Rien ne va plus entre le vice-président du Parlement, Élias Abou Saab, et le chef du gouvernement sortant, Nagib Mikati. Dimanche, une polémique a éclaté entre les deux responsables après la nomination, jeudi dernier, de Hassane Audi au poste de chef d’état-major (vacant depuis décembre 2022), conformément à la volonté de Joseph Aoun et en dépit de la farouche opposition du ministre de la Défense, Maurice Slim, gravitant dans l’orbite du Courant patriotique libre dont M. Bou Saab est également proche.
« Nagib Mikati a prétendu avoir consulté le président du Conseil d’État, le juge Fadi Élias, qui lui aurait soumis un avis positif pour aller de l’avant et commettre une violation constitutionnelle », a indiqué dimanche M. Bou Saab à la MTV. « Il s’est ensuite avéré que ce prétexte était infondé, sachant que le juge Élias n’a exprimé aucun avis sur cette question », a poursuivi M. Bou Saab. Et d’ajouter : « Ce scandale vient confirmer les manœuvres auxquelles recourt le chef du gouvernement et qui ont fini par être dévoilées. Il s’agit clairement d’une tentative en amont destinée à influencer le cours de la justice. » M. Bou Saab a été plus loin en accusant le Premier ministre de recourir à la « tricherie ». Plus grave encore, a ajouté M. Bou Saab, le fait qu’il s’est contenté d’une décision ministérielle et s’est abstenu d’adopter un décret en ce sens. Et de conclure en appelant le général Hassan Audi à refuser de prendre ses fonctions « afin d’éviter de faire l’objet de sanctions judiciaires et pénales ». Ces propos peuvent surprendre de la part de M. Bou Saab, réputé pour sa nature conciliante et qui prend généralement ses distances des polémiques lancées par le chef de son parti, le député Gebran Bassil.
Fort d’une couverture politique presque généralisée, Nagib Mikati avait réussi à évoquer le dossier en dehors de l’ordre du jour de la séance de jeudi. Pour justifier la nomination de Hassane Audi (adoptée à l’unanimité des 18 ministres présents au Sérail), le gouvernement s’est basé sur une étude établie par le secrétaire général du Conseil, Mahmoud Makkiyé, pour éviter le vide au sein de l’armée. Dans l’un de ses points, elle met en avant le fait que ce sont principalement les circonstances de la guerre au Liban-Sud qui nécessitent de nommer un chef d’état-major.
La réponse de M. Mikati n’a pas tardé à venir. Dans un communiqué publié par son bureau de presse, le chef du gouvernement a précisé qu’il n’a « jamais demandé une consultation quelconque au juge Élias » et que « tout ce qui se dit à ce sujet est infondé et provient de parties aux orientations bien connues », allusion faite au courant aouniste. Le communiqué rappelle que le Premier ministre a clairement exposé aux ministres les raisons qui ont motivé son choix, à savoir « la stabilité de l’institution militaire », surtout « après le refus du ministre de la Défense (Maurice Slim) de remplir son devoir ». « Si la décision ne plaît pas à quelques-uns, soit, poursuit M. Mikati dans son texte. Il y a plusieurs recours juridiques possibles pour l’invalider, et le gouvernement se soumettra à toute décision qui serait prise en ce sens. » Et le texte de conclure que « les campagnes orchestrées contre le Premier ministre manquent d’arguments convaincants et de sincérité. Leur but est tout simplement de créer un tapage médiatique ».
C'est rigolo quand la canaille mafieuse s'echange des noms d'oiseaux.
22 h 26, le 12 février 2024