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Politique - Décryptage

Financement de l’Unrwa : une solution provisoire est évoquée


Le Liban vit sous le choc de l’arrêt du financement de l’Unrwa, décidé récemment par certains pays, États-Unis en tête, qui accusent une douzaine de membres de cette organisation de travailler pour le compte du Hamas à Gaza. Ils réclament d’ailleurs une enquête à ce sujet et, en attendant ses résultats, ils ont décidé de suspendre leur financement. Il faut préciser à cet égard que l’Unrwa dispose d’un financement général de 45 millions de dollars par mois, qui sont distribués sur plusieurs pays qui accueillent des camps de réfugiés palestiniens.

Pour le Liban, qui se débat dans des crises de plus en plus graves et aiguës, l’arrêt du financement de l’Unrwa est perçu comme une véritable catastrophe, en raison de la nature des services offerts par cette organisation aux réfugiés palestiniens. Selon le président de la commission de dialogue libano-palestinien, Bassel Hassan, l’Unrwa dispose au Liban d’un budget de 200 millions de dollars par an, qui sont utilisés pour payer les salaires de 500 fonctionnaires, pour financer 61 établissements scolaires qui accueillent 37 000 élèves et pour faire fonctionner 155 dispensaires dans les camps, ainsi que certains hôpitaux, comme l’hôpital al-Hamchari à Saïda. Selon le Dr Hassan, sans financement, toutes ces institutions devront fermer leurs portes, et les salariés se retrouveront sans travail. Il précise qu’il n’y a aucune réserve mise de côté. Par conséquent, si fin février les fonds ne parviennent pas à l’Unrwa, tous les services seront suspendus et cela devrait affecter les 240 000 Palestiniens installés au Liban. De plus, cela pourrait provoquer des troubles sociaux car ces réfugiés sont pratiquement privés de tout et ils comptent beaucoup sur l’organisation pour leur survie. Des réunions ont d’ailleurs eu lieu récemment entre des représentants d’organisations palestiniennes et de l’État libanais pour tenter d’éviter d’éventuels débordements et surtout pour prendre des mesures préventives qui empêcheraient les confrontations directes entre l’armée libanaise et les Palestiniens qui voudraient manifester leur colère dans la rue.

Mais, au-delà de ces détails pratiques, l’arrêt du financement de l’Unrwa et, par conséquent la désintégration de cette organisation, fondée dans la foulée des résolutions 181 et 194 du Conseil de sécurité de l’ONU, est une atteinte à l’idée du droit au retour qui est fondamentale pour l’existence même des camps de réfugiés palestiniens. Selon le Dr Hassan, l’Unrwa a été ainsi créée sciemment dans le but d’assurer aux réfugiés palestiniens que ce statut est provisoire et que leur droit au retour dans leurs terres initiales est préservé.

Ce n’est donc pas une organisation humanitaire comme les autres. Son action couvre plusieurs aspects et elle a une connotation politique, voire existentielle, puisqu’elle est devenue synonyme de ce droit au retour, attendu depuis des décennies. Depuis près de deux ans, elle a commencé à être critiquée sous prétexte de favoriser une certaine corruption et d’être pratiquement devenue un instrument entre les mains d’organisations palestiniennes pour augmenter leur influence au sein de la population. Selon certains rapports, 80 % du budget de l’Unrwa serait ainsi dépensé pour des soi-disant opérations de sécurité préventives, alors que des accusations de clientélisme ont été portées contre elle. Mais aucune enquête sérieuse n’a été ouverte à ce sujet et aujourd’hui, dans la foulée du Déluge d’al-Aqsa, les Israéliens se sont empressés d’accuser des fonctionnaires de l’Unrwa à Gaza d’avoir participé à l’opération du 7 octobre 2023. Les États-Unis ont immédiatement pris au sérieux ces accusations et ils ont décidé de suspendre leur financement de l’organisation jusqu’à ce qu’une enquête soit menée. D’autres États ont suivi ce mouvement et le sort de l’Unrwa est ainsi en suspens. Selon des sources onusiennes, la suspension du financement ne crée pas un problème pressant à Gaza puisqu’il y a déjà une structure qui pourrait prendre le relais et qui est aussi rattachée à l’ONU. Il s’agit de l’OCHA, le Bureau de coordination des affaires humanitaires, dont la direction vient d’être confiée à la ministre néerlandaise Sigrid Kaag, qui a été un moment la représentante du secrétaire général des Nations unies au Liban.

Le problème se pose donc essentiellement pour les activités de l’Unrwa en dehors de Gaza, notamment au Liban, où, selon Bassel Hassan, l’État n’est pas en mesure à l’heure actuelle de gérer une telle crise. Selon lui, ce n’est pas tant la crainte de l’implantation qui fait peur, car les Palestiniens refusent d’être intégrés à la société libanaise et continuent à rêver de la Palestine. Mais ce sont plutôt les problèmes sociaux que les conditions de vie dans les camps peuvent engendrer et le fait qu’aucune autre structure n’est prévue pour remplacer l’Unrwa qui sont inquiétants. Le Dr Hassan précise que plusieurs réunions ont été tenues avec des parties palestiniennes et étrangères pour essayer de trouver des solutions, mais jusqu’à présent, aucun progrès n’a été enregistré. Toutefois, une lueur d’espoir se profile à l’horizon, puisqu’il est question dans les prochains jours que certains pays continuent de financer les activités de l’Unrwa en dehors de Gaza et notamment au Liban. Si ces informations se vérifient, ce serait un grand soulagement pour le pays, même s’il s’agit en fait d’un arrangement provisoire. Ce côté temporaire est encore accentué par le fait que l’on parle, dans les coulisses diplomatiques, de grandes solutions pour le conflit israélo-palestinien, à Gaza et dans les territoires occupés, qui reposerait sur un nouveau statut basé sur l’adoption du système de la décentralisation poussée dans les territoires palestiniens, pour justement les séparer et étouffer l’esprit collectif de la résistance.

Le Liban vit sous le choc de l’arrêt du financement de l’Unrwa, décidé récemment par certains pays, États-Unis en tête, qui accusent une douzaine de membres de cette organisation de travailler pour le compte du Hamas à Gaza. Ils réclament d’ailleurs une enquête à ce sujet et, en attendant ses résultats, ils ont décidé de suspendre leur financement. Il faut préciser à cet...

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