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Moyen-Orient - ÉCLAIRAGE

Pourquoi une trêve entre Israël et le Hamas ne semble pas imminente

Le mouvement islamiste comme Tel-Aviv se montrent intransigeants dans les négociations autour d’un deal sur les otages et d’un cessez-le-feu à Gaza.

Pourquoi une trêve entre Israël et le Hamas ne semble pas imminente

Photo distribuée par l’armée israélienne le 7 février montrant ses troupes dans la bande de Gaza. Photo AFP

L’optimisme semble avoir laissé place à l’engluement. Si certains observateurs estimaient fin janvier qu’un accord entre Israël et le Hamas n’était pratiquement plus qu’une question d’heures – alors que le Premier ministre qatari avait fait état de « progrès » dans les pourparlers tenus à Paris en présence des chefs de la CIA, du Mossad et des services de renseignements égyptiens –, force est de constater que ni Tel-Aviv ni le mouvement islamiste ne paraissent aujourd’hui pressés d’arracher un tel deal.

Plus d’une semaine après cette rencontre au cours de laquelle une proposition d’accord de cessez-le-feu à Gaza a été négociée, aucun projet ne semble aligner les parties belligérantes sur un seul et même texte. Alors que le Hamas a publié mardi un communiqué dans lequel il déclare avoir remis aux médiateurs égyptiens et qataris sa réponse concernant le cadre général de l’accord sur les otages approuvé par Israël, les éléments qu’elle contient outrepassent largement les attentes de l’État hébreu. Si le Premier ministre qatari s’est montré optimiste en affirmant que la proposition du mouvement islamiste était « globalement positive », Washington s’est montré plus prudent. En visite au Qatar en marge de sa cinquième tournée régionale, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré qu’« il y a encore beaucoup de travail à faire, mais nous continuons de croire qu’un accord est possible », tandis qu’il doit discuter du dossier mercredi lors de son déplacement en Israël. Les obstacles sont pourtant nombreux et pourraient encore durer tant que le Hamas et Tel-Aviv se montrent intransigeants.

Fin de la guerre

Le mouvement islamiste a formulé des demandes quasiment impossibles à accepter pour l’État hébreu. Selon la contre-proposition du Hamas envoyée mardi soir à Doha consultée par Reuters, trois phases s’étalant chacune sur 45 jours doivent mener à un cessez-le-feu permanent et à la fin de la guerre au terme des 135 jours. Au cours de la première étape, le Hamas envisage que toutes les femmes israéliennes retenues en otages, les hommes âgés de moins de 19 ans ainsi que les personnes âgées et malades soient relâchés en échange de la libération de tous les femmes, enfants, personnes âgées et malades parmi les prisonniers palestiniens détenus en Israël, selon le texte intégral de la réponse du Hamas publié par le quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah. Lors de cette première phase, Israël retirerait ses troupes des zones peuplées de l’enclave afin de permettre le démarrage des travaux de reconstruction d’hôpitaux, de maisons et d’installations. Le mouvement islamiste a également précisé que la mise en œuvre de la phase suivante ne commencerait pas tant que les parties n’auront pas conclu « des pourparlers indirects sur les conditions nécessaires pour mettre fin aux opérations militaires mutuelles et revenir au calme complet ». La deuxième étape prévoit la libération des otages masculins restants ainsi que « le retrait des forces israéliennes hors des frontières de toutes les zones de la bande de Gaza ». Selon al-Akhbar, le groupe souhaite en échange la libération de 1 500 hommes faits prisonniers en Israël, dont un tiers choisis parmi une liste de Palestiniens condamnés à perpétuité par l’État hébreu. La troisième phase, elle, est axée sur la restitution des corps des otages capturés par le Hamas. La proposition prévoit en outre d’augmenter tout du long l’acheminement de nourriture et d’autres aides humanitaires aux civils de l’enclave soumis à un siège total.

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Côté israélien, les commentaires du Premier ministre Benjamin Netanyahu laissent penser qu’il n’a pas l’intention d’accepter cette contre-proposition. D’une part, ce dernier ne veut pas octroyer de victoire – même symbolique – à son ennemi, ni libérer des milliers de prisonniers palestiniens. Une stratégie visant aussi à éviter l’implosion de sa coalition, composée de ministres ultranationalistes et d’extrême droite qui menacent régulièrement de démissionner si la guerre venait à s’arrêter. Pas plus tard que lundi, Benjamin Netanyahu a réitéré, lors d’une réunion de son parti, que la guerre à Gaza « ne doit pas prendre fin » avant la mort des dirigeants du Hamas. Afin de justifier cet objectif présenté comme crédible, les forces israéliennes ont récemment indiqué avoir atteint le tunnel où le cerveau du 7 octobre, Yahya Sinouar, se cacherait depuis deux semaines, à Khan Younès. « Nous nous rapprochons de lui tout le temps », a déclaré mardi à al-Monitor une source militaire israélienne de haut rang sous couvert d’anonymat, tandis qu’un ministre du cabinet de guerre aurait ajouté : « À l’heure actuelle, nous sommes plus proches de Sinouar que d’un accord de libération d’otages. »

Trump

Bien décidé à jouer le temps long pour assurer sa propre survie politique, le chef de l’exécutif semble faire son possible pour conserver son poste en attendant l’élection présidentielle américaine cruciale de novembre prochain. D’autant que l’administration Biden tente d’obtenir des avancées en agitant la perspective d’une normalisation israélo-saoudienne pour obtenir non seulement un accord sur les otages, mais aussi la mise sur pied d’une Autorité palestinienne revitalisée à Gaza et en Cisjordanie pour le jour d’après, en vue de la création d’un État palestinien, ce que Benjamin Netanyahu refuse pour l’instant catégoriquement. Selon une source diplomatique israélienne de haut rang citée mardi par al-Monitor, « Netanyahu ne veut pas vraiment que Biden parvienne à la normalisation. (...) Netanyahu préfère attendre Trump. S’il parvient à repousser l’accord jusqu’à après les élections, cela l’aidera à réhabiliter ses relations avec Trump, si et quand il reviendra à la Maison-Blanche ».

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Alors que ce scrutin pourrait être marqué par un duel entre Joe Biden et son prédécesseur Donald Trump, Benjamin Netanyahu a de quoi se réjouir d’un éventuel retour au pouvoir du candidat républicain. Allié-clé du Premier ministre israélien, l’ancien président avait largement favorisé ce dernier, en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël ou en se retirant unilatéralement de l’accord sur le nucléaire iranien. Dans une interview accordée dimanche au Wall Street Journal, le ministre de la Sécurité nationale et chef du parti d’extrême droite Force juive, Itamar Ben-Gvir, a ouvertement attaqué Joe Biden. « Au lieu de nous apporter tout son soutien, Biden s’occupe de fournir de l’aide humanitaire et du carburant (à Gaza), qui vont au Hamas », a-t-il déclaré, ajoutant : « Si Trump était au pouvoir, la conduite des États-Unis serait complètement différente. » Des commentaires qui ont laissé penser qu’ils avaient été approuvés au préalable par le Premier ministre.

Tandis que ses calculs dépendent avant tout de ses propres intérêts, Benjamin Netanyahu pourrait être contraint d’accepter un deal si la pression des familles d’otages israéliens, de ses partenaires du cabinet de guerre plus modérés que sont les députés Benny Gantz et Gadi Eisenkot et des États-Unis ne lui laisse pas le choix. Pour le moment, Washington ne semble pas encore prêt à utiliser ses leviers de pression en ce sens, alors que Joe Biden pousse pour l’approbation d’une aide militaire et d’urgence comprenant plus de 14 milliards de dollars pour l’État hébreu.

L’optimisme semble avoir laissé place à l’engluement. Si certains observateurs estimaient fin janvier qu’un accord entre Israël et le Hamas n’était pratiquement plus qu’une question d’heures – alors que le Premier ministre qatari avait fait état de « progrès » dans les pourparlers tenus à Paris en présence des chefs de la CIA, du Mossad et des services de...

commentaires (4)

Les uns se donnent corps et âmes à Dieu, le sage, le juste, tandis que les autres agissent pour Satan, le mal, l'exterminateur, le dominateur.

peacepeiche@gmail.com

11 h 45, le 08 février 2024

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Commentaires (4)

  • Les uns se donnent corps et âmes à Dieu, le sage, le juste, tandis que les autres agissent pour Satan, le mal, l'exterminateur, le dominateur.

    peacepeiche@gmail.com

    11 h 45, le 08 février 2024

  • Le Hamas meilleur allié de Netanhyaou comme l'était Abou Nidal dans les années 1980 ! C'est grâce à ce genre de "combattants " que l'espace vital du Peuple palestinien diminue à chaque guerre !

    Yves Gautron

    18 h 54, le 07 février 2024

  • Les terroristes s'entendent parfois, parfois pas. Ils ont des idéologies qui dépassent le sens commun, particulièrement lorsqu'ils prétendent agir au nom de Dieu. C'est la haine qui les motivent, ils peuvent s'entendre éventuellement contre un ennemi commun, contre le vrai Dieu.

    Nicolas ZAHAR

    18 h 02, le 07 février 2024

  • La confiance est nulle entre les belligérants , et Israel veut toujours exterminer les palestiniens .

    Antoine Sabbagha

    17 h 56, le 07 février 2024

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