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Culture - Disparition

Adieu « Monsieur Antoine » !

Le monde des planches libanaises vient de perdre l’une de ses figures les plus joviales et les plus discrètes. Compagnon de théâtre de Ziad Rahbani et de Georges Khabbaz, Boutros Farah est décédé à l'âge de 79 ans des suites d’une longue maladie.

Adieu « Monsieur Antoine » !

Boutros Farah en compagnie de l'auteur et metteur en scène Georges Khabbaz. Photo tirée du compte Instagram de Georges Khabbaz.

« Kabsé yaani kabsé, mich kabsé w noss  ! » La tirade de Monsieur Antoine, patron cupide, mesquin et qui exploite ses employés dans la pièce Belnesbé la boukra chou ? de Ziad Rahbani est entrée, en 1978, dans les annales du théâtre rahbanien. Et dans la mémoire amusée de son public. Il portait bien son patronyme Boutros Farah, ce comédien né en 1944 à Alma al-Chaab, au Liban-Sud et décédé dimanche 29 octobre 2023 des suites d’une longue maladie.

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Depuis son incarnation de « Istez Raouf » dans la pièce Nazl el-Sourour (Hôtel de la joie) en 1974, Boutros Farah faisait partie de la troupe du turbulent et génial fils de Assi Rahbani et Feyrouz. Ce dernier avait adoubé cet employé d’une compagnie pharmaceutique passionné des planches en lui proposant différents rôles dans ses pièces successives dont Film amiriki tawil (Long métrage américain) en 1980, Chi féchil (Quelque chose de raté) en 1983 et Lawla foshati el-amali (Sans ce brin d’espoir) en 1994. Sa voix et sa diction caractéristiques lui ont également valu de participer à la comédie musicale W mchit bi tariki (Et j’ai pris mon chemin) de Melhem Barakat en 1995, ainsi qu’une apparition dans le film Cash Flow 2 de Sami Koujan en 2016. Cette dernière décennie, il avait rejoint la troupe de Georges Khabbaz où il avait tenu des rôles parfois très brefs mais toujours essentiels dans différents spectacles de l’auteur et metteur en scène. À l’instar de Bil kawaliss (En coulisses) en 2016, Illa iza (Sauf Si) l’année suivante et Yaoumiat masrahji (Chroniques d’un homme de théâtre) en 2019.

« Il était d’un extrême professionnalisme. Même s’il n’avait qu’un petit rôle, il était le premier à se présenter aux répétitions », témoignent d’une même voix ses collègues acteurs. Très apprécié par les membres de la profession, cet homme discret, qui a poursuivi son travail de prospecteur médical pour pouvoir assurer une vie décente à sa famille, avait gardé la flamme du comédien jusque sur son lit d’hôpital. « Même perclus de douleur, il retrouvait le sourire lorsqu’on évoquait ses pièces et les personnages qu’il avait campés », révèle la comédienne Cynthya Karam qui, malgré la différence de génération, le comptait parmi ses proches, « un exemple pour tous ». À l’instar de Georges Khabbaz. « Boutros était l’ami de mon père avant de devenir mon ami grâce à notre collaboration. J’étais en contact permanent avec lui durant sa maladie, malheureusement, il est parti alors que je suis retenu en tournage en Allemagne. S’il nous a fait bénéficier de son expérience au point de vue professionnel, nous garderons aussi de lui le souvenir d’un homme profondément bon et bienveillant. Sa voix et son rire resteront dans nos cœurs ».

« Kabsé yaani kabsé, mich kabsé w noss  ! » La tirade de Monsieur Antoine, patron cupide, mesquin et qui exploite ses employés dans la pièce Belnesbé la boukra chou ? de Ziad Rahbani est entrée, en 1978, dans les annales du théâtre rahbanien. Et dans la mémoire amusée de son public. Il portait bien son patronyme Boutros Farah, ce comédien né en 1944 à Alma...

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