En fin de semaine dernière, Israël a annoncé que Rafah était son prochain objectif militaire, par la voix de son ministre de la Défense, Yoav Gallant.
Dans la foulée, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré que l’armée avait détruit « 17 des 24 bataillons » du Hamas. « La plupart de ceux qui restent sont dans le sud de la bande de Gaza et à Rafah, et on va s’en occuper », a-t-il ajouté.
Cette ville frontalière de l'Égypte abrite plus de 1,3 million de personnes ayant fui les combats qui ont ravagé l'enclave, selon l'ONU. La France a récemment exprimé son refus de tout « déplacement forcé » de la population gazaouie bloquée à Rafah vers l’Égypte.
Guillaume Ancel, ancien officier et écrivain français, auteur de Saint-Cyr, à l’école de la grande muette, analyse pour L'OLJ les implications de cette annonce, alors que les bombardements sur Rafah ont déjà commencé.
Tel-Aviv a fixé Rafah comme prochain objectif militaire. À quoi s'attendre ?
Rafah est l'endroit où se concentrent le plus de gens aujourd'hui à Gaza. Si les Israéliens l'attaquent, ils finissent leur destruction de la bande de Gaza. Il ne restera alors plus une seule grande infrastructure urbaine habitable dans la bande de terre. Ce sera un carnage obligeant à l'exode.
C'est l'objectif d'Israël, qui s'emploie à détruire consciencieusement la bande de Gaza. Ils ont commencé par nous dire que Gaza-ville était la principale base du Hamas, puis ils ont prétendu que c'était Khan Younès, et maintenant Rafah... L'objectif est clair : rendre la bande de Gaza proprement invivable et inhabitable, pour que les Palestiniens partent d'eux-mêmes !
Netanyahu sait pertinemment que détruire le Hamas est un objectif inatteignable. Il réduit donc Gaza en champ de ruines. Il fera ce qu'il a fait en Cisjordanie, c'est-à-dire qu'il finira par considérer le terrain colonisable une fois qu'il sera quasiment vidé de sa population. À la fin, il restera peut-être 200 000 Palestiniens à Gaza, que les colons pourront chasser facilement du territoire.
Benjamin Netanyahu a indiqué avoir « détruit 17 des 24 bataillons » du Hamas et que le reste est en partie à Rafah...
Cette histoire de bataillons, c'est une vue de l'esprit ! Il essaye de faire croire qu'il est en face d'une armée organisée. Mais le Hamas est tout sauf ça. Ce sont des miliciens, ils ont un fonctionnement beaucoup plus mafieux que militaire à proprement parler. Comment détruire un « bataillon » du Hamas alors que ça n'existe pas ? Netanyahu ment, et à tout le monde. D'ailleurs, dans le même temps, il laisse les otages israéliens mourir. C'est la même chose quand il parle de « centres de commandement » du Hamas, il n'y en a pas à proprement parler.
La France refuse tout déplacement forcé des Gazaouis vers l'Égypte, elle-même opposée à l'accueil de réfugiés palestiniens. Comment sortir de cette impasse sachant qu'Israël a Rafah dans le viseur ?
On peut clamer qu'on refuse l'exode tant qu'on veut, mais si le territoire est rasé, transformé en champ de ruines, cet exode sera naturel. Car que reste-t-il d'autre aux Palestiniens ? Ils partiront, par tous les moyens ! C'est un discours totalement décalé par rapport à la réalité... On ne peut pas vivre sur un territoire dévasté, sans hôpitaux, sans infrastructures. Si l'on veut un bel avenir, même un avenir tout court pour soi et ses enfants, on ne peut pas rester. Que les autres le veuillent ou non.
commentaires (6)
Il y a quelquechose qui ressemble a la guerre d'Algerie dans cette guerre. Autochtones palestiniens contre colons israéliens...Malgré la brutalité de la répression de l'armée française, les moudjahidines algériens finiront par gagner. Les israéliens seraient inspirés à revoir cette histoire pour comprendre qu'on ne peut extirper un peuple ancré dans sa terre meme a coup de bombes atomiques.
nabil samir
17 h 23, le 07 février 2024