant que la possibilité un temps envisagée que l'Arabie sadouite accueille le Masters WTA de fin d'année.

Les légendes Chris Evert et Martina Navratilova avaient ainsi appelé en janvier les patrons du tennis féminin à renoncer au projet, pointant le bilan de la monarchie pétrolière en matière de droits humains. 

« Le statut inégal des femmes reste profondément ancré dans la loi saoudienne », ont-elle affirmé, en évoquant aussi d'autres violations concernant notamment les droits de la communauté LGBT+. 

Le football, la F1, le MotoGP, le rallye-raid, le golf et désormais le tennis avec ses ramifications planétaires : l'Arabie saoudite a signé mercredi un « partenariat stratégique pluriannuel » avec le circuit professionnel masculin ATP, illustrant l'influence grandissante du royaume du Golfe dans le monde du sport.

Via son riche fonds souverain...
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