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Moyen-Orient - Focus

En plein conflit à Gaza, des frappes américaines entre fermeté et modération

Les États-Unis ont de nouveau mené dimanche des raids contre des intérêts iraniens en Syrie. Leur dernière riposte aux attaques de groupes pro-iraniens est montée d’un cran.

En plein conflit à Gaza, des frappes américaines entre fermeté et modération

Des soldats et des véhicules militaires américains dans une base à Rmeilan, dans le nord-est de la province de Hassaké, utilisée par la coalition internationale contre le groupe État islamique, le 6 mars 2020. Photo d'archives Delil Souleiman/AFP/Getty Images

Cela ressemble à une escalade. Dimanche, des frappes américaines ont fait pour la première fois des victimes lors du troisième raid de Washington contre des intérêts iraniens en Syrie depuis le début de la guerre à Gaza. Si le Pentagone a indiqué qu’il y avait probablement eu des morts ou des blessés parmi la dizaine de miliciens pro-iraniens présents sur les lieux, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a annoncé la mort d’au moins huit combattants pro-Téhéran, parmi lesquels des Irakiens et au moins un Syrien. Une réponse qui monte crescendo face aux attaques répétées de factions pro-Iran en Syrie et en Irak contre des soldats américains depuis la frappe sur l’hôpital al-Ahli Arab le 17 octobre, qui a fait 471 morts selon les chiffres contestés du Hamas, entre 100 et 300 selon des estimations américaines.

Face-à-face États-Unis-Iran

Depuis cette date, les bases américaines ou abritant du personnel militaire américain dans les deux pays où Washington est présent militairement pour combattre le groupe État islamique ont essuyé plus de 48 attaques revendiquées ou attribuées à des factions armées pro-Iran. Blessant plus de 56 personnes, dont deux ont dû être transférées en Allemagne pour des traitements médicaux, selon le Pentagone. Des agressions que leurs auteurs justifient par le soutien indéfectible que Washington a démontré à son allié israélien depuis l’attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre. Le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian avait ainsi déclaré jeudi 26 octobre à l’ONU que « si le génocide à Gaza continue, ils (les Américains) ne seront pas épargnés par ce feu ». La veille, l’ayatollah Ali Khamenei déclarait que « ce sont les États-Unis qui orchestrent les crimes commis à Gaza ».

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La réponse américaine s’est fait entendre une première fois le 27 octobre, puis le 9 novembre, toujours sur le terrain syrien, sans faire de victimes connues, selon les autorités à Washington. Ces frappes se sont différenciées des représailles américaines passées en ce qu’elles visaient aussi directement et, de façon assumée, des intérêts des gardiens de la révolution iraniens, et pas seulement ceux de leurs supplétifs. Conduites par des avions de chasses F-15E, les frappes de dimanche ont ainsi ciblé des bâtiments servant pour l’entraînement, la logistique et le stockage de munition des forces iraniennes ou de leurs groupes affiliés, ainsi qu’un abri sécurisé utilisé comme centre de commandement, près des villes d’al-Boukamal et de Mayadeen respectivement, dans la province de Deir ez-Zor. « Le président n’a pas de plus haute priorité que la sécurité du personnel américain, et il a ordonné l’action d'aujourd'hui (dimanche) pour signifier clairement que les États-Unis se défendront, ainsi que leur personnel et leurs intérêts », a insisté le soir même le secrétaire d’État américain à la Défense, Lloyd Austin. À un an de l’élection présidentielle, hanté par le retrait catastrophique d’Afghanistan en août 2021, Joe Biden entend éviter de s’impliquer dans une nouvelle guerre, tout en cherchant à protéger ses troupes.

Modération vaut en toute chose

Face au ciblage de ses ressortissants par différents groupes de l’axe de la résistance, la Maison-Blanche veut certes se montrer ferme. Mais sans risquer toutefois de provoquer un embrasement du conflit, notamment à travers le front de plus en plus tendu au nord d’Israël, attisé par les échanges de frappes quotidiennes entre le Hezbollah et l’armée israélienne. Pilier de la dissuasion régionale, Washington a déployé entre autres deux porte-avions, un sous-marin et des batteries de défense antiaérienne au Moyen-Orient, et mobilisé des milliers d'hommes en état de prédéploiement. Ayant prévenu que les groupes pro-iraniens devaient cesser de lancer des attaques contre ses troupes, les États-Unis ont néanmoins concentré leur riposte sur le terrain syrien, où les règles d’engagement sont relativement claires et les risques pour les partenaires arabes de Washington relativement faibles. Si la réponse américaine augmente graduellement en intensité, elle reste pourtant modérée. « Le président Biden a rejeté ces dernières semaines des options de bombardement plus agressives proposées par le Pentagone, par peur de provoquer un conflit plus large avec l’Iran », souligne ainsi le New York Times. Ce qui a valu à l’administration démocrate les critiques d’élus républicains et de partisans de la force armée aérienne, qui prétendent qu’une réponse plus forte aurait dissuadé de nouvelles attaques, devenues de plus en plus dangereuses pour les troupes américaines.

Cela ressemble à une escalade. Dimanche, des frappes américaines ont fait pour la première fois des victimes lors du troisième raid de Washington contre des intérêts iraniens en Syrie depuis le début de la guerre à Gaza. Si le Pentagone a indiqué qu’il y avait probablement eu des morts ou des blessés parmi la dizaine de miliciens pro-iraniens présents sur les lieux,...

commentaires (2)

Les élus républicains ont parfaitement raison de suggérer une frappe plus conséquente pour dissuader l’Iran d’aller plus loin dans les horreurs. Tant que ses ennemis se montrent fébriles il les mènerait là ou ils ne veulent pas y aller. L’Iran comme ses proxy ne comprennent que le langage du plus fort. Il lance ses ballons d’essais pour décider de la suite à suivre. Alors voilà les américains savent à quoi s’en tenir pour éviter l’embrasement de la région. L’atermoiement d’Obama a coûté cher face aux islamistes, un exemple à éviter.

Sissi zayyat

12 h 23, le 14 novembre 2023

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Commentaires (2)

  • Les élus républicains ont parfaitement raison de suggérer une frappe plus conséquente pour dissuader l’Iran d’aller plus loin dans les horreurs. Tant que ses ennemis se montrent fébriles il les mènerait là ou ils ne veulent pas y aller. L’Iran comme ses proxy ne comprennent que le langage du plus fort. Il lance ses ballons d’essais pour décider de la suite à suivre. Alors voilà les américains savent à quoi s’en tenir pour éviter l’embrasement de la région. L’atermoiement d’Obama a coûté cher face aux islamistes, un exemple à éviter.

    Sissi zayyat

    12 h 23, le 14 novembre 2023

  • Sans commentaire

    Mohamed Melhem

    11 h 27, le 14 novembre 2023

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