Une Palestinienne inspectant les décombres d'une maison, détruite par un bombardement israélien, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 février 2024. Photo Reuters / Ibraheem Abu Mustafa
Dans Gaza à feu et à sang, des femmes et des enfants palestiniens auraient été « tués alors qu'ils tenaient des morceaux de tissu blanc ». Des expertes de l'ONU ont tiré la sonnette d'alarme, dans un rapport sur des « allégations crédibles » de violations des droits de l'homme envers les femmes et filles palestiniennes par l'armée israélienne, portant notamment sur des cas d'exécutions extrajudiciaires, de détentions arbitraires, d'agressions sexuelles et autres mauvais traitements.
Dans leur rapport, publié le lundi 19 février, ces expertes indépendantes ont appelé à une enquête sur ces allégations, à laquelle Israël devra « coopérer », rappelant au gouvernement israélien qu'il est « tenu de respecter le droit à la vie, à la sécurité, à la santé et à la dignité des femmes et des filles palestiniennes, et de veiller à ce que personne ne soit soumis à la violence, à la torture, aux mauvais traitements ou aux traitements dégradants, y compris la violence sexuelle ».
Ciblage délibéré
Selon des informations reçues par ces expertes, « des femmes et des filles palestiniennes auraient été exécutées arbitrairement à Gaza, souvent avec des membres de leur famille, y compris leurs enfants ». Elles font état d'un « ciblage délibéré » des femmes et des enfants « dans des lieux où ils cherchaient refuge ou alors qu'ils fuyaient » et alors que « certains d'entre eux auraient tenu des morceaux de tissu blanc lorsqu'ils ont été tués par l'armée israélienne ».
Ces dernières semaines, plusieurs vidéos ont tourné dans les médias et sur les réseaux sociaux, montrant des civils se faire tuer par des tireurs israéliens en quittant le lieu où ils se trouvaient. Sur l'une d'elles, une femme est abattue par un tir en pleine rue, alors qu'elle tient dans une main un petit enfant et dans l'autre un drapeau blanc de fortune.
Enfermées dans une cage
Les expertes se sont également penchées sur des accusations de « détention arbitraire de centaines de femmes et de filles palestiniennes, y compris des défenseures des droits de l'homme, des journalistes et des travailleuses humanitaires, à Gaza et en Cisjordanie depuis le 7 octobre ». Elles relèvent que certaines d'entre elles ont été soumises à des « traitements inhumains et dégradants », battues, privées de nourriture et de protections hygiéniques voire, à au moins une occasion à Gaza, « enfermées dans une cage sous la pluie et dans le froid, sans nourriture ».
Le groupe d'expertes, qui comprend notamment Reem al-Salem, rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, et Francesca Albanese, rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés, évoque encore des allégations d'agression sexuelle, notamment lors de fouilles par l'armée israélienne, et de viols.
Bébé transféré de force en Israël
Les expertes se sont par ailleurs penchées sur des accusations de disparition de femmes et d'enfants après « un contact avec l'armée israélienne ». « Des rapports inquiétants font état d'au moins un bébé de sexe féminin transféré de force par l'armée israélienne en Israël, et d'enfants séparés de leurs parents, dont on ne sait pas où ils se trouvent», ont-elles alerté.
Début janvier, un capitaine de l'armée israélienne s'était filmé en train de se vanter d'avoir emmené avec lui en Israël une petite fille de quelques mois, provoquant un tollé notamment parmi les associations de protection des droits. La chaîne Al-Jazeera du Qatar rapporte que, depuis ce scandale, le capitaine israélien a été tué et que la localisation de la fillette reste inconnue.
« Pris dans leur ensemble, ces actes présumés peuvent constituer de graves violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire, et s'apparenter à des crimes graves au regard du droit pénal international qui pourraient faire l'objet de poursuites en vertu du Statut de Rome » de la Cour pénale internationale, ont conclu ces expertes.
