Le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian a affirmé samedi à Beyrouth qu'une offensive israélienne de grande envergure contre le Liban « marquerait la fin » du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
« Toute action du régime sioniste (Israël, ndlr) en vue d'une attaque à grande échelle contre le Liban marquerait la fin de Netanyahu », a estimé M. Amir-Abdollahian lors d'une conférence de presse, à l'issue de sa troisième visite au Liban depuis le début de la guerre Hamas-Israël.
En début de semaine, les autorités libanaises ont indiqué que le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné, en visite alors à Beyrouth, les avait averties qu'Israël pourrait déclencher une guerre contre le Liban « pour ramener chez eux » les dizaines de milliers d'habitants évacués de zones du nord d'Israël proches de la frontière avec le Liban.
Selon le ministre iranien, « le régime sioniste ne sera jamais capable de combattre sur deux fronts ». Il a également souligné que « seuls la nation palestinienne et les groupes palestiniens ont le droit exclusif de déterminer leur propre destin ».
Plus tôt dans la journée, M. Abdollahian a rencontré le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, en présence de l’ambassadeur d’Iran, Mojtaba Amani. Selon un communiqué du parti chiite, relayé par l’agence al-Markazia, l’entretien a porté « sur les derniers développements politiques et sécuritaires dans la région et notamment dans la bande de Gaza et au Liban-Sud, ainsi que sur les autres fronts de la Résistance ». Selon al-Markazia, Hassan Nasrallah a déclaré, à l’issue de l’entretien, que « la résistance constitue désormais un facteur important dans les équations régionales », estimant que la victoire de la résistance palestinienne est « inévitable » et que l’armée israélienne vit « une crise stratégique ». Pour sa part, M. Abdollahian a estimé que « la résistance palestinienne travaille avec sagesse et force ».
En visite au Liban depuis vendredi, le chef de la diplomatie iranienne s'est également entretenu avec le Premier ministre Nagib Mikati. Il a réitéré, à l'issue de la rencontre, l’appui de son pays à « la stabilité et la sécurité du Liban », fustigeant les tentatives de certains « de semer le trouble entre le gouvernement, le peuple et la résistance dans ce pays ». Pour lui, « les développements sur le terrain à Gaza aujourd’hui se dirigent vers une solution politique même si (le Premier ministre israélien Benyamin) Netanyahu veut la guerre », estimant que c’est aux Palestiniens de décider de l’après-guerre dans leur pays.
Pour sa part, M. Mikati a qualifié la situation régionale de « changeante et compliquée », soulignant que le Liban aspire à la paix dans la région et à la fin de la guerre à Gaza « afin d’endiguer la possibilité de son extension dans la région ».
« Le Liban ne cherche pas la guerre »
M. Abdollahian s'est aussi concerté avec le président du Parlement libanais Nabih Berry et le ministre libanais des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib. Lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue, ce dernier a affirmé que « le Liban ne cherche pas la guerre ». Il a à nouveau souligné la nécessité de « mettre en œuvre la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU (qui a mis fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006) et d'arrêter les agressions israéliennes ». De son côté, M. Abdollahian a affirmé que pour « l'Iran et le Liban, la guerre n'est pas une solution » et assuré que les deux pays n'ont « jamais cherché à étendre » le conflit.
La visite de M. Abdollahian intervient alors que le Hezbollah et Israël sont engagés dans des combats à la frontière libano-israélienne depuis le 8 octobre.
"Le Liban ne cherche pas la guerre ". Certes, mais le Hezbollah, lui, fait tout pour qu'elle éclate ! "Elle entraînera la fin de Netanyahu ". Sans doute, mais celle du Liban aussi. Mais en quoi cela pourrait-on déranger l'Iran?
16 h 51, le 12 février 2024