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Dernières Infos - Reportage

Avec la trêve, les Gazaouis retrouvent la mer

Les frappes et le déplacement de plus de 1,7 millions de personnes dans le petit territoire long d'à peine 41 km ont rendu la nourriture et l'eau « quasi-inexistantes », selon l'ONU. 

Avec la trêve, les Gazaouis retrouvent la mer

Des Palestiniens rassemblés sur la plage de Deir el-Balah, dans le centre de Gaza, le 30 novembre 2023 en pleine trêve entre le Hamas et Israël. Photo AFP/Mahmud Hams

Dès le lever du soleil, ils sont des dizaines à se presser sur la côte du sud de la bande de Gaza: certains cherchent simplement à profiter de la trêve pour se baigner, d'autres ont besoin de la mer pour se laver ou nourrir leur famille.

Samia a rassemblé toute la famille et ensemble ils sont partis sur la plage qui longe la bande de Gaza, étroite langue de terre coincée entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée. Si les enfants s'amusent, cette trentenaire qui refuse de donner son nom de famille a un objectif: laver les vêtements des petits après 48 jours de bombardements durant lesquels elle n'a pas vu la mer.

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Les frappes et le déplacement de plus de 1,7 millions de personnes dans le petit territoire long d'à peine 41 km ont rendu la nourriture et l'eau "quasi-inexistantes", selon l'ONU. Après environ une semaine de trêve passée à tenter de refaire des stocks d'aliments, d'eau potable et de gaz de cuisson, Samia se dépêche de tout laver dans son seau rempli d'eau salée.

"Peut-être que la trêve ne sera pas prolongée", s'inquiète cette Palestinienne originaire de Beit Lahya, à la pointe nord de la bande de Gaza, une zone désormais interdite aux civils par l'armée israélienne qui y a placé ses chars. Avec son mari et leurs cinq enfants, elle échoué dans une école de l'ONU de Deir el-Balah, dans le centre du territoire.

Manger et vendre du poisson

"On trouve à peine de l'eau pour boire, donc j'ai déjà lavé mes enfants dans la mer et maintenant je fais la lessive", raconte-t-elle à l'AFP en surveillant du coin de l'oeil sa fille Noha, six ans, qui joue avec du sable, juchée sur un pneu de tracteur abandonné.

Autour d'elles, des dizaines de jeunes se baignent en riant et en s'éclaboussant. Walid Soultan, lui, n'est pas venu pour le loisir. Ce pêcheur de 22 ans, lui aussi déplacé de Beit Lahya, n'en pouvait plus d'être privé de mer. Il a emprunté le bateau d'un ami et il est allé pêcher. "On sort en mer même si les navires israéliens nous tirent dessus", dit-il à l'AFP, "parce qu'on veut ramener du poisson à nos familles et en vendre pour gagner un peu d'argent".

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Le 7 octobre, le Hamas, au pouvoir à Gaza, a lancé une attaque d'une ampleur inédite sur le sol israélien, tuant 1.200 personnes, en majorité des civils, selon les autorités israéliennes. En réponse, l'artillerie au sol, les avions dans le ciel et même les navires israéliens en Méditerranée sont entrés en action. Ils ont tiré sans répit jusqu'à la trêve du 24 novembre, faisant plus de 15.000 morts, en majorité des civils, selon le gouvernement du Hamas.

Même avant cette guerre, la cinquième en quinze ans à Gaza, pêcher, c'était souvent se mettre en danger. Dans le cadre de son strict blocus imposé à la prise de pouvoir du Hamas islamiste en 2007, Israël a limité la zone de pêche à un maximum de 15 milles nautiques (environ 28 kilomètres) depuis la côte de Gaza. Parfois, les pêcheurs affirmaient essuyer des tirs même à des distances plus courtes.

"La vie, la mort, c'est pareil"

Aujourd'hui à Deir el-Balah, Walid Soultan, "pêcheur issu d'une famille de pêcheurs", dit ne pas s'être aventuré au-delà de dix milles. Cette sortie, assure-t-il, c'était pour "retrouver tout ce qu'(il) a perdu à Beit Lahya". "J'avais un filet de pêche, un bateau et un moteur, tout a été détruit", raconte-t-il. Depuis, "la vie n'a plus aucun sens. La vie, la mort, c'est pareil".

Fayez Mousleh, lui, s'arrête à un mille de la côte et pas plus loin depuis que les ports des villes de Gaza, de Khan Younès, de Deir el-Balah et de Rafah ont tous été visés par des frappes, raconte ce Palestinien de 30 ans.  D'ailleurs, tous les matins, le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, le martèle dans une vidéo mise en ligne: "il est interdit de prendre la mer".

Jeudi matin, l'armée israélienne a une nouvelle fois dit avoir dû recourir à des "tirs de sommation sur plusieurs bateaux palestiniens ayant violé des restrictions de sécurité". Un responsable du gouvernement du Hamas dénonce, sous couvert d'anonymat, "des violations multiples de la trêve". La fin de la trêve, c'est la pire hantise de Waël Ahmed. "On veut retrouver notre vie et que nos enfants vivent en paix", dit à l'AFP ce Palestinien de 48 ans.

Dès le lever du soleil, ils sont des dizaines à se presser sur la côte du sud de la bande de Gaza: certains cherchent simplement à profiter de la trêve pour se baigner, d'autres ont besoin de la mer pour se laver ou nourrir leur famille. Samia a rassemblé toute la famille et ensemble ils sont partis sur la plage qui longe la bande de Gaza, étroite langue de terre...