Des chars de l'armée israélienne se déploient, vendredi 13 octobre, en bordure de la bande de Gaza. JACK GUEZ / AFP
Ça y est, nous y sommes. Voilà plusieurs jours que nous savons que ce vendredi 13 sera très important.
Des manifestations en soutien à la cause palestinienne sont organisées dans plusieurs pays du monde arabe, de l’Irak, au Yémen, en passant par la Jordanie et le Liban. Ces manifestations peuvent donner lieu à des débordements voire à une escalade, en particulier au Liban et en Irak.
Elles interviennent à un moment où Israël semble prêt à lancer son offensive sur Gaza. Vendredi matin, l’armée israélienne a ordonné l’évacuation de « tous les civils de Gaza » vers le sud et ne devrait pas tarder à lancer l’assaut qui vise à éliminer complètement le Hamas.
Or, voilà plusieurs jours que le Hezbollah répète que l’entrée de l’armée israélienne à Gaza est une ligne rouge qui le poussera à intervenir.
Est-ce du bluff visant à dissuader l’armée israélienne de passer à l’action ou le Hezbollah est-il prêt à prendre le risque d’une guerre ouverte avec Israël pour sauver le Hamas ?
Personne ne le sait. On peut toutefois imaginer deux hypothèses.
La première, c'est que le Hezbollah a sous-estimé la volonté d’Israël de se venger de l’attaque du Hamas de samedi et se retrouve quelque peu pris à son propre piège. Dans cette hypothèse, le parti ne veut pas faire la guerre, qu’il sait trop coûteuse pour lui, et ne peut pas non plus perdre la face. L’idéal pour lui serait une escalade limitée et contrôlée avec l’Etat hébreu qui n’a pas non plus intérêt à être contraint de combattre sur deux fronts en même temps. C’est toutefois très risqué dans le contexte actuel où tout peut très vite dégénérer. Le comportement du parti ces dernières années et le silence, jusqu’à présent, du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, donnent du poids à cette hypothèse.
La deuxième hypothèse dépend de tout ce que l’on ne sait pas. Est-ce que l’attaque de samedi s’inscrit dans une stratégie plus large visant à changer le rapport de force régional au profit de l’Iran ? Plus simplement : est-ce que l’Iran veut l’escalade régionale ?
Là aussi, son comportement récent pourrait nous amener à penser que ce n’est pas le cas. Mais nous n’avons pas toutes les données. Si l’Iran a décidé que c’est le moment de passer à l’action, l’offensive israélienne sur Gaza devient un prétexte plutôt qu’un « game changer ».
Ce que l’on sait, c’est que « l’axe de la résistance » est dans une logique de surenchère dans toute la région depuis plusieurs jours. La tournée du ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian s’inscrit dans ce contexte. Les Israéliens ont bombardé hier l’aéroport de Damas avant qu’il ne puisse s’y rendre. Dans la soirée, depuis Beyrouth, il a prévenu que « la poursuite des crimes de guerre par Israël engendrera une réponse du reste de l’axe de la Résistance. »
Ce matin, le ministre a toutefois calmé le jeu en déclarant que « ce qui est important pour nous, c'est la sécurité du Liban et la préservation du calme dans le pays ».
Au moins l’une des deux déclarations est mensongère, mais laquelle ?
commentaires (8)
Le Hezbollah est très important pour l’iran. C’est l’épée de Damoclès que l’Iran a installé pour menacer israel au cas où elle attaquerait l’iran. Le Hezbollah défend l’iran au final. Concernant le Hamas…c’est juste un outil que l’iran utilise à des fins personnels. Comme par ex couper court le rapprochement saoudo israélien. Le Hamas ne fait pas partie organique de la révolution islamique chiite. Alors que le Hezbollah l’est. Si le ministère iranien est venu au liban c’est ( sans doute) pour calmer les ardeurs du Hezbollah. L’iran ne voudrait pas perdre son atout qu’il a construit, financé, entrainé pour qu’il soit utilisé et détruit ( ou affaibli) dans des combats alternatifs pour défendre un territoire autre qu’iranien. Les américains croient que leur présence aurait refroidi le Hezbollah / iran… Que nenni…. C’est juste que la cartouche Hezbollah est réservée à l’iran et non aux sunnites du Hamas. Les iraniens ne perdent jamais le nord. En tout cas, le Hezbollah gesticule tactiquement gardant le flou sur son intervention ou non…sachant pertinemment que l’effet surprise ( au cas où il voudrait attaquer israel) cet effet surprise n’existe plus désormais.
LE FRANCOPHONE
14 h 50, le 13 octobre 2023