Critiques littéraires

La vie silencieuse de Nabil Abou-Dargham

La vie silencieuse de Nabil Abou-Dargham

D.R.

Un jeune poète qui a « soixante ans d’enfance » est né au Liban. Nabil Abou-Dargham est entré par la grande porte de la poésie francophone de ce pays, sans la refermer, espérons-le, derrière lui. La nouvelle est fracassante mais d’une douceur absolue.

Des questions se bousculent en tournant les pages de son recueil. Où était-il caché jusque-là, celui qui a « toujours l’âge triste des mots » ? Pourquoi ne l’a-t-il pas crié haut et fort, sa « douleur d’univers » ? Pourquoi avoir attendu tant de temps pour partager ce qui l’habite au-delà du cercle de ces nombreuses personnes à qui sont dédiées ses poésies ? Peut-être parce que la poésie « est un vieil ami qui lui parle en silence ». Peut-être parce que l’on peut compter sur les doigts de nos deux mains « les mots qui habitent la poésie ». En tout cas, le poète livre lui-même son secret : « J’écris toujours et je cache mes poèmes / sous les feuilles mortes et les livres du silence. »

Comme pour ses aînés, Georges Schehadé et Marwan Hoss, Nabil Abou-Dargham n’a que quelques mots pour vivre. Pas un poème qui ne dise la nostalgie de l’été et de l’enfance. Pas un poème qui n’ouvre une fenêtre sur le ciel et le jardin. Pas un mot qui ne soit lourd d’amour et léger de montagne.

« Le chemin du soir finit par un arbre bleuté. »

« J’ai rencontré tes yeux dans l’église de l’été. »

« Pourquoi ne pas mourir / quand ton visage me manque / comme un baiser d’enfant ? / On a volé la lune / on a détruit le vent / Mon pays meurt comme un jeune homme. »

Toutefois, le pays de la poésie renaît avec ce jeune homme.

Avant de fermer les portes de Nabil Abou-Dargham, Arab Scientific Publishers, 2023, 126 p.

Un jeune poète qui a « soixante ans d’enfance » est né au Liban. Nabil Abou-Dargham est entré par la grande porte de la poésie francophone de ce pays, sans la refermer, espérons-le, derrière lui. La nouvelle est fracassante mais d’une douceur absolue.Des questions se bousculent en tournant les pages de son recueil. Où était-il caché jusque-là, celui qui a « toujours...
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