Le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, a appelé mercredi à la mise en place d’un cessez-le-feu de cinq jours à Gaza, lors d’une réunion du gouvernement au Grand Sérail, à Beyrouth. Il a par ailleurs déclaré que le Liban optait pour la paix, faisant porter à Israël la responsabilité de toute décision de guerre avec le pays du Cèdre, alors que les affrontements quotidiens entre le Hezbollah et l’armée israélienne à la frontière sud, lancés au lendemain de l’attaque sanglante du Hamas, le 7 octobre, contre l’État hébreu, se poursuivent.
« Un cessez-le-feu pour une durée de cinq jours est nécessaire, humainement parlant. Durant cette période, les contacts internationaux seront menés pour assurer l’échange de prisonniers (entre le Hamas et Israël). Ces contacts serviront à établir un cessez-le-feu permanent, dans le but de dessiner les grandes lignes de la paix dans la région », a déclaré Nagib Mikati en début de réunion, selon des propos rapportés dans un communiqué publié sur le compte X (ex-Twitter) du gouvernement. M. Mikati a dans ce contexte évoqué « l’offensive israélienne au Liban-Sud, les martyrs, les victimes, les habitations détruites, l’incendie des récoltes et les dégâts économiques et financiers » dans le pays, tout en appelant la communauté internationale à réagir. Les bombardements entre le Hezbollah et ses alliés parmi les factions palestiniennes d’une part, et Israël d’autre part, ont jusque-là fait plus d’une cinquantaine de morts au Liban-Sud, majoritairement des combattants du parti chiite, ainsi que plusieurs civils. « Nous avons eu assez de guerres au Liban, nous choisissons la paix. La décision de la guerre est aujourd’hui entre les mains d’Israël », a affirmé M. Mikati.
La veille, il avait accordé un entretien au magazine britannique The Economist dans lequel il évoque un plan de paix en trois étapes : une pause humanitaire de cinq jours à Gaza, des négociations pour un échange de prisonniers et, enfin, « un accord de paix global au Moyen-Orient qui inclue les Arabes et les Iraniens », basé sur la solution des deux États. « Si nous parvenons à un accord sur la paix internationale et globale, je suis convaincu que le Hezbollah et le Hamas déposeront leurs armes », a-t-il estimé.M. Mikati a également indiqué lors de cet entretien qu’il mettait tout son poids dans la balance, tant au Liban qu’à l’étranger, pour empêcher que le conflit ne s’étende au Liban et se transforme en « guerre régionale ». « Il faut reconnaître le droit d’Israël et des Palestiniens », a-t-il affirmé. Ce genre de déclaration est assez rare venant d’un dirigeant libanais, surtout en cette période de guerre contre l’État hébreu. Certes, en 2002, Beyrouth a accueilli un sommet arabe pour la paix où les dirigeants de la région se sont dits prêts à normaliser leurs relations avec Israël en échange de l’établissement d’un État palestinien à Gaza et en Cisjordanie. Toutefois, il s’agit de la première fois que l’Iran est inclus dans un plan pour la paix au Proche-Orient présenté par un dirigeant arabe. « Il est temps de rendre la paix possible dans la région », a espéré M. Mikati qui semble reconnaître la difficulté de contourner désormais la République islamique, mère de « l’axe de la résistance dans la région ». Dans le cadre d’une tournée arabe, le Premier ministre sortant s’était rendu dimanche à Doha pour évoquer la situation régionale avec l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, ainsi qu’avec le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, le cheikh Mohammad ben Abderrahman al-Thani. Il s’était également entretenu avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, lors de la visite de ce dernier à Beyrouth le 13 octobre.
« Situation bien meilleure »
Commentant en outre la vacance présidentielle qui se poursuit depuis un an, Nagib Mikati a estimé lors du Conseil des ministres que « la situation est bien meilleure aujourd’hui » comparée au même moment l’année dernière, lors du départ du président Michel Aoun. « Cela est dû aux efforts de tous les ministères pour préserver l’État et ses institutions. Même sur le plan financier, tout le monde voit les efforts fournis », a-t-il dit. « Nous appelons à élire un président au plus vite, malgré les difficultés auxquelles le pays fait face », a ajouté le chef du gouvernement. Mercredi, le département d’État américain a appelé les députés libanais à élire un président de la République, à former un gouvernement « sans corruption » et à mettre en œuvre les réformes nécessaires pour obtenir un accord avec le Fonds monétaire international (FMI). Le Parlement a tenu 12 séances électorales afin d’élire un nouveau président, mais toutes ont échoué faute d’accord politique autour d’un candidat, le camp du Hezbollah tenant à la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié, et celui de l’opposition à celle de l’ancien ministre Jihad Azour.
Nagib Mikati a par ailleurs appelé l’ensemble des membres de son cabinet à prendre part aux réunions du gouvernement. « Ils doivent être présents et travailler ensemble, surtout que le pays traverse des circonstances délicates, aux niveaux politique, sécuritaire, économique, sanitaire et social », a-t-il dit. Depuis la fin du mandat Aoun, les ministres proches de l’ancien chef de l’État refusent de participer aux réunions du cabinet sortant et accusent M. Mikati de chercher à s’arroger les prérogatives du président de la République. Prenant la parole à la fin de la réunion gouvernementale, le ministre sortant de l’Information, Ziad Makari, a réitéré les propos du Premier ministre concernant le refus de la guerre au Liban, ainsi que l’appel à une trêve de cinq jours à Gaza. Il n’a toutefois communiqué aucune décision concrète à l’issue de la réunion du cabinet. L’Orient-Le Jour a tenté de le joindre pour un commentaire à ce sujet, mais il n’était pas joignable.
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16 h 23, le 02 novembre 2023