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Lifestyle - La Mode

Nuit magique à Doha en l’honneur des jeunes talents couronnés par FTA

À 25 jours de la Coupe du monde Qatar 2022, le moment était venu de célébrer les lauréats du prix Fashion Trust Arabia dont la dernière sélection a été annoncée en juillet. Cette initiative en direction des jeunes créateurs de mode de tout le monde arabe contribuait à positionner Doha parmi les grandes capitales de la mode.

Nuit magique à Doha en l’honneur des jeunes talents couronnés par FTA

Photo de famille. Au premier rang, de gauche à droite : Imran Amed, Artsi Ifrach, cheikha al- Mayassa bint Hamad al-Thani, Akbar al-Baker, directeur général de Qatar Airways, Tania Farès, Lorraine Schwartz, Giancarlo Giammetti, Huda Kattan, Jodie Tuner-Smith, Eilaf Osman, Fatma Mostafa au Musée national du Qatar. Photo David M. Benett/Dave Benett/Getty image pour Fashion Trust Arabia

Dans l’intimité de la cour du Musée national du Qatar, somptueuse architecture en forme de rose des sables conçue par Jean Nouvel, des célébrités du monde de la mode prenaient le temps de se rencontrer et de se féliciter dans une tempête de glamour, d’élégance et de style. Et bien que la scène ressemblât à un film hollywoodien en noir et blanc des années 1940, elle était bien réelle et Doha brillait de toutes ses lumières multicolores. Sans générosité, le glamour n’est que poussières d’étoiles. Et si toutes ces célébrités étaient réunies ce soir-là, c’était pour apporter leur soutien et exprimer leur solidarité à la nouvelle génération de créateurs de mode arabes, sous l’égide de la fondation Fashion Trust Arabia, dont la présidente d’honneur est cheikha Moza bint Nasser et dont les coprésidentes sont cheikha al-Mayassa bint Hamad al-Thani et Tania Farès. Rappelons que le prix FTA est doté d’une importante enveloppe financière et d’un programme de mentorat dont l’objectif est de positionner les lauréats sur le marché international. « Notre mission, aujourd’hui plus que jamais, est de mettre en lumière tous les créatifs de l’Afrique du Nord au Levant et au CCG. L’industrie de la mode arabe a tant à offrir, et nous sommes là pour la soutenir pleinement. L’objectif de la FTA est de créer une communauté en rassemblant les gens pour qu’ils collaborent et partagent leurs idées. C’est la raison d’être de la FTA, car qu’est-ce que la vie sans communauté et sans soutien ? » a déclaré Tania Farès dans son allocution inaugurale.

Le lauréat du prix du Pays invité, Burç Akyol, expliquant sa collection au directeur artistique de la maison Valentino, Pierpaolo Piccioli. Photo FTA

Jodie Turner Smith, Nemr Bou Nassar et... FKA Twigs

Après une année de travail acharné et la sélection de 24 candidats dans six catégories parmi plus d’un millier de candidats, le grand soir est enfin arrivé. La vue de l’immense file des invités descendant le tapis rouge en direction de l’esplanade du Musée national du Qatar, où se déroulaient le dîner et la cérémonie en plein air, laisse deviner la grandeur du moment. Au rythme de la musique nomade de l’orchestre des Libanais Shehadeh Brothers interprétant des classiques arabes, tout ce que le monde de la mode et du luxe compte de célébrités gagnait le lieu de la cérémonie en dansant. « Le football et la mode sont très similaires. Phénomènes mondiaux, ils rassemblent les gens et transcendent les frontières », ont annoncé d’emblée les animateurs de la soirée, l’actrice américaine Jodie Turner Smith et le comédien libanais Nemr Bou Nassar. L’événement a naturellement débuté au rythme d’Arhbo, l’hymne officiel de la Coupe du monde, interprété par Nasser al-Kubaisi et Haneen Hussain. Cet interlude allait être suivi d’une surprise de taille : la maison Miu-Miu, sponsor de l’événement, avait invité FKA Twigs à donner un miniconcert avant l’annonce des lauréats. Sa présence intense et la puissance caressante et apaisante de sa voix ont absorbé l’anxiété du moment.

Le lauréat du Prêt-à-porter Artsi Ifrach expliquant sa collection à la rédactrice de « Vogue US » Gabriella Karefa Johnson. Photo FTA

Tania Farès : « Plus d’un millier de candidatures »

Tania Farès, habillée d’une somptueuse robe longue bleu nuit pailletée signée Youssef Akbar, lauréat de la FTA 2020 dans la catégorie Tenue de soirée, a ensuite pris la parole pour accueillir les invités, annoncer la liste des finalistes, leur souhaiter bonne chance, et leur rappeler la mission de FTA. Farès a notamment remercié la présidente honoraire de FTA, cheikha Moza bint Nasser, « tout le monde sait maintenant que je suis votre plus grande fan. Je suis tellement inspirée par tout ce que vous faites pour l’éducation et pour les femmes dans la région. Chaque styliste que je rencontre rêve d’habiller l’icône de style que vous êtes. Merci de m’avoir accordé votre confiance. » « À ma coprésidente, cheikha al-Mayassa bint Hamad al-Thani. Nous formons une bonne équipe ! » a-t-elle ensuite lancé, précisant que « FTA a parcouru un long chemin, sachant qu’en 2019, nous avons commencé avec 200 candidatures et que cette année, nous en avons reçu plus d’un millier ! »

Le créateur libanais Salim Azzam, lauréat FTA 2019, partageant son témoignage. Photo tirée de sa page instagram @salimazzam

Ifrah pour la catégorie « Tenue de soirée », les sœurs Albinali pour la catégorie « Prêt-à-porter »

Vint ensuite la première annonce, celle des lauréats dans la catégorie Tenue de soirée, et c’est cheikha Moza qui a été appelée pour remettre ce prix, dont le lauréat est Artsi Ifrach, établi à Marrakech avec son label Maison ARTC. Un grand moment d’émotion pour ce créateur, qui assemble des éléments textiles du monde entier pour créer des vêtements imprégnés d’universalité, de fraternité et d’inclusion. Avant l’annonce du gagnant de la catégorie Prêt-à-porter, c’est le designer libanais Salim Azzam, colauréat du FTA 2019, qui a apporté son témoignage comme le veut la tradition. Son histoire est de celles qui justifient brillamment la nécessité d’une initiative comme FTA. « Lorsque nous avons postulé pour ce prix, nous avions le rêve de préserver et de partager le savoir-faire de la communauté d’artisans du Mont-Liban. Nous étions cinq artisans dans une pièce, avec une seule machine à coudre, et quatre cents femmes voulaient faire partie de notre aventure. J’avais le cœur lourd... Je voulais emmener autant de femmes que possible dans ce parcours. Cette pièce me semblait trop petite pour le rêve que nous avions », a-t-il déclaré. « Puis nous avons remporté le prix FTA et cela m’a rappelé que notre rêve valait la peine d’être poursuivi. Notre unique machine à coudre s’est multipliée en sept machines, et notre pièce est devenue un magnifique atelier, rassemblant aujourd’hui soixante artisanes. »

Les sœurs saoudiennes Siham et Sarah Albinali, lauréates de la Tenue de soirée, présentant une robe en plastique recyclé. Photo FTA

C’est le mannequin Bella Hadid, somptueusement moulée dans un fourreau vintage d’Azzedine Alaïa, qui a remis le trophée aux gagnantes de la catégorie Prêt-à-porter : les sœurs saoudiennes Siham et Sarah Albinali, fondatrices de la marque Lurline qui redéfinit la mode de luxe contemporaine en embrassant un gothique doux et une esthétique teintée d’un humour noir aussi surprenant que réjouissant.

Fatma Mostafa, lauréate de la catégorie Bijoux. Photo FTA

Mostafa pour les bijoux, Osman pour les accessoires

Caroline Scheufele, directrice artistique de la maison Chopard, et le mannequin britannique Jourdan Dunn qui ont remis le prix de la catégorie joaillerie. La gagnante, l’Égyptienne Fatma Mostafa, a fasciné les juges avec une collection de broderies nubiennes miniatures insérées dans des boîtiers en or. Gagnante de la catégorie Accessoires, la Soudanaise Eilaf Osman a reçu son prix des mains des mannequins Precious Lee et Poppy Delevingne. Sa marque, Eilaf, est une marque de sacs à main de luxe contemporains qui combine un artisanat de haute qualité et des motifs artisanaux soudanais. La marque est née du désir de la créatrice de renouer avec ses souvenirs d’enfance et les étés passés au Soudan avec sa grand-mère et ses cousins, à boire du thé dans le jardin et écouter des récits traditionnels.

Kazna Asker, lauréate de la catégorie Talent débutant. Photo FTA

Asner pour le Talent débutant, Akyol pour le Pays invité

Lauréat 2020 de la catégorie Vêtements de soirée, le Saoudien Yousef Akbar a présenté son témoignage à son tour, retenant ses larmes avec peine en se remémorant les sacrifices endurés, confiant avec humour et gratitude : « FTA a vraiment changé ma vie. Car sans ce prix, je ne serais pas là aujourd’hui. Je serais probablement malheureux dans un bureau quelque part à poster des mèmes sur combien je déteste les lundis. » L’une des récompenses les plus chères à la FTA est le prix du Talent débutant, associé à la mémoire de Franca Sozzani, la célèbre rédactrice en chef de Vogue Italia, trop tôt disparue. Présenté par l’actrice égyptienne Yousra et la chanteuse américaine d’origine syro-canadienne Paula Abdul, il a été attribué à la jeune créatrice yéménite Kazna Asker, qui a livré à travers sa collection une histoire de la mémoire et des défis de l’émigration. Sa joie fraîche et communicative a conquis l’ensemble du public. L’une des traditions du prix FTA consiste à honorer un créateur d’un pays mis à l’honneur, qui ne fait pas nécessairement partie du monde arabe. Cette année, la FTA a célébré la créativité turque, en partenariat avec l’association des exportateurs de vêtements d’Istanbul. Le lauréat du prix du pays invité était Burç Akyol, qui a reçu son trophée des mains du top model tchèque Karolina Kurkova et de l’actrice turque Neslihan Atagul, lauréate d’un Emmy Award.

Eilaf Osman, lauréate de la catégorie Accessoires. Photo FTA

L’entrepreneur de l’année… et Valentino

La FTA décerne aussi, depuis quatre ans, un prix à l’Entrepreneur de l’année. C’est une façon de montrer aux jeunes talents qu’une grande réussite est possible et que l’on peut aller plus loin que ses propres rêves. Ce titre a été décroché par Huda Kattan, la fondatrice des cosmétiques Huda Beauty, dont l’immense succès n’a d’égal que sa générosité philanthropique. Le fondateur et directeur général de The Business of Fashion, Imran Amed, et la chanteuse Janet Jackson lui ont remis le prix. « La lauréate de ce soir a bâti son entreprise de beauté mondiale à partir de rien, inspirant les femmes du monde entier », a déclaré Amed. L’annonce a été suivie d’un témoignage de Hassan Pierre, PDG et cofondateur de Maison de Mode, la première plateforme de mode éthique au monde, qui a offert son mentorat aux lauréats de cette année. La soirée a atteint son apogée avec l’annonce du prix dédié à l’Ensemble d’une carrière. Sans doute le dernier témoin d’une génération de géants, c’est Valentino Garavani qui s’est vu décerner le prix. Absent de la cérémonie, Valentino était représenté par son partenaire de toujours, Giancarlo Giammetti, à qui le trophée a été remis par la sublime Marisa Berenson dont Yves Saint Laurent disait qu’elle était « le visage des années 1970 ».

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Après une première édition, en 2019, où les créateurs libanais avaient raflé la quasi-totalité des prix, le palmarès FTA 2022 n’en a compté aucun, malgré la présence de deux finalistes, Rym Beydoun dans la catégorie Prêt-à-porter, et Alexandra Hakim dans la catégorie Bijoux. Avoir franchi les barrières d’une sélection plus compétitive que jamais est déjà un exploit en soi, et la créativité libanaise a encore de beaux jours devant elle, tant sont nombreux, dans ses rangs, les ferments d’avenir.

Dans l’intimité de la cour du Musée national du Qatar, somptueuse architecture en forme de rose des sables conçue par Jean Nouvel, des célébrités du monde de la mode prenaient le temps de se rencontrer et de se féliciter dans une tempête de glamour, d’élégance et de style. Et bien que la scène ressemblât à un film hollywoodien en noir et blanc des années 1940, elle était bien...

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