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Après le désaveu, l'exécutif français cherche une voie de passage sur l'immigration


La Première ministre Elisabeth Borne lors d'une séance de questions au gouvernement à L'Assemblée nationale à Paris le 12 décembre 2023. Photo Bertrand GUAY / AFP

Malgré la gifle reçue à l'Assemblée nationale, qui a rejeté lundi le projet de loi immigration, le président Macron, accusant les oppositions de vouloir « bloquer le pays », continue de vouloir avancer sur ce texte très symbolique dans le cadre d'une montée de l'extrême droite en France.

Au lendemain du coup de tonnerre provoqué par le rejet du projet de loi par les députés avant même le début de son examen, Emmanuel Macron, éclaboussé par cette lourde défaite politique, a fustigé en Conseil des ministres le « cynisme » et « le jeu du pire » des oppositions.

« Vous avez fait le choix délibéré de la compromission avec l'extrême droite », a de son côté attaqué la Première ministre Elisabeth Borne mardi à l'Assemblée nationale, en visant la gauche. « C'est irresponsable, c'est dangereux », a-t-elle martelé dans une ambiance électrique.

L'exécutif a annoncé vouloir convoquer « au plus vite » une Commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, pour chercher « un compromis entre la majorité et les oppositions ».

La majorité présidentielle tient à laisser son empreinte sur ce sujet brûlant qui enflamme régulièrement la classe politique française, marquée par une montée en puissance de l'extrême droite avec le Rassemblement national (RN).

La France compte 5,1 millions d'étrangers en situation régulière, soit 7,6% de la population. Elle accueille plus d'un demi-million de réfugiés. Les autorités estiment qu'il y aurait de 600.000 à 700.000 clandestins.

Après des allers-retours entre les deux chambres du Parlement, le volet répressif du projet de loi qui reposait initialement sur « deux jambes » - contrôler l'immigration et améliorer l'intégration - a largement pris le dessus, de l'avis de nombreux observateurs, en facilitant notamment l'expulsion d'étrangers jugés dangereux, une demande forte à droite mais aussi dans l'opinion.

Selon un récent sondage, deux tiers des Français pensent que l'immigration extra-européenne peut être un danger pour la France.

Appel à dissolution 

Après avoir reconnu son « échec » lundi et présenté sa démission, refusée par le président, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, poids lourd du gouvernement, a voulu montrer qu'il restait à la manoeuvre lors d'un déplacement mardi à l'aube dans un commissariat de la région parisienne.

« Quel que soit le chemin que nous emprunterons, je veux très rapidement pour les policiers, pour les magistrats, pour les préfets, des mesures de fermeté » contre « l'immigration irrégulière » et la « délinquance des étrangers », a-t-il déclaré, en souhaitant qu'elles soient « adoptées d'ici à la fin de l'année ».

« Je regrette que nous perdions du temps pour protéger les Français », a-t-il insisté en appelant la droite à une « pause dans la politique politicienne ».

M. Darmanin n'a pas évoqué l'autre partie de son projet de loi, la régularisation de certains travailleurs dans les métiers en tension, qui cristallise l'opposition de la droite et du RN, mais dont la suppression provoquerait une crise au sein de la majorité.

Ces régularisations sont souhaitées par une partie du patronat, alors que des centaines de milliers de postes sont vacants dans des secteurs tels que l'hôtellerie-restauration, le bâtiment ou encore l'agriculture, faute de main d'oeuvre.

Face « à cette crise politique majeure », le Rassemblement national a appelé à une dissolution de l'Assemblée nationale. « Il faut revenir au peuple », a déclaré son président Jordan Bardella sur BFMTV. Une perspective avec laquelle le porte-parole du gouvernement Olivier Véran s'est dit « pas en accord ».

La veille, dans un moment parlementaire sous haute tension, les votes cumulés des députés de gauche, des Républicains (LR, droite) et du RN, avaient conduit au rejet du projet de loi, avant même le début de son examen dans l'hémicycle.

A gauche, les députés écologistes à l'origine de la motion de rejet ont appelé le gouvernement à tirer les conclusions de sa défaite en renonçant « définitivement » à son texte.



Malgré la gifle reçue à l'Assemblée nationale, qui a rejeté lundi le projet de loi immigration, le président Macron, accusant les oppositions de vouloir « bloquer le pays », continue de vouloir avancer sur ce texte très symbolique dans le cadre d'une montée de l'extrême droite en France.Au lendemain du coup de tonnerre provoqué par le rejet du projet de loi par...