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Culture - Initiative

De la musique pour les jeunes, coûte que coûte

De la musique pour les jeunes, coûte que coûte

Beit Tabaris au service de la jeunesse musicienne libanaise. Photo DR

Coûte que coûte, la mission de Beit Tabaris au service de la jeunesse musicienne libanaise se poursuit, et la résidence musicale a tenu, malgré le contexte anxiogène, à maintenir les événements prévus, comme un baume sur le cœur d’un public d’autant plus demandeur qu’il est nerveusement épuisé.

Tout d’abord, le récital du pianiste et compositeur Sevag Derghougassian. Au vu de la tension politico-sécuritaire ambiante, les organisateurs attendaient une petite quarantaine de personnes ; or, plus du double se sont pressées sous les arcades pour écouter un programme oscillant entre classicisme, romantisme et modernité.

Le pianiste et compositeur Sevag Derghougassian lors de son récital à Beit Tabaris. Photo DR

En premier lieu, la Sonate n° 8 en do mineur de Beethoven, dite Pathétique, en trois mouvements, qui date de 1798-1799 et que les musicologues considèrent comme le début de l’affranchissement de Beethoven par rapport à la musique de Haydn et Mozart (classicisme) et de son entrée de plain-pied dans le romantisme. Le deuxième mouvement de cette sonate, devenu célébrissime, a accompagné beaucoup de films (publicitaires ou non) et fait l’objet de nombreuses chansons de variété.

Puis vient la Sonate n° 21 en do majeur dite Waldstein, du nom de son dédicataire, toujours en trois mouvements, qui remonte à 1803-1804. Cette œuvre appartient à la partie que l’on surnomme « héroïque » de la carrière du compositeur, car elle est caractérisée par une série d’œuvres d’envergure exceptionnelle, avec un déchaînement des passions, une recherche de virtuosité ainsi qu’une exploration jusqu’à épuisement des possibilités des instruments et des idées musicales.

La deuxième partie du récital s’ouvre sur une œuvre de Sevag Derghougassian lui-même, Prélude et Fugue n° 12-File 45. Ce composteur qui fait dialoguer ses deux cultures, libanaise et arménienne, définit sa musique comme « néoclassique, apparentée à Mozart et Haydn, mais produisant un son tout à fait différent ». Il trouve ses sources d’inspiration dans la littérature, la peinture et le folklore arménien.

Le récital se clôt en apothéose sur la redoutable Rhapsodie hongroise n° 2 de Franz Liszt. Et pour l’anecdote, il faut savoir que c’est cette œuvre, objet d’un célèbre dessin animé de Tom et Jerry, qui, dans son enfance, donna l’envie à Sevag Derghougassian de se mettre à l’étude du piano !

Les organisateurs de Beit Tabaris avaient prévu, pour la dernière semaine du mois d’octobre, la venue de deux grands musiciens français, la pianiste Christine Marchais et le saxophoniste Marc Sieffert, qui devaient donner des masterclasses à une dizaine d’élèves les attendant avec impatience. Hélas ! la tension sécuritaire n’a pas permis ce déplacement. Mais qu’à cela ne tienne ! les élèves ont été invités à se présenter quand même à la résidence musicale où les professeurs les attendaient depuis la France, à travers la magie de la technologie « zoomienne ». Ainsi les cours ont pu se tenir à distance et les jeunes, venus des quatre coins du Liban, ont quand même bénéficié de ce précieux enseignement.

Une masterclass de musique par visioconférence. Photo DR

Il faut noter qu’à peine quelques jours avant le fatidique 7 octobre, Beit Tabaris avait offert une semaine d’une grande intensité à six chefs de chœur et trois pianistes accompagnateurs qui ont suivi l’enseignement très haut de gamme d’Olivier Plaisant, chef de chœur, et Florence Chalamet, pianiste. Pendant six jours d’affilée et sur plusieurs heures par jour, les neuf jeunes musiciens ont appris comment appréhender un chœur, comment le faire sonner, comment l’amener à obtenir ce qu’on lui demande et comment dialoguer avec un pianiste accompagnateur afin de former un tandem uni au service du chant choral.

Le programme tournait autour de la musique romantique allemande (Schubert, Brahms, Mendelssohn et Schumann). Il est vrai que la fine équipe était servie par un chœur-école exceptionnel, le mythique chœur Notre-Dame University qui avait été parfaitement préparé par Fadi Khalil. Le concert de fin de stage, extrêmement réussi et émouvant, s’est déroulé à l’église évangélique de Beyrouth, en souvenir de Jean-Pierre Sara, l’un des pères fondateurs de la musique chorale au Liban dans les années 1950.

Le deuxième événement consistait en une masterclass d’une demi-journée suivie d’un concert de la classe de chant de Fernando Afara, lui-même chanteur lyrique et chef de chœur travaillant entre la France et le Liban. Un aréopage de chanteurs lyriques a présenté un récital composé de « tubes » de l’opéra baroque et romantique, entre français, italien et allemand. Pour clôturer en beauté, les chanteurs se regroupent autour du piano, tenu d’une main de maître par Olga Bolun, et entonnent la « Barcarolle » (extraite des Contes d’Hoffman) bien connue de Jacques Offenbach.

Enfin, le cycle s’est clôturé en beauté et en partenariat avec l’ambassade d’Autriche, une jeune violoniste autrichienne surdouée, Nadine Weber, assurant une masterclass de violon à trois jeunes violonistes libanais, dont une petite de 11 ans très prometteuse ! La journée s’était terminée par un récital de Nadine Weber accompagnée au piano par Olga Bolun, dans un programme très éclectique : Bach, Mozart, Gluck, Ysaÿe, Khatchadourian et Kreissler.

Coûte que coûte, la mission de Beit Tabaris au service de la jeunesse musicienne libanaise se poursuit, et la résidence musicale a tenu, malgré le contexte anxiogène, à maintenir les événements prévus, comme un baume sur le cœur d’un public d’autant plus demandeur qu’il est nerveusement épuisé.Tout d’abord, le récital du pianiste et compositeur Sevag Derghougassian. Au vu de...
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