Critiques littéraires Poésie

Etel Adnan est un volcan

Etel Adnan est un volcan

© Joe Kesrouani

C’est avec une émotion indicible que l’on tient dans ses paumes ce volume de la petite collection Gallimard, temple de poésie. Une grande partie de la vie poétique en français d’Etel Adnan (1947-1997) y est contenue. Le titre est emprunté à l’un de ses vers : « Je suis un volcan criblé de météores » qui condense en lui la double appartenance du poète, la terre et le ciel, le très-bas et le très-haut, le feu au plus profond et la lumière du cosmos. Elle qui avait pour seule identité définitive celle de l’humanité : son père, syrien ottoman et sa mère grecque de Smyrne  ; et pour langues de création, le français, l’anglais et la peinture.

Comme le Michel Strogoff de notre enfance qui met l’oreille au sol pour écouter le galop des chevaux des steppes, Etel Adnan est à l’écoute du galop du monde, ses fureurs et ses beautés. Son cœur bat au rythme de la Palestine, de Beyrouth, du Vietnam, de Paris, de la Californie.

Des tilleuls, du Mont Tamalpais et du sorcier Yaqi.

Un œil / sur l’arbre / lisant des romans russes dans / des trains / américains / je rencontrai / un Indien / tenant son corps / contre sa jument.

Septembre noir et ses 20 000 morts à Amman. Étoile rouge de résistance au Viêt Nam. « Je t’aime Pablo Néruda », dit-elle en Amérique latine quand tombe le poète avec la chute d’Allende.

Poète des « marches funèbres » de l’histoire, de « l’Apocalypse », de « l’humanité qui va au cimetière », Etel Adnan crie sa colère, écrit une poésie à l’américaine tel un fleuve charrie les débris du monde. Témoin et visionnaire, elle exhorte, dénonce, scrute le passé, les Jébusiens à Jérusalem, et voit l’avenir. « Il y eut trois tremblements / de terre / trois fois détruisant Beyrouth / et un quatrième s’annonce ! »

Etel Adnan qui fait de son corps un destin est une femme planétaire.

Contrairement à ce que dit son premier vers publié en 1947, nous savons désormais qu’elle vivra dans la tombe et dans notre mémoire.

Je suis un volcan criblé de météores d’Etel Adnan, Gallimard, 2023, 361 p.

C’est avec une émotion indicible que l’on tient dans ses paumes ce volume de la petite collection Gallimard, temple de poésie. Une grande partie de la vie poétique en français d’Etel Adnan (1947-1997) y est contenue. Le titre est emprunté à l’un de ses vers : « Je suis un volcan criblé de météores » qui condense en lui la double appartenance du poète, la terre...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut