Critiques littéraires Récits

Fady Noun en recueillement

Fady Noun en recueillement

D.R.

Penché au-dessus de ses poèmes et de sa vie, « pour retrouver son destin d’homme », l’œil interne posé sur l’horizon, l’autre sur l’azur de ses écrits, « débris de sa vie », le poète fait le point comme un navigateur manie compas et sextant. Bientôt, crie la vigie qui veille au plus haut du mât : « Terre » ! Fady Noun n’avait donc pas perdu le chemin où le menait son cœur !

Par quelle clairvoyance a-t-il couronné les poèmes qu’il publie sous un titre aussi nécessaire que Terre promise, maintenant que larmes de sang, guerres et menaces de guerre, déchirent à nouveau la région ?

Par quelle inspiration rappelle-t-il à nos consciences aléatoires – en ce moment précis de notre histoire – Gaza, Mahmoud Darwich et Mère Térésa venue à Beyrouth, en août 1983, en pleine opération israélienne, sauver des enfants musulmans, mission qu’un cessez-le-feu providentiel rendait possible ?

Peut-être grâce à son nom, Noun étant la dernière lettre de Palestine. Grâce surtout à « ce que son cœur lui dit » dont l’aiguille pointe invariablement vers « la jeune fille de Galilée » tel qu’il l’annonce dans son avertissement.

Marie qui dans ce long poème, aussi douloureux que notre infinie colère, intitulé « La Complainte du Port », accueille ses enfants, « les épouses, les maris, les résidents et les passants » du Liban en leur demandant : « Que faites-vous ici ? »

Par quelle prémonition vient le poète rappeler à nos oreilles assourdies « l’enfant crasseux au visage luisant » ? Par quelle clarté évoque-t-il les « enfants de Balfour et de Chatila », lui qui « porte en son âme / la blessure ouverte de leur déportation hors de l’histoire », au moment où les missiles sifflent sur leurs têtes ?

Ce recueillement est une prière. Celle du « pâtre pour qu’on le délivre du mal ». Celle du « poète inachevé » pour qu’il « range son plumier et rejoigne le coin de feu ». Pour que « la porte de l’Arche » reconnaisse « l’enfant sous son masque d’homme ». 

Terre promise de Fady Noun, Calima éditions Artliban, 2023, 106 p.

Penché au-dessus de ses poèmes et de sa vie, « pour retrouver son destin d’homme », l’œil interne posé sur l’horizon, l’autre sur l’azur de ses écrits, « débris de sa vie », le poète fait le point comme un navigateur manie compas et sextant. Bientôt, crie la vigie qui veille au plus haut du mât : « Terre » ! Fady Noun n’avait donc pas perdu le chemin où...
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