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Moyen-Orient - Diplomatie

La magnitude de l’offensive du mouvement islamiste complique une médiation

L’Égypte, le Qatar ou la Turquie peuvent être sollicités pour jouer un rôle de facilitateur.

La magnitude de l’offensive du mouvement islamiste complique une médiation

Israël a frappé la ville de Rafah, située à la frontière avec l’Égypte. Saïd Khatib/AFP

Il y a l’Égypte, médiateur traditionnel entre Israël et le Hamas, et d’autres États, comme le Qatar, potentiellement influents. Mais l’offensive inédite du Hamas contre Israël avec prise d’otages de civils et l’ampleur de la riposte compliquent les chances de succès d’une médiation, du moins à court terme.

En quoi la magnitude de ce conflit et le contexte politique israélien compliquent-ils la tâche des potentiels médiateurs ?

« La nature inédite de ce conflit va certainement exiger une médiation et une intervention différentes de toutes les médiations précédentes », estime Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et la Méditerranée, basé à Genève.

« Je doute que l’on puisse entrer en médiation maintenant », opine Denis Bauchard, conseiller pour le Moyen-Orient à l’Institut français des relations internationales (IFRI). L’offensive ayant montré des défaillances des services de sécurité et de renseignements israéliens, le Premier ministre Benjamin Netanyahu va certainement vouloir au préalable, « pour des raisons de politique intérieure, apparaître comme l’homme fort » qui va gagner la guerre, dit-il.

Selon Agnès Levallois, vice-présidente de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO), « la composition du gouvernement israélien, avec la présence de radicaux, complique également la donne », et il n’est pas assuré que le gouvernement d’extrême droite accepte une quelconque médiation pour le moment.

De plus, dit-elle, il n’est pas exclu que le Hamas, « se sentant aussi fort après une telle opération », rechigne lui aussi à accepter une médiation.

Lundi, un responsable du Hamas basé à Doha a affirmé qu’« aucune négociation » n’était possible pour le moment.

Pour autant, observe cette experte, « la riposte est déjà terrible, à la hauteur du traumatisme de l’opération » subi par Israël. Et « il y a un moment où le Hamas aura besoin de trouver une porte de sortie, y compris vis-à-vis de sa propre population qui va payer le prix le plus élevé ».

La question des otages civils israéliens pourrait aussi jouer en faveur d’« une médiation de type humanitaire plutôt que d’une médiation politique », souligne Denis Bauchard.

Pourquoi l’Égypte est-elle considérée comme le médiateur naturel entre le Hamas et Israël ?

Dans les conflits « à répétition » entre les deux parties, l’Égypte « s’est imposée comme le médiateur traditionnel le plus ancien » du fait de sa proximité géographique. « Le Hamas tient à entretenir de bonnes relations avec l’Égypte qui est le seul passage terrestre ouvert », souligne-t-il, en rappelant que « dans le passé, l’Égypte a été sollicitée par les Américains à maintes reprises ».

Et « l’Égypte va tout faire pour jouer ce rôle car il est essentiel pour elle d’apparaître comme une puissance régionale », note Agnès Levallois. « C’est un rôle qu’elle peut mener en association avec d’autres pays », tels que les États-Unis ou des pays de l’Union européenne, à l’instar de la France qui a des relations « fortes » avec Le Caire. Lundi, la présidence égyptienne a d’ores et déjà fait savoir qu’elle multipliait les contacts pour « arrêter l’escalade ».

L’engagement américain en faveur d’Israël peut-il gêner une potentielle médiation ?

Les États-Unis ont immédiatement réaffirmé leur soutien à Israël, mais les experts notent que le président américain Joe Biden n’entretient pas de très bonnes relations avec Benjamin Netanyahu. Et jusqu’à présent, Washington n’a pas eu envie de se réinvestir au Proche Orient, note Agnès Levallois. « Certains vont sans doute appeler de leurs vœux une médiation américaine », dit-elle. « Mais de là à franchir le pas », elle en doute. À l’approche de l’élection présidentielle, « il n’y a que des coups à prendre », ajoute-t-elle.

Quid de pays comme la Turquie ?

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est rapproché d’Israël après des années de tensions et entretient parallèlement de bonnes relations avec le Hamas. « La Turquie peut ainsi vouloir se présenter comme médiateur capable de parler aux deux parties, mais avec des chances de succès limitées », tranche la spécialiste du Moyen-Orient.

Quel rôle peut jouer le Qatar ?

« Le Qatar a contribué au renflouement des caisses du Hamas », rappelle Hasni Abidi, notamment avec le versement des salaires des fonctionnaires de l’administration publique à Gaza.

« Doha finance la survie de la bande de Gaza en accord avec l’État d’Israël. On sait donc que le Qatar a les moyens de peser sur le Hamas », estime Agnès Levallois.

Doha, souvent cité comme facilitateur de libération d’otages dans la région, pourrait ainsi contribuer à « des efforts conjoints » avec l’Égypte pour rétablir le calme en Israël, estiment les experts.

Il y a l’Égypte, médiateur traditionnel entre Israël et le Hamas, et d’autres États, comme le Qatar, potentiellement influents. Mais l’offensive inédite du Hamas contre Israël avec prise d’otages de civils et l’ampleur de la riposte compliquent les chances de succès d’une médiation, du moins à court terme.En quoi la magnitude de ce conflit et le contexte politique israélien...
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