Pour Geagea, la création des « Jeunes du Déluge d'al-Aqsa » du Hamas a été validée par le Hezbollah

« Inacceptable autant sur la forme que sur le fond. » Voilà la réaction du chef des Forces Libanaises (FL) Samir Geagea mercredi, deux jours après l'annonce par le Hamas de la création d’une unité baptisée « Les jeunes du Déluge d'al-Aqsa », dans un communiqué qui a suscité un tollé au Liban.

Éclairage

« Les jeunes du Déluge d'al-Aqsa » : vers un « Hamasland » au Liban-Sud ?

En guerre contre Israël depuis son attaque du 7 octobre, le Hamas, allié au Hezbollah, a désormais une forte présence au Liban, où certains de ses dirigeants y font souvent des annonces lors de conférences de presse.

Dans un texte publié sur X (ex-Twitter), Samir Geagea estime que l'annonce du mouvement palestinien démontre sa « soumission » au Hezbollah, qui maintient un front contre Israël au Liban-Sud depuis le 8 octobre.

Signature du Hezbollah

« Ce communiqué est inacceptable autant sur la forme que sur le fond. Il porte atteinte à la souveraineté du Liban et tente de nuire à la relation entre Libanais et Palestiniens », a écrit M. Geagea. « Il est prouvé que le Hamas et les organisations qui s'y apparentent au Liban sont soumises au Hezbollah et à ses décisions ; il est impossible qu'elles opèrent une quelconque manœuvre militaire sans l'accord du Hezbollah. C'est même lui qui leur demande de tirer les roquettes selon ses considérations militaires », a fustigé le chef des FL. Avant d'ajouter : « Sans oublier que le Hamas ne peut publier un tel communiqué si le Hezbollah ne l'a pas effectivement signé ».

L'édito de Issa GORAIEB

Éclipses de démocraties

Le chef des FL poursuit sa diatribe en affirmant que le Hezbollah, « une fois de plus, ne se conforme pas aux décisions qu'il a adoptée, du dialogue national à la résolution 1701 ». Cette résolution onusienne avait mis fin à la guerre de 2006 entre Israël et le parti chiite, et prévoit un déploiement important de l'armée libanaise dans une zone contrôlée par la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban).

Charge contre le gouvernement

Les critiques de Samir Geagea ne se sont pas limitées au Hamas et au Hezbollah. Le chef des FL déplore également que les autorités libanaises, « notamment le Premier ministre et les ministres de la Défense et de l'Intérieur », ne prennent pas « de position ferme » face à l'annonce du Hamas. « Comme si ce à quoi on assistait se passait dans un autre pays », conclut-il.

Le Premier ministre sortant Nagib Mikati avait déclaré en réponse à une question lors d’un point de presse dernièrement : « Cette démarche est totalement rejetée, et nous ne l'accepterons en aucun cas. Mais les personnes concernées ont clarifié aujourd’hui que l'intention n'était pas militaire. »

Grand angle

Comment le Hamas a fait du Liban sa base arrière

L’annonce de la création « Jeunes du Déluge d'al-Aqsa » avait déjà suscité un tollé sur la scène politique libanaise. Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, pourtant allié du Hezbollah, a dit « rejeter catégoriquement la création de cette unité par le Hamas. Nous estimons que toute action armée à partir du Liban est une atteinte à la souveraineté nationale », avait-t-il écrit sur son compte X, dénonçant l'affaiblissement du Liban au profit d'un « Hamasland » dans le Sud.

Quant au leader des Kataëb, Samy Gemayel, il a estimé que « l’unité des Jeunes d’al-Aqsa (devrait être créée) en Palestine, pas au Liban, ni à partir du Liban ».

Face au tollé, le représentant du Hamas au Liban, Ahmad Abdel Hadi, a tenté mardi de rectifier le tir. Il a indiqué qu’il ne s’agissait pas d’une unité militaire visant à recruter des jeunes afin qu’ils prennent part à la « résistance armée ». «  C’est un cadre populaire visant uniquement à encadrer les jeunes Palestiniens qui ont été nombreux à vouloir rejoindre le Hamas après le 7 octobre et à profiter de leurs compétences scientifiques et artistiques », avait-il ajouté.