Jad Hobeika, parmi les 30 sous 30 ans, catégorie Art de vivre de Forbes Middle East. Photo DR
Le jeune créateur libanais, lauréat de la catégorie Divertissement des « 30 under 30 » de Forbes Middle East, est tombé dans la marmite quand il était petit. Sous l’aile de son père Georges Hobeika, grand couturier libanais, fondateur de la maison éponyme présente sur tous les tapis rouges qui comptent, habillant des célébrités telles que Beyoncé, Nicki Minaj, Lady Gaga, Heidi Klum, Ashley Graham, Cardi B, Alessandra Ambrosio, Rita Ora ou Jennifer Lopez, Jad Hobeika est admis dans le saint des saints, le studio de création, à peine diplômé de l’École de la chambre syndicale de la couture parisienne.
L’expérience du père et la vision du fils
Le jeune créateur rejoint la Maison Georges Hobeika en 2019, à 24 ans. Il est officiellement annoncé comme codirecteur créatif aux côtés de son père, Georges Hobeika, en juin 2022. À peine titularisé, il se voit confier pour la saison automne-hiver 2019-2020 la création de sa première collection Couture. En 2021, la maison lance sa première collection officielle de prêt-à-porter pour la saison printemps-été 2022. Jad Hobeika innove en révélant cette ligne à travers un défilé virtuel. Il est désormais clair que la griffe Georges Hobeika, loin d’illustrer un fossé générationnel, bénéficie de l’expérience du père et de la vision du fils. À la fois consolidée par trente ans d’histoire et alignée sur les attentes et les goûts de la jeune clientèle, elle est, à travers Jad, propulsée dans le futur. Le jeune créateur décrit son style comme une « opulence minimaliste » et insiste sur son attachement à préserver l’ADN Georges Hobeika, quelles que soient les innovations apportées au style signature de la marque.
Collection automne-hiver 2023. Photo tirée de la page officielle de Georges Hobeika
Négocier parfois, s’amuser souvent
Le tandem père-fils est souvent perçu comme le moins évident qui soit. Mais que l’on pose la question à Jad, il répond simplement : « Je suis extrêmement reconnaissant de l'avoir à mes côtés à chaque étape du processus. Cependant, tout dépend de la tâche et de la vision à accomplir. Parfois, c'est facile, d'autres fois il faut négocier, mais il arrive qu’on s’amuse beaucoup. C'est une vie normale, comme dans tous les rapports parents-enfants, chacun a des expériences similaires. » Grandir dans un milieu à ce point dédié à l’entreprise n’est pas non plus aisé. Jad a-t-il eu le choix de faire autre chose que se préparer à rejoindre la Maison, lui qui depuis l’âge de 16 ans fréquente les ateliers et se frotte à tous les processus de création ? « Pas vraiment ! Je me vois faire tellement de choses dans ma vie. J'ai cru que la couture ou le métier de styliste était la seule chose que j'aimais, mais je suis amoureux de tant de formes d'art que peut-être, un jour, j'y investirai mon temps à côté de la mode », répond le jeune homme qui précise que s’il ne s’était pas engagé sous la bannière Georges Hobeika, il aurait « travaillé dans les domaines de la musique, de l'art ou de la technologie ».
C’est l’histoire d’une fille qui…
Sur ce qui le distingue de son père, différences qui ne sont pas nécessairement différends, le jeune créateur explique qu’«il n'y a pas de différence en ce qui concerne l'objectif final ; nous partageons la même vision de l'endroit où nous voulons aller et nous y travaillons activement ». Qu’on lui demande de décrire son propre univers, Jad Hobeika détaille : « Je n'ai pas d'univers unique. Je suis toujours présent et conscient de ce qui m'entoure, m'inspirant de chaque détail qui m'interpelle. Dans chaque collection, j'aime créer l'histoire d'une fille, d'une personnalité en constante évolution qui incarne un ou plusieurs traits de caractère chez des femmes d'horizons différents. Je partage l'histoire de cette fille et je dépeins les sentiments et les émotions que je voudrais donner à ressentir. » Son processus créatif est en adéquation avec cette intuition : « J'imagine une histoire, je vois cette fille, je vis sa vie, je la ressens, puis des images me viennent à l’esprit. Je réfléchis à mes idées initiales et je développe un tableau de tendances avec mon équipe. Ensuite, nous commençons à travailler pour donner vie à ces idées. » Mais la vie du jeune homme, malgré sa passion et les contraintes de son métier, ne se résume pas à la couture. Qu’on lui demande comment se déroule, pour lui, une journée ordinaire, il lâche naturellement, pas du tout impressionné ou submergé par le prestige lié à son travail : « Je travaille, je mange, je m'entraîne, je fais volontiers la fête s'il y a une fête intéressante, ce qui est très rare, je médite quand c'est nécessaire et je dors. »
La pop star Adèle en Georges Hobeika. Photo tirée du compte Instagram @jadhobeika
Un régime qui semble favorable à l’inspiration de Jad Hobeika dont le nom vient de tomber dans la prestigieuse sélection Forbes. L’annonce l’a pris par surprise : « Mon meilleur ami, le photographe Patrick Sawaya, qui figure également parmi les Forbes 30 Under 30, m'a appelé pour me dire : « Réveille-toi, nous sommes sur Forbes : Réveille-toi, nous sommes sur Forbes ! » Pour quelqu'un qui n'est pas du matin, ce moment était surréaliste. Je suis immensément reconnaissant de cette distinction, c'est un honneur que j'apprécie à sa juste valeur », confie le créateur.
« Influence dans des domaines inexploités »
« Les jeunes leaders inspirants, les rêveurs, les créatifs et les athlètes de notre liste 30 Under 30 sont à l'avant-garde du changement dans la région MENA, étendant leur influence dans des domaines inexploités », explique Forbes Middle East. « Cette année, notre liste comprend 120 entrées et quatre catégories. Les 30 entrées par catégorie mettent en lumière les individus qui ouvrent la voie dans le domaine de l'impact social et de l'énergie verte, secouent le marché financier, brisent les barrières dans les arts et les sports, et exploitent les technologies de pointe pour réaliser des inventions révolutionnaires » poursuit le média.
La liste de 2023 comprend 145 personnes représentant 22 nationalités. Les Égyptiens sont les plus nombreux, avec 44 personnes, suivis par 15 Saoudiens, 14 Libanais, 13 Émiratis et 10 Jordaniens. L'âge moyen des personnes figurant sur la liste est d'environ 26,6 ans, la plus jeune n'ayant que 15 ans.
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