Au vingt-septième jour du déclenchement du Déluge d’al-Aqsa, le secrétaire général du Hezbollah va s’exprimer. Son silence pendant ces dernières semaines avait suscité autant d’interrogations que sa décision de prendre la parole dans trois jours. Pour certains, Nasrallah devrait annoncer l’escalade et le fait que le front ouvert au sud du Liban fait partie intégrante de la grande confrontation qui se joue à Gaza et dans ses environs entre les Israéliens et le Hamas. Pour d’autres, au contraire, il devrait plutôt exposer les contours de l’étape à venir, basée sur les prémices de la victoire de « l’axe de la résistance » dans cette confrontation commencée le 7 octobre, ne serait-ce que parce que le Hamas ne sera pas éliminé.
Mais ce que les pronostics ne disent pas, c’est justement que, dans son silence ou dans son discours, « le sayyed » mène un difficile jeu d’équilibriste entre ses partisans, qui veulent le pousser vers une plus grande implication aux côtés du Hamas, et les autres, qui préfèrent que l’embrasement du front du Sud reste limité. En effet, depuis son déclenchement, le Déluge d’al-Aqsa suscite des remous au sein de l’assise populaire du Hezbollah. Celle-ci est partagée entre ceux qui veulent en découdre avec l’ennemi israélien et ceux qui restent plus réservés et préfèrent que le Liban reste en retrait.
Le nombre relativement élevé de « martyrs » du Hezbollah dans la confrontation qui se déroule au Sud depuis le 8 octobre s’ajoute aux interrogations. En effet, jusqu’à présent, le Hezbollah a perdu dans ce conflit dit « de basse intensité » une cinquantaine de « martyrs ». Ce qui constitue un nombre considérable dans une guerre qui ne dit pas vraiment son nom. Dans l’environnement populaire du Hezbollah, des questions se posent ainsi sur les raisons de cette « hémorragie en martyrs ». Certains en sont même à demander à Hassan Nasrallah de foncer plus dans la bataille par respect pour ce sang versé. D’autres, au contraire, estiment que le Hezbollah a déjà trop donné dans cette confrontation, surtout que le Hamas n’a pas toujours été son allié, l’ayant même combattu dans les premières années de la guerre en Syrie. De plus, le Hamas a choisi le timing de son opération sans consulter le Hezbollah ou même l’en informer, le mettant pratiquement devant le fait accompli. En même temps, le chef du Hezbollah, qui a annoncé il y a plusieurs mois le principe de « l’unité des fronts » entre les différentes composantes de « l’axe de la résistance », au point d’en faire le titre de l’étape actuelle, ne peut pas le moment venu rester en dehors de la confrontation qui se déroule à Gaza.
Comment concilier ces deux positions ? C’est le grand défi que doit relever Hassan Nasrallah et qui occupe, selon des sources proches du Hezbollah, une partie de son temps. Dans ce contexte, le secrétaire général de la formation chiite ne pouvait donc pas s’exprimer avant d’avoir des éléments concrets à soumettre à ses partisans... des deux camps.
C’est apparemment chose faite, puisqu’il a choisi de s’exprimer le 3 novembre. Il a ainsi décidé de commencer par rendre hommage aux « martyrs » tombés dans le cadre de la bataille au Sud. D’ailleurs, l’annonce du discours s’est accompagnée d’un appel à participer à une cérémonie d’hommage avec quatre rassemblements populaires en des points différents du pays. Mais en même temps, toujours selon les mêmes sources, Nasrallah dispose d’éléments concrets qui lui permettent de parler en position de force. En effet, s’il est vrai que le nombre de « martyrs » du Hezbollah en près de quatre semaines de combats intermittents au Sud est relativement élevé, il y aurait, selon les sources proches du parti, des raisons objectives pour cela. D’abord, il y aurait un souci d’éviter autant que possible de mettre en danger les localités du Sud en s’en éloignant pour ne pas pousser les Israéliens à bombarder les lieux habités. Ce qui limite le champ d’activité des combattants du Hezbollah et les pousse pratiquement à agir à découvert. Ils deviennent ainsi des cibles plus faciles pour les Israéliens. Mais en même temps, toujours selon les mêmes sources, l’action de ces combattants s’inscrit dans le cadre d’un plan destiné à protéger le Sud. D’après elles, toutes les attaques qui ont provoqué des pertes importantes étaient destinées à détruire les caméras, les radars, les systèmes d’alerte et les projecteurs installés par les Israéliens le long de la frontière avec le Liban. C’est ainsi, précisent les sources précitées, qu’on peut dire que « l’ennemi est aveugle » le long de la frontière, vu que toutes ses installations pour surveiller cette ligne ont été détruites. De même, le Hezbollah a utilisé récemment et pour la première fois un missile sol-air qui a permis de détruire un drone envoyé par les Israéliens pour compenser la destruction du système de surveillance. Et depuis, les Israéliens n’envoient plus de drones, utilisant à la place des avions-espions qui volent à haute altitude. En d’autres termes, ceux qui sont tombés au cours des dernières semaines l’ont fait pour protéger la frontière libanaise, résument les sources du Hezbollah. Et leur mission a réussi, puisque le parti a subi moins de pertes ces derniers jours.
En donnant ces explications, le Hezbollah cherche à satisfaire les deux camps tout en restant au cœur de l’action : il est présent dans cette guerre sans s’y impliquer totalement, mélangeant le rôle d’acteur direct et celui de témoin actif, de conseiller et de soutien arrière. Son défi, c’est justement de trouver un équilibre entre ces différentes missions. Pour l’instant, cela semble réussi, mais pour continuer à l’être, il faut que la situation reste sous contrôle pour le Hamas et pour ses alliés.
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ET SI CET ARTICLE RESUME LE DISCOUR DE VENDREDI DE NASRALLAH? APRES TOUT FAIRE AVALER A LA POPULATION QUE NASRALLAH A A COEUR LE LIBAN EST UTOPIQUE CAR ISRAEL A REPONDU AUX ATTAQUES DE HB ET A TUE 50 PERSONNES SANS AUCUN GAIN POUR HB AVEC L'ARRIVEE DE LA MILICE D'IRAN AU LIBAN , NASRALLAH AURA BEAUCOUP A FAIRE POUR CONVAINCRE LES LIBANAIS QU'IL FAIT CELA POUR LE BIEN DU PAYS OU MEME DES PALESTINIENS
LA VERITE
16 h 12, le 02 novembre 2023