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Moyen-Orient - Élections

En Iran, les législatives se préparent à l’ombre de la guerre de Gaza

Malgré leurs divisions, les conservateurs au pouvoir cherchent à renforcer encore plus leur emprise sur le pays.

En Iran, les législatives se préparent à l’ombre de la guerre de Gaza

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, le 19 novembre 2023. Photo Reuters

La guerre entre Israël et le Hamas est omniprésente dans les médias en Iran, laissant peu de place à la campagne pour les législatives de mars 2024, où les conservateurs au pouvoir chercheront à renforcer leur emprise.

Le complexe processus de sélection des candidats vient de franchir une étape : les candidatures de 28 % des 24 982 postulants ont été rejetées par le Conseil des gardiens de la Constitution.

Combien seront-ils le 1er mars, date du scrutin, pour renouveler les 290 sièges du Parlement et les 88 sièges de l’Assemblée des experts ? Nul ne peut le prévoir car les listes ne seront définitives qu’un mois avant.

L’enjeu est important car le précédent scrutin, en 2020, avait été marqué par la disqualification massive de candidats réformateurs et modérés, ce qui avait pratiquement réduit l’élection à une compétition entre conservateurs et ultraconservateurs.

Les polémiques liées à ces disqualifications avaient été mises en avant pour expliquer le fort recul du taux de participation : seuls 42,57 % des électeurs s’étaient déplacés dans les bureaux de vote – souvent des écoles ou des mosquées –, soit le plus faible pourcentage depuis la révolution islamique de 1979.

La plus haute autorité du pays, l’ayatollah Ali Khamenei, a appelé jeudi à tout mettre en œuvre pour assurer « des élections passionnées » qui attireront les Iraniens. Le président Ebrahim Raïssi a, pour sa part, affirmé que son gouvernement n’avait « aucun candidat » aux législatives et qu’il tentait « uniquement de favoriser une hausse de la participation » avec la présence de « tous les groupes » politiques.

Inquiétudes

En attendant, les Iraniens ont d’autres sujets de préoccupation, entre la possible implication de leur pays si le conflit venait à s’étendre au-delà de la bande de Gaza, les difficultés économiques et les contrecoups du mouvement de contestation ayant secoué le pays après la mort de Mahsa Amini en septembre 2022.

Le politologue Ahmad Zeidabadi prédit ainsi que les électeurs vont continuer à bouder les urnes « si le système ne peut leur offrir des motifs d’espoir et de changement ». Il juge aussi que l’évolution du conflit pourrait influer sur les résultats car une défaite du Hamas, fortement soutenu par l’Iran, « affaiblirait la position des partisans du gouvernement ».

Pour leur part, les réformateurs craignent une répétition du scénario de 2020 en constatant que plusieurs de leurs candidats ont déjà été disqualifiés.

 Ils s’accordent sur le fait que, même si elles sont connues, peu de personnalités réformistes devraient voir leur candidature approuvée », a souligné le quotidien réformateur Ham Mihan.

Certaines d’entre elles ont ainsi décidé de ne pas concourir, comme le conservateur modéré Ali Larijani, un ancien président du Parlement qui a été le principal rival d’Ebrahim Raïssi pour la présidentielle de 2021, avant que sa candidature ne soit invalidée. En mai, M. Larijani avait accusé un « courant » de mener une campagne de « purification » de l’espace politique par l’élimination de tout adversaire.

Le député sortant réformateur Massoud Pezeshkian, connu pour ses critiques envers les autorités, a qualifié de « ridicule » la décision d’invalider sa candidature prise en première instance par « ceux qui tentent d’éliminer le peuple en le négligeant ».

Le ministre de l’Intérieur, Ahmad Vahidi, a balayé ces critiques « immorales », en affirmant que le gouvernement n’était « absolument pas impliqué » dans les invalidations de candidats.

Divisions entre les conservateurs

En l’absence d’un camp modéré influent, les débats de l’actuelle législature ont été rythmés par « les désaccords entre les conservateurs, notamment entre pragmatiques et radicaux, qui ont une grande influence au sein du pouvoir », souligne le politologue Ahmad Zeidabadi.

Ils ont notamment divergé sur le bien-fondé du projet de loi durcissant les sanctions contre les femmes ne portant pas le voile obligatoire, de plus en plus nombreuses après le mouvement de contestation de 2022. Ce texte a été formellement adopté par le Parlement en septembre, mais n’est toujours pas entré en application.

Le 1er mars, les Iraniens devront également élire les membres de l’Assemblée des experts, un collège formé de 88 religieux et chargé de nommer, surveiller et éventuellement démettre le guide suprême.

Le président Raïssi, vice-président de cette instance, ainsi que l’ancien président modéré Hassan Rohani sont candidats pour un nouveau mandat. Ce dernier, qui conserve une certaine influence politique, a déclaré s’être « engagé sur un chemin difficile et abrupt ».

Ahmad PARHIZI/AFP

La guerre entre Israël et le Hamas est omniprésente dans les médias en Iran, laissant peu de place à la campagne pour les législatives de mars 2024, où les conservateurs au pouvoir chercheront à renforcer leur emprise.Le complexe processus de sélection des candidats vient de franchir une étape : les candidatures de 28 % des 24 982 postulants ont été rejetées par le...
commentaires (2)

Qu’ils commencent déjà par permettre aux citoyens de vivre leur religion comme ils l’entendent et non comme ils leur recommandent. Pour les mollahs le fait de montrer les cheveux d’une femme serait un péché mais massacrer des innocents parce qu’ils réclament leurs droits et les tuer permettrait aux assassins d’accéder au paradis où les vierges attendent les tueurs pour les récompenser de leur mission divine. Allez comprendre.

Sissi zayyat

12 h 36, le 20 novembre 2023

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Commentaires (2)

  • Qu’ils commencent déjà par permettre aux citoyens de vivre leur religion comme ils l’entendent et non comme ils leur recommandent. Pour les mollahs le fait de montrer les cheveux d’une femme serait un péché mais massacrer des innocents parce qu’ils réclament leurs droits et les tuer permettrait aux assassins d’accéder au paradis où les vierges attendent les tueurs pour les récompenser de leur mission divine. Allez comprendre.

    Sissi zayyat

    12 h 36, le 20 novembre 2023

  • Des élections en Iran? Mais oui! Et tout le monde peut se présenter! A condition, bien sûr, d’avoir obtenu son brevet de conservatisme. Il serait impensable, en effet, de permettre de modifier quoi que ce soit aux institutions et orientations de la République Islamique, divinement inspirées au saint Ruhollah Khomeyni. Il existe même un président de la République, et élu au suffrage universel! Mais si! Même s’il est soumis au pouvoir du Guide Suprême de la Révolution Islamique, (Ali Khamenei, en poste depuis 34 ans). L’Iran est une république, que diable! Finie la dictature des Pahlevi!

    Yves Prevost

    08 h 04, le 20 novembre 2023

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