MBZ en visite surprise au Qatar

Le président des Émirats arabes unis, Mohammad ben Zayed, a effectué une visite surprise au Qatar, où il s’est affiché avec l’émir Tamim al-Thani à l’occasion de l’Expo 2023 à Doha, placée sous le signe de l’horticulture avec quatre thèmes principaux : l’agriculture moderne ; la technologie et l’innovation ; la sensibilisation à l’environnement ; et la durabilité. Les deux dirigeants du Golfe ont assisté côte à côte à l’ouverture de l’événement, où les Émirats, le Qatar, l’Arabie saoudite, le Koweït, Oman, le GCC, la Turquie et l’Italie tiennent des pavillons. Il s’agit de la première visite de MBZ à Doha depuis la fin du blocus contre l’émirat gazier.

Dans une volonté manifeste de réchauffement avec son voisin, le président émirati a salué « le haut niveau d’organisation de l’exposition » ainsi que « l’objectif de l’Expo de servir de plate-forme d’innovation, d’engagement et de coopération » pour « identifier des solutions durables aux défis environnementaux », a rapporté l’agence de presse officielle émiratie WAM. Le président était accompagné d’une délégation de responsables, y compris les influents Mansour ben Zayed al-Nahyane, vice-président de la fédération, et Tahnoun ben Zayed al-Nahyane, conseiller à la sécurité nationale.

Surveillance médiatique

Le timing de cette exposition horticole internationale, organisée dans un pays au climat désertique, coïncide presque avec la tenue de la COP28 à Dubaï fin novembre. Ayant à cœur de se présenter comme un pionnier de la lutte contre le changement climatique dans la région, Abou Dhabi devait publiciser sa présence de façon appuyée. « Les Émirats arabes unis font l’objet d’une intense surveillance médiatique à propos de la COP28 et Abou Dhabi espère que la présence de MBZ à l’exposition horticole de Doha lui sera favorable, explique Sami Hamdi, fondateur du cabinet de conseil en géopolitique The International Interest. Ils estiment également que les médias qataris continuent de nuire à leur image à l’étranger et les Émirats espèrent sans doute un assouplissement de leur couverture négative, de la même manière que le Qatar l’a fait pour l’Arabie saoudite. »

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Cette visite s’inscrit également dans un contexte de tensions croissantes sur un certain nombre de dossiers régionaux entre MBZ et le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane. Par son activisme diplomatique et la modernisation à marche forcée de son royaume, MBS est parvenu à se positionner comme un acteur géopolitique incontournable au Moyen-Orient. Alors que Riyad et Doha se rapprochent depuis que MBS a unilatéralement décidé de mettre fin au blocus en janvier 2021, MBZ doit éviter de rester dans l’ombre. Le président émirati avait ainsi reçu en janvier dernier l’émir al-Thani à Abou Dhabi pour une première rencontre publique depuis la fin du blocus, ainsi que le roi Abdallah de Jordanie, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le roi Hamad al-Khalifa de Bahreïn et le sultan Haïtham ben Tarek de Oman. Une réunion à laquelle MBS a brillé par son absence.

Relation abîmée 

Il s’agit aussi de consolider la relation entre les Émirats et le Qatar, abîmée par le blocus impulsé par Abou Dhabi en 2017, suivi par d’autres pays de la région, dont l’Arabie saoudite. Après la fin de l’embargo imposée par Riyad lors des accords d’al-Ula, la fédération émiratie avait suivi le mouvement à contrecœur, normalisant ses relations avec le Qatar dans la foulée. Signe d’une méfiance persistante, les deux pays n’ont rouvert leurs ambassades respectives que le 19 juin dernier, soit un an et demi après la fin du blocus.

Un autre signe témoigne de ce scepticisme ambiant. Malgré une poignée de main chaleureuse entre l’émir Tamim et MBZ au départ de ce dernier sur le tarmac de l’aéroport de Doha, le dirigeant émirati est arrivé et reparti le même jour. « Ce qui suggère, note Sami Hamdi, que les liens restent glaciaux malgré les progrès réalisés dans le rétablissement des ambassadeurs. »