La justice libanaise a rejeté jeudi soir la plainte déposée quelques heures plus tôt par l'État libanais contre la LBCI, pour protester contre l'émission « Marhaba Dawlé », diffusée sur cette chaîne.
« Marhaba Dawlé » est une sitcom hebdomadaire écrite et réalisée par Mohammad Dayekh. Selon le site internet de la chaîne, l'émission « aborde, à travers les journaux intimes d'un groupe d'agents de sécurité dans un commissariat imaginaire, la relation ambiguë entre le citoyen et l'État, dans une approche sociale et comique ».
« Après avoir examiné la plainte soumise par l'État libanais via le ministère de l'Intérieur, représenté par le chef du Contentieux de l'État (...) il a été décidé de rejeter ladite plainte », peut-on lire dans un communiqué publié par la juge unique civile des référés de Beyrouth, Carla Chawah.
La magistrate Chawah a énuméré de nombreuses raisons pour expliquer sa décision, notamment le fait que « la transgression » dénoncée par l'État n'est pas démontrée. « L'émission traite de questions qui dépeignent la réalité libanaise dans un cadre humoristique » et « ne vise pas à porter atteinte à la réputation de l'État libanais ou aux Forces de sécurité intérieure (FSI) », poursuit-elle entre autres raisons. « La demande d'empêcher complètement la diffusion d'un programme télévisé constitue une atteinte à la liberté d'expression », dénonce-t-elle.
Selon le texte de la décision rendue par la justice, qui revient sur les raisons de la plainte, l'État libanais a estimé que l'émission « Marhaba Dawlé » « viole les limites morales et éthiques » et « offense l'État et ses institutions ».
La plainte a été déposée après que les FSI avaient demandé au ministère de l'Intérieur d'agir, affirmant, selon une déclaration publiée par la police, que la chaîne « insulte les symboles nationaux, en particulier le drapeau libanais et l'hymne national », et dénigrerait les FSI. La police avait également affirmé que ses membres « se sont sentis extrêmement humiliés, ont commencé à avoir honte devant leurs enfants et leurs familles, et ont appelé la direction générale pour demander d'arrêter ce programme ».
En réponse à la plainte, la LBCI a affirmé jeudi que le problème ne réside pas dans l'émission « Marhaba Dawlé », mais dans « une mentalité qui refuse de réformer l'État et les affaires du peuple et s'oppose à l'humour dans les foyers».
Ce n'est pas la première fois que cette émission fait l'objet de critiques. Début janvier, la LCBI a essuyé des réactions négatives sur les réseaux sociaux en publiant la vidéo promotionnelle de « Marhaba Dawlé », dans laquelle un policier s'adresse à une employée de maison qui envisage de se suicider. Des téléspectateurs ont exprimé leur inquiétude quant aux sous-entendus dégradants et racistes, en particulier dans le contexte de la vidéo.
L’état de délabrement dans lequel se trouvent nous institutions n’ont pas besoin de sketchs pour dépeindre la décrépitude dans laquelle se trouvent notre pays grâce à tous ces vendus, allègrement installés et fiers de leur excès de zèle de servir les ennemis de notre démocratie. Les FSI ont démontré leur loyauté à leurs recruteurs attitrés pour les servir en se soumettant à leurs quatre volontés, en humiliant sur ordre, et à chaque fois que l’occasion se présentait, les contribuables qui les paient afin de veiller sur leur sécurité. Comment peuvent ils se regarder dans un miroir? Honte à eux
11 h 43, le 30 janvier 2024