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Moyen-Orient - FOCUS

À Gaza, la guerre des chiffres

La question des pertes humaines dans les deux camps alimente une bataille des chiffres dans laquelle la crédibilité des données et la proportionnalité des frappes sont pointées du doigt.

À Gaza, la guerre des chiffres

Des soldats israéliens au cours d’une opération militaire dans le district de Zeitoun, dans la partie sud de la bande de Gaza, le 20 novembre 2023. Photo armée israélienne/AFP

Depuis le 7 octobre, une guerre des chiffres est venue se superposer à celle des bombes. Si bien qu’il est difficile de connaître avec exactitude l’ampleur des dégâts humains d’un côté comme de l’autre. Si des débats animent régulièrement la sphère médiatique concernant le nombre de victimes dans la bande de Gaza, le gouvernement israélien s’employant à discréditer le bilan transmis par le ministère local de la Santé dirigé par le Hamas, il est également difficile de chiffrer exactement les pertes et blessés au sein de l’armée israélienne.

1645 soldats israéliens blessés

Pour la première fois depuis le 7 octobre, l’armée israélienne a communiqué sur les dommages au sein de ses rangs : depuis le début de la guerre, 1645 soldats ont été blessés, et parmi eux 261 l’ont été grièvement, 456 modérément et 928 légèrement, selon le décompte. Par ailleurs, 582 d’entre eux ont été blessés dans l’opération terrestre lancée dans la bande de Gaza fin octobre, toujours selon l’armée. Ces chiffres sont toutefois à mettre en perspective avec les données récoltées auprès des hôpitaux israéliens où sont traités les militaires blessés. Après avoir enquêté auprès de ces établissements, le journal israélien de gauche Haaretz révèle que le nombre de soldats blessés serait en fait deux fois plus élevé que les chiffres de l’armée. En guise d’exemple, le centre médical Barzilai d’Ashkelon déclare à lui seul avoir traité 1 949 soldats blessés depuis le début de la guerre. Un chiffre bien au-delà du bilan général dressé par l’armée, mais qui comporte des biais, certains soldats pouvant se trouver en centre médical pour des soins sans relation avec la guerre. L’écart numérique semble toutefois corroboré par les statistiques publiées par le ministère israélien de la Santé, qui affiche des données générales sur les victimes, qu’elles soient civiles ou militaires. Celles-ci font état de 10 548 soldats et civils blessés pendant la guerre qui ont été admis entre le 7 octobre et le 10 décembre. « Le chiffre de 1 593 soldats blessés avancé par l’armée (le bilan du lundi 11 décembre, NDLR) ne représente que 15 % du nombre total d’admissions, ce qui semble anormalement bas, car on s’attendrait à ce qu’une grande partie des victimes de la guerre soient des soldats », souligne le Haaretz.


À compter du lundi 11 décembre, l’armée israélienne s’est engagée à publier son bilan quotidiennement à 13 heures. Son porte-parole a par ailleurs adressé une lettre aux hôpitaux, leur enjoignant de ne pas communiquer sur les soldats dont les blessures n’ont pas été signalées lors de l’annonce officielle de l’armée.

Les Israéliens tués

Le bilan des militaires israéliens morts au combat depuis le début de la guerre s’élève à 433, dont 104 ayant été tués depuis l’invasion de l’enclave palestinienne, selon les déclarations de l’armée israélienne datant du dimanche 10 décembre. Un décompte qui ne renseigne pas de données actualisées concernant le nombre de soldats morts lors des attaques du Hamas du 7 octobre. Selon un recensement publié début novembre par l’armée israélienne, 286 de ses soldats (dont 54 avec le statut de réserviste) sont morts entre le 7 et le 8 octobre. 

Les victimes palestiniennes

Selon le dernier décompte du ministère de la Santé de la bande de Gaza, datant de lundi soir, 18 412 Palestiniens ont été tués et 50 100 blessés depuis le début de la guerre. Un taux de mortalité plus élevé que lors des guerres menées par les États-Unis en Irak, en Afghanistan et en Syrie, selon une enquête du New York Times. Aux commandes dans l’enclave palestinienne, le Hamas ne fait pas cependant la différence entre civils et combattants dans ses annonces.

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Selon les forces armées israéliennes, environ 30 000 combattants du Hamas se trouvaient dans la bande de Gaza avant la guerre. Le conseiller à la sécurité nationale de l’État hébreu a affirmé dimanche qu’Israël avait tué jusqu’à présent 7 000 d’entre eux, qualifiant ce nombre d’« estimation minimale ». Israël avait déclaré mercredi avoir tué environ la moitié des commandants de niveau intermédiaire du Hamas à Gaza.


Le chef d’état-major des forces armées israéliennes insiste régulièrement sur la précision des munitions de l’armée et sa capacité à réduire les dommages collatéraux sur les civils palestiniens. L’armée se targue d’utiliser un système d’intelligence artificielle permettant de déterminer une centaine de cibles par jour ayant trait au Hamas, quel que soit le rang des membres du mouvement islamiste. Une technique loin d’épargner les civils alentour.

Principe de proportionnalité

Exigée par le droit international, cette condition impose d’éviter de blesser délibérément des populations civiles afin que les pertes en vies humaines qualifiées de « dommages collatéraux » ne soient pas excessives par rapport à l’avantage militaire concret et direct attendu. Pour estimer la part des victimes civiles côté palestinien, le Haaretz s’est appuyé dans un article paru le 9 décembre sur les données fournies par le ministère de la Santé de Gaza pour la période du 7 au 26 octobre, pendant laquelle 6 747 personnes ont été tuées. Sur la base de trois groupes pouvant être vraisemblablement identifiés comme « non combattants » : les mineurs de 17 ans et moins, les hommes de 60 ans et plus et les femmes, l’enquête révèle qu’au moins 4 594 personnes des deux sexes ont été tuées, soit 68 % du total des victimes sur cette période.


Une incertitude subsiste toutefois concernant la part, quoique minoritaire, des pertes causées au sein de la population gazaouie par des roquettes « errantes » lancées par le Hamas lui-même, et non par des frappes israéliennes. Un cas qui se serait produit selon les autorités israéliennes lors de la frappe sur l’hôpital al-Ahli Arab dans le centre-ville de Gaza le 17 octobre. Cité par le Haaretz, le professeur Kobi Michael, de l’Institut d’études de sécurité nationale en Israël, estime ces cas à environ 10 % du total des roquettes tirées. En prenant en compte cette donnée, la proportion des civils tués dans des frappes israéliennes diminue à 61 % du total. Un chiffre qui reste, selon le Haaretz, bien plus élevé que la proportion située entre 33 à 42 % pour les offensives passées menées par l’État hébreu.

Depuis le 7 octobre, une guerre des chiffres est venue se superposer à celle des bombes. Si bien qu’il est difficile de connaître avec exactitude l’ampleur des dégâts humains d’un côté comme de l’autre. Si des débats animent régulièrement la sphère médiatique concernant le nombre de victimes dans la bande de Gaza, le gouvernement israélien s’employant à discréditer le...
commentaires (1)

Assez de parler du nombre de morts et de blessés, parlez plutôt de cessez le feu et de paix avec la reconnaissance d’un état palestinien par tous les pays américains, les États Unis et le Candida. Il faudrait un gouvernement palestinien sans institution militaire et protegé par une armada de pays amis avec leurs soldats armés uniquement de fusils défensifs pour refouler toutes excursions sionistes extrémistes.

Mohamed Melhem

16 h 52, le 13 décembre 2023

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Commentaires (1)

  • Assez de parler du nombre de morts et de blessés, parlez plutôt de cessez le feu et de paix avec la reconnaissance d’un état palestinien par tous les pays américains, les États Unis et le Candida. Il faudrait un gouvernement palestinien sans institution militaire et protegé par une armada de pays amis avec leurs soldats armés uniquement de fusils défensifs pour refouler toutes excursions sionistes extrémistes.

    Mohamed Melhem

    16 h 52, le 13 décembre 2023

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