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Politique - Éclairage

Que se cache-t-il derrière l’« entretien intime » de Joumblatt à Moscou ?

Le leader druze affirme à notre journal que la présidentielle n’était pas au menu de ses discussions russes.

Que se cache-t-il derrière l’« entretien intime » de Joumblatt à Moscou ?

Walid Joumblatt aux côtés du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, ainsi que de son épouse Nora et du ministre adjoint russe des Affaires étrangères, Mikhaël Bogdanov, le 7 février à Moscou. Photo tirée du compte X de Walid Joumblatt

« La question de la présidentielle n’était pas au menu des discussions. Nous avions à débattre d’autres soucis plus urgents. » C’est par ces propos confiés à L’Orient-Le Jour que le leader druze Walid Joumblatt a résumé ce qu’il décrit comme un « entretien intime », à Moscou jeudi dernier, avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, et son adjoint pour le Moyen-Orient Mikhaël Bogdanov. La rencontre a été l’occasion pour les deux hommes d’échanger leurs points de vue sur la crise au Moyen-Orient. « Nous avons évoqué des sujets importants, notamment l’avenir de Gaza, le front au Liban-Sud et la poussée de l’OTAN vers l’Est (pour y inclure l’Ukraine) », a ajouté l’ancien président du Parti socialiste progressiste à L’OLJ.

Dans un entretien accordé à la chaîne RT (Russia Today), M. Joumblatt a réitéré sa position initiale, à savoir la nécessité d’éviter l’extension de la guerre en cours, sachant notamment que personne ne peut, dit-il, « deviner les intentions israéliennes à l’égard du Liban ». Une position également répercutée par le ministre russe des Affaires étrangères qui a exprimé son « refus d’une escalade supplémentaire dans le conflit israélo-palestinien et de l’implication d’autres pays de la région, notamment le Liban ».

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« Nous souhaitons et soutenons une application de la 1701, mais cela ne sera possible qu’avec un accord entre le Hezbollah, les parties libanaises et l’État, et par le biais d’un renforcement de la présence de l’armée libanaise qui devra combler le vide dans cette région (éventuellement créé par le retrait des combattants du Hezbollah vers le nord du Litani, comme le prévoit la 1701), à condition que les mêmes mesures soient appliquées du côté israélien », a indiqué le leader druze. Ce dernier faisait référence à l’accord d’armistice de 1949 qui impose au Liban ainsi qu’à Israël un espace territorial neutre  prévu des deux côtés de la frontière. « Appliquer l’accord d’armistice d’un seul côté ne tient d’aucune logique », a insisté le leader de Moukhtara. Il s’agit d’une position similaire au leitmotiv du Hezbollah qui réclame, notamment depuis la guerre du 7 octobre, que la Force intérimaire des Nations unies (Finul) se déploie également du côté israélien.

Sur la question de la présidentielle, Walid Joumblatt a indiqué qu’elle n’est pas à l’ordre du jour, « à moins que le quintette ne parvienne à une proposition », a-t-il nuancé. Il démentait ainsi le lien effectué par certains analystes entre sa visite à Moscou et sa récente position de soutien à la candidature du chef des Marada, lorsqu’il avait indiqué en janvier dernier « n’avoir aucun problème » avec « l’élection de Sleiman Frangié », le candidat du Hezbollah, réputé proche des Russes.  M. Lavrov a également insisté sur « la nécessité pour les Libanais de trouver des solutions pour les affaires urgentes qui sont à l’ordre du jour, sur la base d’un consensus sans ingérence étrangère ».

Saad Hariri de retour sur l’ours russe ?

La rencontre entre M. Joumblatt et les diplomates russes survient quelques jours à peine après un entretien entre Georges Chaabane, le conseiller aux affaires russes du chef du courant du Futur et ancien Premier ministre Saad Hariri, et M. Bogdanov. Si Walid Joumblatt affirme que le dossier « ne le concerne pas », des rapports médiatiques ont récemment révélé que la Russie tente depuis quelque temps d’intercéder auprès de l’Arabie saoudite en vue d’un retour de M. Hariri, en exil à Abou Dhabi depuis deux ans après avoir suspendu son activité politique au Liban du fait de sa relation refroidie avec Riyad. Lors de son échange avec M. Bogdanov, M. Chaabane a présenté « la vision de Saad Hariri pour la période à venir, notamment la question de l’élection d’un président de la République », comme le notait un communiqué issu du ministère russe des Affaires étrangères. Selon nos informations, la rencontre entre les deux hommes a longuement évoqué l’option de la réinsertion de M. Hariri sur la scène politique libanaise. 

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« Saad Hariri est aujourd’hui le seul à pouvoir pallier le vide sur la scène sunnite, que les nouveaux venus (les députés issus de la contestation, les députés indépendants et les ex-haririens ) n’ont jamais pu combler », fait valoir une source proche de l’ex-Premier ministre. Avant d’ajouter :  « M. Hariri revient au Liban (le 14 février pour la commémoration de l’assassinat de  son père) dans un nouveau contexte régional où se trame un compromis pour l’après-Gaza. Il est le seul à pouvoir représenter la communauté sunnite à un moment aussi sensible et crucial. »  L’allusion fait écho à l’éclatement de la scène sunnite en plusieurs pôles, aucun nouveau leader n’ayant réussi à émerger depuis que M. Hariri a rendu son tablier.

Encore faut-il savoir si la Russie a toujours l’influence dont elle jouissait avant la guerre d’Ukraine et quelle est sa marge d’action au Liban notamment. « Le rôle des Russes dans la région a sans aucun doute baissé », décrypte Riyad Kahwaji, expert des questions russes. « Par conséquent, le retour de la Russie sur la scène internationale et la redynamisation de ses canaux diplomatiques doivent être compris sous l’angle de l’influence acquise par Moscou au sein de l’Iran, surtout depuis que Téhéran a largement soutenu les Russes en leur fournissant les équipements militaires durant le conflit avec l’Ukraine »,  dit-il.

Toutefois, et quelle que soit la marge d’influence à laquelle aspire actuellement la Russie au Liban, il n’est pas dit que son rôle s’inscrit nécessairement en porte-à-faux avec la mission du quintette impliqué dans le dossier libanais (France, États-Unis, Arabie saoudite, Qatar, Égypte). « Le rôle des Cinq tire son importance de la présence d’acteurs arabes, dont l’Arabie saoudite, qui doivent accorder leur bénédiction au futur président. Sans eux, aucun candidat ne passera », analyse Michael Young, rédacteur en chef de Diwan.  Il existerait ainsi une série d’obstacles que les Russes – qui sont par ailleurs en bons termes avec les pays arabes du quintette – ne peuvent surmonter. D’où une éventuelle complémentarité des rôles que les deux camps pourraient être appelés à jouer pour un règlement de la crise, laisse entendre M. Young.

« La question de la présidentielle n’était pas au menu des discussions. Nous avions à débattre d’autres soucis plus urgents. » C’est par ces propos confiés à L’Orient-Le Jour que le leader druze Walid Joumblatt a résumé ce qu’il décrit comme un « entretien intime », à Moscou jeudi dernier, avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, et...

commentaires (17)

Est ce qu i Est encore socialiste ce féodal?

Zampano

02 h 59, le 14 février 2024

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Commentaires (17)

  • Est ce qu i Est encore socialiste ce féodal?

    Zampano

    02 h 59, le 14 février 2024

  • Il a l'air quand même bien éteint sur la photo le père Joumblatt... mais qu'a-t-il bien pu aller quémander au royaume de Poutine l'infréquentable ? Faut dormir un peu ya Walid, et prendre des vitamines.

    Ca va mieux en le disant

    00 h 49, le 14 février 2024

  • La question que je poserais serait plutôt : Que se cache derrière le dos de M. Joumblatt? On ne voit ni le bras gauche de M. Bogdanov ni celui de M. Joumblatt. L’avant gauche de la veste de M. Bogdanov est déplacé par son bras gauche tendu derrière le dos de M. Joumblatt. Les deux hommes se tiennent par la main, mais de manière voilée et discrète. Intelligent, rusé et fidèle en même temps, à lui-même et à ceux qui ne l’ont jamais lâchement blessé, Walid Joumblatt demeure l’un des hommes politiques incontournables sur la scène politique libanaise et le leader libanais druze par excellence.

    Hippolyte

    11 h 52, le 13 février 2024

  • Le fameux cameleon en visite intime dans un pays où les opposants au criminel de guerre, ami d'un president syrien sont soit assassinés, soit emprisonnés. Les mêmes syriens qui ont assassinés son père. Et il soutient la candidature du candidat le plus pro-syrien? Bravo joujou, superbement ammoral, magnifiquement anti-libanais.

    Christian Robin

    08 h 03, le 13 février 2024

  • Une petit voyage vers la mère Caspienne en amoureux , caviar russe et vodka Stolichnaya au menu

    Robert Moumdjian

    05 h 30, le 13 février 2024

  • Les Russes seraient en train de proposer une sortie de crise presidentielle avec l'election de Frangieh a la presidence et le retour de Hariri comme premier ministre ???? Ca ressemble a du rechauffe. Et c'est surtout une porte de sortie offerte au Hezb et a ses allies mafieux.

    Michel Trad

    22 h 19, le 12 février 2024

  • On se demande comment interpréter cet entretien dit « intime » ? Et pourquoi le leader Druze trimballe sa femme avec lui lors d’une visite officielle alors que les deux responsables russes ne sont pas accompagnés de leurs épouses. Mme joumblatt paraît dans cette photo comme un cheveu dans la soupe .

    Hitti arlette

    20 h 21, le 12 février 2024

  • ""LA QUESTION DE LA PRESIDENTIELLE N’ETAIT PAS AU MENU DES DISCUSSIONS. NOUS AVIONS A DEBATTRE D’AUTRES SOUCIS PLUS URGENTS"".S’il faut aller à Moscou pour discuter de quoi ?Le souci majeur,c’est plutôt la sécurité d’Israël et de ses frontières que la stabilité du Liban.Les Russes, depuis l’URSS jusqu’à la Fédération de Russie, ont toujours tenu devant les Arabes les mêmes affirmations : on ne touche pas aux frontières d’Israël.Que de déclarations après de visite secrète ou de courtoisie,dont celle de Sadate la plus médiatisée.Mais du Liban, des souffrances de ses habitants, qui s’en soucie?

    Nabil

    15 h 12, le 12 février 2024

  • « Nous souhaitons une application de la 1701, mais cela ne sera possible qu’avec un accord entre le Hezbollah, les parties libanaise et l’état »........= EN FAIT IL A RAISON. LAB 1701 SE REFERE AUSSI A LA 1559 QUI EXIGE LE DESARMEMENT DE TOUTES LES MILICES SUR LE SOL LIBANAIS. ET POUR QU,IL Y AIT ACCORD AVEC L,ETAT IL DEVRAIT Y AVOIR MUN ETAT D,AVANCE, IL DEVRAIT DEMANDER L,ACCORD DE TOUTES LES PARTIES QUI DEMANDERAIENT LA 1559, ET L,ARMEE QUI VA LUI DEMANDER DE LIVRER SON ARSENAL. EN DEUX MOTS REDUIRE LES MILICES A UNIQUEMENT DES PARTIS POLITIQUES. = TRES INTELLIGENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 49, le 12 février 2024

  • JE NE COMPTE PLUS LES FOIS DE MES RAPPELS SUR LES JOUMBLATT. LE PÈRE KAMAL A VOTÉ EN SURPRISE À LA DERNIÈRE MINUTES POUR NOUS AMENER SLEIMAN PREMIER PRÉSIDENT. CE PRÉSIDENT A SACCAGÉ LE PAYS AVEC LES MARADA DE SON FILS TONY. WALID A FAIT MIEUX, IL NOUS A AMENÉ LE HEZBOLLAH AU POUVOIR. PROBABLEMENT C’EST LE MÊME SCÉNARIO QUI VA SE RÉPÉTER AVEC SLEIMAN 2. BONJOUR LES DÉGÂTS. LES INTÉRÊTS DES JOUMBLATT OBLIGENT, ILS SONT SACRÉS.

    Gebran Eid

    14 h 42, le 12 février 2024

  • S’il voulait officialiser l’illégitimité des actions du HB sur notre sol, il ne se serait pas mieux pris . Je le cite: «  Nous souhaitons une application de la 1701, mais cela ne sera possible qu’avec un accord entre le Hezbollah, les parties libanaise et l’état ». Il met sur le même niveau une milice armée par un pays étranger, le pouvoir exécutif libanais et l’armée nationale comme si c’était le plus normal du monde au lieu de s’insurger contre la présence de cette milice qui ne fait que détruire notre pays sur ordre de celui qui l’a armé. Ça prouve le manque de loyauté de Jumblatt comme d’h

    Sissi zayyat

    12 h 30, le 12 février 2024

  • il est certain qu'il n'a pas été pour discuter de la guerre en Ukraine dont personne n'a cure de son avis. Quand a la situation au Liban, ce monsieur n'ayant jamais su sur quel pied danser, je doute que l'ont demande son avis. Cependant, il a surement été en tant qu’intermédiaire pour porter un message au nom de ...? , la est la question, tenant compte que la Russie a un droit de veto a l'ONU et reste une puissance dont il faut tenir compte.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    12 h 29, le 12 février 2024

  • Jumblatt s’est rendu en Russie pour une question intime? Laquelle SVP? Il veut conclure un mariage entre les iraniens et les russes sur le dos du Liban? Il se surestime le Jumblatt. Après avoir juré craché qu’il refuserait le président choisi par l’Iran, le voilà qui donne sa bénédiction pour ce même candidat sans aucune justification. Il dit craindre l’extension du conflit alors que notre pays est plongé jusqu’au cou dans cette guerre provoquée par les fossoyeurs en sacrifiant les citoyens libanais que Jumblatt semble occulter pour des raisons obscures qu’il est le seul à connaître.

    Sissi zayyat

    12 h 21, le 12 février 2024

  • Quand un pays mène une guerre injuste, une agression contre son voisin, on ne le visite pas monsieur Joumblat !

    Jacques d

    11 h 51, le 12 février 2024

  • L’ADJOINT DU MINISTRE TIENT BIEN FERMEMENT JOUMBLATT ! POURQUOI ? SINON IL RISQUE DE TOMBER ? QU’EST CE QU’IL FABRIQUE LÀ-BAS LE CAMÉLÉON?

    Gebran Eid

    07 h 50, le 12 février 2024

  • Le voyage du chef druze et de ses lieutenants ne revêt aucune importance pour être reçu par le maître du Kremlin. Voyage bientôt vite oublié, où l’on a coulé une larme sur les soldats druzes de l’armée israélienne tombés à Gaza. Lavrov n’a aucune prise le cours des événements (tellement occupé par sa guerre en Ukraine et l’annexion de la Crimée). On aurait aimé savoir ce que pense Lavrov du droit international, ou du droit des peuples à disposer… ou de l’ébauche (France-USA) d’une sortie de crise entre Israël et le Liban. La diplomatie s’active sans les Russes pour que Joumblatt joue un rôle…

    Nabil

    02 h 14, le 12 février 2024

  • Je ne comprends pas pourquoi Joumblatt va en Russie ?

    Eleni Caridopoulou

    01 h 16, le 12 février 2024

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