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Politique - Décryptage

« La modération » de Hariri contre « l’extrémisme » du Hamas et du Hezbollah ?


La visite de sept jours de Saad Hariri à Beyrouth n’a pas encore révélé tous ses secrets. Chaque jour, de nouvelles analyses et de nouvelles révélations sont véhiculées par les médias, soit pour parler de la grande popularité du chef du courant du Futur et ancien Premier ministre, soit au contraire pour la contester. Mais ce qui est sûr, c’est que dans toutes les versions, l’idée d’un retour à la vie politique du leader sunnite n’est pas exclue, même si elle est encore loin d’être imminente. Une des versions, qui fait même l’objet de rapports ultraconfidentiels dans plusieurs milieux politiques, place le dernier séjour de M. Hariri à Beyrouth et les rencontres à la fois politiques et populaires qu’il y a tenues dans un contexte politique régional, voire international. Selon cette version, le court séjour de Saad Hariri cette année était différent des précédents parce qu’il avait un objectif précis, celui de tenter de reprendre en main la rue sunnite qui devient de plus en plus « extrémiste » et favorable au Hamas. Toujours selon cette version, les États du Golfe et en particulier les Émirats arabes unis – qui accueillent Saad Hariri depuis son départ du Liban et lui offrent des opportunités de travail – ainsi que des parties occidentales seraient très inquiets de la popularité acquise par le Hamas auprès des populations arabes, depuis le début de la guerre du 7 octobre. Pourtant, le Hamas n’avait pas bénéficié d’une grande popularité dans le monde arabe en raison notamment du fait qu’il s’inscrit dans la mouvance des Frères musulmans, combattue par plusieurs régimes arabes, l’Égypte en tête. De même, les Frères musulmans, et le Hamas en particulier, avaient activement participé à ce qu’on avait appelé « le printemps arabe » en Égypte, en Tunisie et même en Syrie, à partir de 2011, où il avait combattu contre le régime syrien et le Hezbollah. Brusquement, avec le Déluge d’al-Aqsa et, surtout, la réaction violente des Israéliens contre les Palestiniens, toutes ces divergences, parfois sanglantes, ont disparu et la rue sunnite s’est non seulement ralliée au Hamas, mais elle s’est aussi rapprochée du Hezbollah. C’est surtout le cas au Liban où, selon les rapports précités, le Hezbollah et l’Iran seraient les plus grands bénéficiaires de la nouvelle popularité du Hamas et surtout de son intégration au sein de ce qu’on appelle « l’axe de la résistance ». En l’absence d’un leader qui rassemble et mène la communauté sunnite, celle-ci se serait donc rapprochée de « la résistance », d’abord le Hamas et ensuite le Hezbollah. C’est dans ce contexte que l’idée aurait germé, toujours selon les rapports précités, de pousser Saad Hariri à reprendre le flambeau de la communauté sunnite, d’abord pour lui redonner son poids au sein de la structure libanaise et ensuite pour éviter qu’elle n’aille trop loin dans son appui au Hamas et au Hezbollah. Mais il faudrait pour cela convaincre aussi les soutiens traditionnels de la communauté sunnite au Liban, en particulier l’Arabie saoudite qui reste assez réservée au sujet de toute intervention dans les affaires internes libanaises ainsi qu’à celui du retour de Saad Hariri sur la scène interne.

Si l’on suit cette logique, ce serait la raison pour laquelle ce dernier n’a donné qu’une seule interview pendant son séjour au Liban – à part une conversation à bâtons rompus avec les journalistes – à la chaîne saoudienne al-Hadath. Il a d’ailleurs axé ses réponses sur le thème de la « modération », qui était, selon lui, la caractéristique de son père Rafic Hariri et qui aurait coûté la vie à ce dernier. Selon cette version, Saad Hariri aurait ainsi mis l’accent sur la modération par opposition « à l’extrémisme du Hamas » et celui du Hezbollah. Le thème de « la modération » était d’ailleurs présent dans toutes ses déclarations. Mais à la chaîne al-Hadath, il a mentionné les assassins de son père, reconnaissant ouvertement qu’il s’agissait de membres du Hezbollah, avant d’ajouter qu’il croit dans la justice divine et que déjà certains d’entre eux ont trouvé la mort en Syrie. Selon les rapports précités, Saad Hariri aurait sciemment évoqué les assassins de son père dans un message aux Saoudiens, tout en essayant de ne pas être agressif à l’égard du Hezbollah, puisqu’il a répété avoir conclu une sorte de « pacte de non-

agression » avec lui. Ces mots suffiront-ils à convaincre les dirigeants saoudiens, sachant que le leader du Futur ne veut pas revenir dans l’arène sans une telle bénédiction ? Il est sans doute trop tôt pour le dire, si cette version s’avère véridique.

Pour l’instant, celle-ci n’est pas avalisée par toutes les parties, notamment par le Hezbollah, qui évalue positivement les déclarations de Saad Hariri. Selon des sources proches de cette formation, il y aurait eu, avant l’arrivée de Saad Hariri à Beyrouth, des entretiens préparatoires entre ses conseillers et des représentants du Hezbollah, pour établir un minimum de coordination. Selon ces mêmes sources, Saad Hariri n’aurait pas dépassé les limites fixées dans ses déclarations et ce qu’il a dit sur les assassins de son père, il l’avait déjà évoqué dans de précédents entretiens. Pour ces sources, si le plan d’utiliser Saad Hariri pour éloigner la communauté sunnite de « l’extrémisme » représenté par « l’axe de la résistance » existe, il a de fortes chances d’échouer, car rien n’indique dans le comportement de l’ancien Premier ministre qu’il est dans une logique de confrontation. D’autant que la région est en pleine tourmente et nul ne sait comment les choses vont évoluer et quels rapports de force seront établis après la fin de la guerre à Gaza.

La visite de sept jours de Saad Hariri à Beyrouth n’a pas encore révélé tous ses secrets. Chaque jour, de nouvelles analyses et de nouvelles révélations sont véhiculées par les médias, soit pour parler de la grande popularité du chef du courant du Futur et ancien Premier ministre, soit au contraire pour la contester. Mais ce qui est sûr, c’est que dans toutes les versions,...

commentaires (7)

« Brusquement, avec le Déluge d’al-Aqsa et, surtout, la réaction violente des Israéliens contre les Palestiniens, toutes ces divergences, parfois sanglantes, ont disparu et la rue sunnite s’est non seulement ralliée au Hamas, mais elle s’est aussi rapprochée du Hezbollah ». Au contraire les sunnites qui soutiennent le Hamas reprochent au Hezbollah de ne pas en faire assez. Et personne n’oublie que Assad père a massacré à Hama en 1982 EN QUELQUES JOURS autant de civils que les sionistes ont tué à Gaza depuis le 7 octobre.

Citoyen libanais

08 h 12, le 24 février 2024

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Commentaires (7)

  • « Brusquement, avec le Déluge d’al-Aqsa et, surtout, la réaction violente des Israéliens contre les Palestiniens, toutes ces divergences, parfois sanglantes, ont disparu et la rue sunnite s’est non seulement ralliée au Hamas, mais elle s’est aussi rapprochée du Hezbollah ». Au contraire les sunnites qui soutiennent le Hamas reprochent au Hezbollah de ne pas en faire assez. Et personne n’oublie que Assad père a massacré à Hama en 1982 EN QUELQUES JOURS autant de civils que les sionistes ont tué à Gaza depuis le 7 octobre.

    Citoyen libanais

    08 h 12, le 24 février 2024

  • L,EXTREMISME NE PEUT PAS ETRE COMBATTU PAR LA MODERATION NI PAR TOUTES LES AUTRES NULLITES. NOUS SOMMES DEVENUS LE REFUGE ET LE CENTRE D,ACTION DE TOUTES LES ORGANISATIONS DE RESISTANCE CONTRE OSRAEL DE TOUTES PROVENANCES. ILS SONT TOUS DES ORGANISATIONS DE RESISTANCE ET D,EXACTIONS ET D,INTIMIDATIONS NON CONTRE ISRAEL MAIS CONTRE LE LIBAN ET LE PEUPLE LIBANAIS. CA, CAR NOUS AVONS POUR CHEFS DE TOUTES ECHELLES DES VAURIENS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 31, le 23 février 2024

  • J’aimais Rafik Hariri , Saad Hariri n’est pas à la hauteur de son père

    Eleni Caridopoulou

    17 h 31, le 23 février 2024

  • Qui a donné le blanc seing aux princes de l’or noir et notamment aux saoudiens pour régenter et décider du sort sur notre pays en imposant leurs lois ? Tu étais chamelier et tu retourneras en chamelier

    Hitti arlette

    14 h 21, le 23 février 2024

  • J’ai le droit de dire que je suis une fan de Scarlett Haddad ???

    Hitti arlette

    14 h 06, le 23 février 2024

  • Contrairement a ce que les moumana3iotes prétendent, les sunnites sont très loin de sombrer dans l’extrémisme du style Hamas. De plus, même les Chiites commencent a se démarquer du Hezbollah car ils en ont ras le bol. Il n'y a qu'a compter dans les rangs des "taupes" démasquées combien sont sunnites ou chiites? Tous! sauf un! l'aide de camp du général leur allié. Franchement, s'il commence a y avoir un extrémisme c'est justement contre l’extrémisme gratuit et destructeur de ces gens la. Hariri déboursera, comme l'a fait son père, et tout rentrera dans l'ordre...

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    09 h 10, le 23 février 2024

  • 1) Saad Hariri n’est pas à la hauteur d’un poste de PM, au mieux il pourrait être un leader influent non majoritaire auprès des sunnites 2) L’axe de la résistance n’existe pas. C’est un terme inventé pour justifier la présence massive d’armes en tous genres chez les chiites. Les syriens, par exemple, subissent des agressions quotidiennes de la part d’Israel sans bouger un petit doigt 3) le Liban du vivre ensemble, de la modération et de la coexistence pacifique n’existe plus. D’ailleurs je me demande s’il a jamais existé dans la mentalité des citoyens et surtout de leurs dirigeants

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 41, le 23 février 2024

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