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Nos Lecteurs ont la Parole

La perception, le déni et l’enfer...

La mort fait peur. Heureusement. Cette peur dérive de l’instinct de survie de l’individu, de la communauté et de la race humaine… elle ne s’éteint qu’avec la mort. Des religions considèrent la mort comme une porte d’entrée vers le bonheur éternel. L’enfer reste une option. Au-delà des croyances qui visent à la conjurer, la mort sera fatalement au rendez-vous. Hamlet fait l’éloge de la mort de l’individu et la considère comme un sommeil salutaire. Cependant, personne ne sublime l’extinction d’une société, d’une culture, d’une nation... Pourtant, des tyrans ont brisé leurs propres peuples leur infligeant des blessures qu’aucun envahisseur n’aurait causées. Ne serait-ce qu’au vingtième siècle on peut citer Staline, Hitler, Mussolini ainsi que toutes les dictatures militaires, arabes entre autres.

Le modus operandi de ces tyrans est sensiblement le même.

La perception

Les tyrans s’attaquent d’abord à la perception des gens. La perception est l’acte de percevoir, la réactivité de l’individu face à un stimuli. Selon son caractère, sa vision personnelle, sa culture individuelle…, chaque personne vit le moment de manière différente. La perception est donc un signe de liberté car elle démontre l’unicité de l’individu. Parce qu’elle est un acte, une réaction, la perception est dynamique par définition, imprévisible par nature. La tolérance, les espaces communs entre les individus, font des perceptions plurielles un espace d’échanges à la structure aussi complexe que l’humain, la société et l’humanité.

La manipulation

L’acte de manipuler la perception est à la fois grave et subversif car il ôte à l’individu son individualité exprimée dans l’interstice de la perception unique qui lui appartient. Son caractère imperceptible rend la manœuvre de manipulation sournoise et destructrice. L’individu devient une caisse de résonance de son manipulateur qui lui fait voir le monde comme il le souhaite.

Le déni

Le deuxième pilier dans l’art de la manipulation est le déni, un mot qui puise sa source dans le mot latin « Denegare » qui est formé du préfixe « de » et du verbe « negare ». Le préfixe « de » indique une négation et le verbe « negare » signifie nier. Deux négations en un seul mot. Fait rare qui indique que le déni est un verrou, un obstacle quasi infranchissable. Or, dans l’arsenal de la manipulation de l’individu et de la masse, le déni est une arme aussi redoutable que destructrice.

Le manipulateur qui a instillé dans l’esprit des gens une perception sournoise, les enferme dans un déni hermétique. Toute tentative de remettre en question la nouvelle perception, bute inexorablement sur les murs du déni. Le déni est tel un donjon qui fait sentir aux gens qui y séjournent qu’ils sont à l’abri, en sécurité. Rassurés, les prisonniers expriment une reconnaissance envers leur geôlier et renoncent par la suite à la liberté, la vraie.

Le libre arbitre, le sens critique et l’individualité seront perçus par le prisonnier comme la trahison d’une cause commune, d’un intérêt général.

La haine

Odium, en latin, fait appel à ce qui est odieux, au rejet, au mépris, à l’hostilité...

Le rejet porte en son sein la volonté d’éliminer le sujet de la haine, stigmatisé par la perception défigurée. Dans chaque mépris il y a l’élan hostile d’un triomphe par la violence. C’est exactement ce que le manipulateur cherche. C’est tout ce qu’il cherche. Une fois, il est certain que les personnes qu’il vise sont aveuglées par sa propre perception, tout comme par l’incapacité de la mettre en question, le manipulateur passe invariablement à la phase de l’incitation à la haine. Cette haine lui permet de faire de ses victimes consentantes, tout comme ses adversaires, des projectiles vivants qui s’écrasent les uns contre les autres.

L’enfer

Le mot « enfer » vient du latin « infernum », qui signifie « lieu bas » ou « région inférieure ». Il désigne les lieux de tourments et de châtiments après la mort.

Une fois la perception déformée, le déni et la haine deviennent les outils dont le manipulateur dispose. Ils sont des moyens et non pas le but à atteindre. L’objectif infernal défini par le manipulateur ne peut être qu’une guerre lui procurant le paradis du pouvoir et l’enfer pour tous les autres. Le manipulateur jette ses victimes dans la fournaise, qu’elles lui soient loyales ou hostiles. Il n’en a cure de leur bien-être et encore moins de leurs vies. Il ouvre grand la porte de l’enfer pour y engloutir ses ennemis et ses amis.

Cette destination infernale, planifiée avec tact et froideur, n’est jamais dévoilée. L’individu ne doit guère savoir qu’il se dirige vers la demeure du diable. Une fois il y est, qu’il se rebelle ou pas, il est trop tard et ce qui est fait est fait. Le plus tragique dans cette tourmente est qu’en réalité peu de gens se rebellent, bien au contraire, ils défendent leur adhésion aux choix du manipulateur jusqu’à accepter les souffrances de l’enfer.

La fin, tragique

Perception, déni, haine et enfer forment la recette de la mort, celle des individus certes, mais aussi des sociétés et des nations.

« Je vous promets l’enfer », a dit un jour un politicien libanais. Il a tenu sa promesse.

Des tréfonds de l’enfer où il les a durablement installés, des milliers de gens continuent à le défendre, à le suivre…

Pierre BOU ASSI

Député

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

La mort fait peur. Heureusement. Cette peur dérive de l’instinct de survie de l’individu, de la communauté et de la race humaine… elle ne s’éteint qu’avec la mort. Des religions considèrent la mort comme une porte d’entrée vers le bonheur éternel. L’enfer reste une option. Au-delà des croyances qui visent à la conjurer, la mort sera fatalement au rendez-vous....

commentaires (1)

Excellent article bravo M.Bou Assi Tellement d’actualité qui nous fait comprendre l’état du monde actuel

hakim fouad

09 h 44, le 06 janvier 2024

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Commentaires (1)

  • Excellent article bravo M.Bou Assi Tellement d’actualité qui nous fait comprendre l’état du monde actuel

    hakim fouad

    09 h 44, le 06 janvier 2024

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