L'émissaire américain Amos Hochstein a appelé mardi lors d'une visite impromptue à Beyrouth à un « retour au calme » à la frontière du Liban-Sud, théâtre depuis un mois de violences continues entre Israël et le Hezbollah.
« Les États-Unis ne veulent pas voir le conflit à Gaza s’intensifier et s’étendre au Liban », a déclaré l'émissaire américain à l'issue d'une rencontre avec le président du Parlement Nabih Berry. « Le rétablissement du calme à la frontière sud est de la plus haute importance pour les États-Unis et devrait être la priorité absolue tant pour le Liban que pour Israël », a-t-il ajouté. M. Hochstein a par ailleurs souligné la nécessité de mettre en œuvre la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, adoptée après la guerre ayant opposé en 2006 Israël au parti chiite, qui demande au gouvernement libanais d'étendre son autorité sur tout le territoire national, ainsi que le désarmement du Hezbollah.
Amos Hochstein s'est par la suite entretenu avec le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati, en présence du ministre sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib et l'ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea.
Le Grand Sérail a annoncé dans un communiqué que M. Hochstein a informé le chef du cabinet sortant qu'il a été envoyé par le président américain Joe Biden « pour aborder la situation au Liban-Sud ». « M. Hochstein a indiqué que ses discussions ont fait ressortir le fait que ni le Liban ni Israël ne veulent d'une escalade », ajoute le communiqué du Sérail. L'émissaire américain a de nouveau insisté sur l'application complète de la résolution 1701.
« La discussion a porté sur la recherche d'une trêve humanitaire à Gaza, avant de passer à une autre étape », conclut le texte.
M. Hochstein et Mme Shea ont ensuite rencontré l'ex-chef de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Ils ont abordé « les derniers développements sur la scène régionale et internationale, ainsi que la façon de rendre le Liban neutre quant au conflit à Gaza ».
L'émissaire US a aussi été reçu par le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, avec qui il a abordé « la situation dans le pays et les développements dans la région frontalière dans le Sud », rapporte l'Ani.
La zone frontalière entre le Liban et Israël est le théâtre d'échanges de tirs quotidiens entre l'armée israélienne d'une part et le Hezbollah et ses alliés de l'autre, depuis le début de la guerre entre l'Etat hébreu et le Hamas le 7 octobre. Le Hezbollah vise notamment des positions israéliennes à la frontière. Le Hamas et le Jihad islamique palestiniens ont mené des opérations d'infiltration et lancé plusieurs roquettes depuis le Liban. Israël répond par des bombardements sur le sud du Liban.
Depuis le 7 octobre, 83 personnes ont péri du côté libanais et huit du côté israélien, selon un décompte de l'AFP. Parmi les morts du côté libanais figurent 61 combattants du Hezbollah et au moins 11 civils, dont une femme et ses trois petites-filles âgées de 10 à 14 ans, tuées dimanche dans une frappe qui a visé leur voiture. Côté israélien, six soldats et deux civils ont été tués selon les autorités.
Mardi, des centaines d'habitants du village de Blida au Liban-Sud ont participé aux obsèques des quatre victimes, membres de la famille d'un journaliste qui les précédait dans sa propre voiture et a été blessé.
Dans son premier discours vendredi dernier depuis le début du conflit, le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah avait estimé que « toutes les options » étaient sur la table et que l'éventualité « d'une guerre totale » était « réaliste ». Il avait aussi mis en garde Israël contre la « bêtise » que représenterait une attaque contre le Liban, ajoutant que l'arrêt de « l'agression contre Gaza » empêcherait un conflit régional.
La guerre, entrée dans son deuxième mois mardi, a déjà fait plus de 10.000 morts à Gaza pilonnée par l'armée israélienne, selon le Hamas. Depuis le 7 octobre et l'attaque du mouvement islamiste sur le sol israélien qui a déclenché cette guerre, plus de 1 400 personnes ont été tuées, en majorité des civils, selon les autorités israéliennes. Par ailleurs, plus de 240 otages ont été enlevés par le Hamas.
*Suite à une erreur de traduction, nous avons annoncé une visite prochaine d'une délégation américaine au Liban. Il s'agissait en fait de la visite aujourd'hui d'Amos Hochstein. Cet article a donc été modifié à 21h01, heure de Beyrouth.
commentaires (3)
Oui oui il faut supplier HN pour qu’il daigne ne pas étendre le conflit à toute la région. Non mais on croit rêver.
Sissi zayyat
13 h 09, le 08 novembre 2023