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Lifestyle - La Mode

Pour sa cinquième édition, le prix Fashion Trust Arabia couronne 3 Libanais sur six finalistes

Impossible à Fashion Trust Arabia d’organiser sa cinquième cérémonie de remise des prix en grande pompe, à Doha, comme chaque année depuis la création de ce fonds de soutien à la jeune scène arabe de la création de mode. La guerre à Gaza endeuille la région et le cœur n’est pas à la fête. Les délibérations ont quand même eu lieu en ligne et trois des grands gagnants sont libanais.

Pour sa cinquième édition, le prix Fashion Trust Arabia couronne 3 Libanais sur six finalistes

Les trois lauréats libanais qui se dégagent, soit 50 % des gagnants. Photo DR

Un jury prestigieux d’une trentaine de membres, dont Olivier Rousteing, le « wonder boy » de la mode et directeur artistique de Balmain, le couturier libanais Zuhair Murad et Beka Gvishiani, le fondateur de la très influente page Instagram @stylenotcom. Vingt-six finalistes, tous issus de la région Moyen-Orient Afrique du Nord (MENA), répartis en six catégories, dont les collections étaient présentées le 12 et le 13 décembre. Coprésidentes de cette initiative nécessaire dont l’objectif est de donner aux créateurs du monde arabe un accès à la scène internationale de la mode, la princesse cheikha al-Mayassa bint Hamad al-Thani du Qatar et Tania Farès.

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Les six catégories du concours sont : les tenues de soirée, le prêt-à-porter, la joaillerie, les accessoires auxquels s’ajoutent le prix du pays invité, cette année le Nigeria, et le prix Franca Sozzani du talent débutant. Pour rappel, journaliste de mode, Franca Sozzani a été la rédactrice en chef de Vogue Italia jusqu’à sa mort en 2016. Le départ de cette icône de l’élégance et de l’art de vivre a profondément marqué le milieu de la mode et son empreinte est restée indélébile, notamment du fait qu’elle a été une des premières de sa génération à ouvrir le magazine à la diversité et aux sujets sociaux.

Les gagnants dans la catégorie tenue de soirée sont Amir el-Kasm et Cynthia Merhej, à la tête de sa marque Renaissance-Renaissance. Dans la catégorie prêt-à-porter, Ahmad Amer. Dans la catégorie joaillerie, Katarina Tarazi. Dans la catégorie accessoires, Omar Taha & Lily Max, à la tête de leur marque Abetterfeeling. Le prix Franca Sozzani du talent débutant a été attribué à Adam Elyasse et celui du pays invité à Adeju Thompson.

Trois Libanais se dégagent donc de ce groupe de six, soit 50 % des gagnants ! Ce qui indique que nos jeunes talents réussissent encore à tirer leur épingle du jeu et se démarquer malgré les destructions et souvent les blessures subies lors de la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020, malgré la crise économique et financière, l’échec politique et l’absence totale de soutien officiel.

Cynthia Merhej, troisième génération d’une lignée de couturières, lauréate du prix Tenue de soirée

Perpétuant une tradition entretenue par la descendance féminine de sa famille, depuis son arrière-grand-mère, la créatrice Cynthia Merhej incarne une troisième génération de couturières inspirées. Ayant grandi dans l’atelier beyrouthin de sa mère, elle a passé son enfance à observer les coulisses de la confection et en est tombée amoureuse. Après avoir étudié la communication visuelle à Central Saint Martins de Londres et au Royal College of Art, elle est retournée à Beyrouth et à ses racines, fondant sa marque de vêtements pour femme Renaissance Renaissance, propulsant l’héritage familial dans le XXIe siècle.

Création de Cynthia Merhej. Photo @renaissancerenaissance

« Tant par son nom que par son esprit, Renaissance Renaissance joue avec jubilation sur les dualités, honorant les différences et les similitudes entre les époques, les générations et les cultures. Chaque vêtement de la marque est une conversation entre le passé et le présent, entre la mère et la fille, la première apportant plus de 30 ans d’expérience de la couture à la marque et la seconde une perspective irrévérencieuse et contemporaine à l’artisanat séculaire », écrit Cythia Merhej. Depuis la fondation de Renaissance Renaissance en 2016, Cynthia Merhej a été nominée pour le prix LVMH et le prix Fashion Trust Arabia, et a été bénéficiaire du fonds Maison mode Méditerranée.

Katarina Tarazi et les fétiches de l’enfance, lauréate du prix Joaillerie

Créatrice de bijoux, la Libanaise Katarina Tarazi est issue d’une famille d’artisans et d’antiquaires ancrée dans ces métiers depuis près de deux siècles. Ayant passé ses années de formation à Londres puis à Beyrouth, la bijoutière a été immergée dans les trois cultures française, britannique et moyen-orientale. Tout au long de sa vie d’adulte, son intérêt n’a fait que croître pour le rôle culturel et historique des artefacts et leurs couches d’interprétations sociales et individuelles. Parallèlement, elle n’a jamais oublié le fétichisme de son enfance, qui consistait à collectionner des jouets miniature victoriens et des bibelots qui bougeaient, s’ouvraient ou tournaient.

Marguerite, un bijou à effeuiller, créé par Katarina Tarazi. Photo @katarinatarazi

Ces éléments ont jeté les bases de sa fascination pour l’idée de créer des objets contenant des messages sentimentaux secrets et interagissant mécaniquement avec leur détenteur. Après avoir suivi divers cours techniques qui l’ont aidée à acquérir une compréhension approfondie du monde magnifique et complexe de la fabrication, Katarina est retournée à Beyrouth à la recherche d’ateliers à la fois compétents sur le plan technique et passionnés par les subtilités de l’artisanat. Ces experts, doués de patience et de dévouement, l’ont rejointe dans un parcours qui a commencé en 2019. En 2021, Katarina lançait sa marque éponyme, proposant des bijoux tactiles qui font appel à nos superstitions les plus familières et à notre désir inné de jouer. Elle est titulaire d’une licence en psychologie et d’une mineure en anthropologie (Université américaine de Beyrouth), d’un MA Museum and Gallery Practice (University College London), d’un certificat GIA (NYC) et d’un certificat de formation en bijouterie d’établi (Studio Jewelers, NYC).

Ahmad Amer, hérault de Gaza et lauréat du prix Prêt-à-porter

« Nous poursuivons notre mission de mise en valeur du riche patrimoine et de l’héritage de la culture et de la mode palestiniennes, avec cette collection d’œuvres d’art du finaliste du prix FTA 2023 dans la catégorie prêt-à-porter Ahmad Amer. « Nous te portons, patrie, éternellement dans nos cœurs. Nous te parons d’un vêtement brodé, inébranlable comme le cyprès, avec fierté et honneur », déclare le créateur. Venu de l’architecture d’intérieur, Ahmad Amer a commencé sa carrière en tant qu’illustrateur avant de céder à sa passion pour la mode. Il reçoit sa formation à Creative Space Beirut, une école de mode gratuite fondée à Beyrouth par Sarah Hermez avec l’aide de Caroline Simonelli. Depuis ses débuts, en 2017, il se sert du vêtement et de l’illustration pour créer des collections-manifestes qui dénoncent tantôt la maltraitance infligée à la terre, tantôt la corruption et la mal-gouvernance qui ont conduit à l’effondrement du Liban.

Pastèque et anémone, hommage à la Palestine, par Ahmad Amer. Photo @ahmedamerofficial

Volumes ludiques et ajustables, illustrations en blocs, palette saturée, textures naturelles, les tissus utilisés par Amer se distinguent par leur confort et sont toujours issus de stocks. Comme la plupart des créateurs de sa génération, Ahmad Amer veille à ne pas cloisonner ses collections dans le binôme masculin/féminin. Chez lui, tout va spontanément à tout le monde et chacun trouve son bonheur comme il l’entend. La guerre à Gaza a ouvert en lui une plaie profonde, le ramenant à sa première passion, l’illustration, mais exprimée en broderies, comme le dicte sa seconde nature de couturier.

« L’un des groupes de créateurs les plus exceptionnels que j’aie jamais vus »

« J’ai été récemment membre de nombreux jurys de concours liés à la mode et j’ai eu l’opportunité de rencontrer de nombreux jeunes talents. Je voudrais juste dire que cette édition de FTA réunissait l’un des groupes de créateurs les plus exceptionnels que j’aie jamais vus », a commenté Beka Gvishiani sur @stylenotcom, son compte aux près de 300 000 followers.

« Le fonds de dotation MMM crée des passerelles et des liens culturels de part et d’autre de la Méditerranée. Une année qui éclaire sur la scène internationale les créateurs Ahmad Amer et Cynthia Merhej (bourse 2021/2023) récompensés aussi par la prestigieuse Fashion Trust Arabia », commente pour sa part Maryline Bellieud Vigouroux, la présidente et fondatrice de Maison mode Méditerranée qui prend en formation, sur concours, de jeunes talents du pourtour méditerranéen et dont Ahmad Amer et Cynthia Merhej ont été les pupilles.

Un jury prestigieux d’une trentaine de membres, dont Olivier Rousteing, le « wonder boy » de la mode et directeur artistique de Balmain, le couturier libanais Zuhair Murad et Beka Gvishiani, le fondateur de la très influente page Instagram @stylenotcom. Vingt-six finalistes, tous issus de la région Moyen-Orient Afrique du Nord (MENA), répartis en six catégories, dont les...
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