En 24 heures, entre vendredi et samedi soir, le Hezbollah a revendiqué douze attaques contre Israël, dont une contre un centre d'espionnage présumé près de Naqoura, dans le sud du Liban. Ces attaques s'ajoutent aux quatre autres revendiquées dimanche, qui ont néanmoins été annoncées à un rythme plus proche que celui observé ces dernières semaines.
De plus, le Hezbollah a annoncé vendredi qu'il avait utilisé pour la première fois le système Falaq-1, un nouveau type de missile. Selon la chaîne de télévision al-Manar du Hezbollah, cette arme a été développée par l'Organisation des industries aérospatiales de l'Iran.
Le groupe avait dévoilé jeudi des images recueillies par une caméra installée sur un missile antichar guidé (ATGM). Contrairement à d'autres ATGM que la « Résistance » avait fortement médiatisés, la dernière vidéo montre que ce système est capable d'effectuer une attaque indirecte. En outre, le Hezbollah partage de plus en plus régulièrement des images détaillées de ses attaques contre Israël, montrant comment ses armes atteignent directement leurs cibles.
Autant d'éléments qui s'accumulent depuis plusieurs jours et qui posent donc question : le Hezbollah est-il en train d'intensifier sa guerre ?
Un moyen de dissuasion
Selon Riad Kahwagi, analyste en matière de sécurité et de défense, c'est effectivement le cas. « L'escalade du Hezbollah laisse penser que le parti perçoit une véritable menace israélienne d'une campagne militaire majeure contre le Liban. Les avertissements et les signaux reçus soulignent le sérieux d'Israël concernant le lancement éventuel d'une telle opération. Le Hezbollah a donc procédé à une escalade à des fins de dissuasion, en présentant de nouvelles armes et des capacités de haute technologie pour dissuader l'Etat hébreu », a expliqué M. Kahwagi à L'Orient Today dimanche.
Les responsables américains craignent que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne considère l'élargissement de la lutte au Liban comme la clé de sa survie politique, dans un contexte de critiques internes concernant l'incapacité de son gouvernement à empêcher l'attaque du Hamas du 7 octobre, selon le Washington Post. Les discussions sur une escalade majeure entre Israël et le parti chiite se multiplient, indiquant une menace de guerre imminente.
Une arme à double tranchant
Pour l'analyste, l'escalade du Hezbollah pourrait s'avérer efficace dans l'objectif de dissuader Israël de lancer une opération militaire de grande envergure, « mais cette tactique est une arme à double tranchant et pourrait être très risquée ».
« Elle pourrait finir par convaincre les Israéliens que le Hezbollah est devenu trop fort et qu'ils doivent donc mener une campagne plus large pour réduire ses capacités. Si les Israéliens n'étaient pas sérieux au sujet d'un conflit plus large, ces actions du Hezbollah les en dissuaderaient. Mais s'ils sont préoccupés par les capacités croissantes du Hezbollah et veulent mener une offensive pour réduire ces capacités, alors les attaques répétées du Hezbollah les convaincront davantage, ainsi que leurs alliés, pour passer à l'acte », a expliqué M. Kahwagi.
Des vidéos « populistes » à l'attention de la base
Selon le décompte de L'Orient Today, le Hezbollah a perdu 174 combattants depuis le 8 octobre.
Riad Kahwagi a fait valoir que bien que le Hezbollah ait infligé des pertes à l'armée israélienne, les chiffres « ne dépassent pas quelques dizaines, bien qu'Israël ne publie pas tous les chiffres de ses pertes ».
« Israël peut infliger bien plus de dégâts au Hezbollah que l'inverse, car il dispose d'une puissance de feu plus importante, comme le démontre le nombre de pertes lorsque l'on compare les deux camps », selon l'analyste.
Interrogé enfin sur l'impact des vidéos diffusées par le parti pro-iranien, M. Kahwagi estime que le parti chiite les utilise « pour sa propre base à des fins populistes, et non à l'attention d'Israël ». « Les Israéliens savent dans une certaine mesure de quoi le Hezbollah est capable » et n'ont donc pas besoin de ces documents filmés, a-t-il ajouté.
Dans cette situation, assisterons-nous vraiment à une escalade ?
« Nous devons attendre de voir », a conclu Riad Kahwagi.
commentaires (7)
Après 25000 morts personne n'a bronché. La messe est dite. Puis il faut arrêter de croire les bourdes des "centaines de morts", etc... propagande a deux sous sans lendemains.
Pierre Christo Hadjigeorgiou
12 h 58, le 30 janvier 2024