Dossiers Poésie

Beyrouth : bruit de mots fleuris

Beyrouth : bruit de mots fleuris

Il était fatal que ce festival rencontrât la poésie, ayant eu pour bonheur principal d’échapper au confinement des Salons pour se jeter, amoureusement et à bras le corps, dans le corps de la ville ! L’édition 2023 de cette fête du livre, en effet, donnera à écouter, mais aussi à voir et à toucher, des lieux et des poètes, des lectures, des signatures et des performances, qui auront les mots d’amour et de colère en partage, un festin des sens.

Autrice de nombreux ouvrages dont Le Retour de Lilith en 2004 et Superman est un Arabe en 2012, Joumana Haddad a décidé avec courage et clarté de tordre le cou aux tabous, en particulier ceux de la sexualité et de la domination masculine dans nos sociétés religieuses. Fondatrice de Jasad qui signifie corps, elle dénonce les atteintes aux droits des femmes et de la liberté.

Sofía Karámpali Farhat revient au Liban après l’avoir quitté à l’âge de dix-huit ans, les odeurs entêtantes et sensuelles du Zaatar de sa grand-mère et de sa terre natale ayant mué en poèmes d’exil, pieds de nez aux frontières traversées. Trois cartes de visite dans son recueil : la laïcité de son père, Etel Adnan et Lokman Slim.

Plusieurs fois lauréate de prix littéraires et de concours, (Dessine-moi un proverbe, Refuge, Si j’avais un cèdre), Caroline Torbey est victime de l’infernale explosion du port de Beyrouth qu’elle relate dans Éclat d’une vie en 2021. Elle participe à de nombreuses publications dont Les Moments littéraires, les diaristes libanais.

Caméléon sacré et Métamorphoses sont les titres que Sana Richa Choucair signera à Dar El-Nimer dans le cadre de l’Itinéraire littéraire du samedi 7 octobre. Cette thématique commune aux deux recueils, celle de la transformation, de la transfiguration, illustre bien ce que la poésie opère en elle.

Fady Noun dont le style est familier aux lecteurs de L’Orient-Le Jour, sera lui aussi présent à Dar El-Nimer lors de l’itinéraire littéraire pour signer son recueil Terre promise, récemment paru chez Calima et qui forme un récapitulatif du travail et de l’expérience du poète.

Claire Nawfal qui a publié en janvier 2023 Poèmes à Joya, enchantera les enfants des classes primaires à la bibliothèque publique avec ses comptines grâce auxquelles ils apprendront à grandir en déclinant des mots qui dansent.

En collaboration avec l’Association Assabil qui a pour mission la « Culture pour tous » et pour toutes, huit poètes animeront une soirée intitulée « Le jardin des mots », le jeudi 5 octobre de 19h30 à 22h, à Geitawi :

La poétesse Nidal Haddad dont les efforts louables en faveur de la francophonie l’ont conduite à fonder la maison d’édition Calima. Khadija Issa qui est un exemple vivant de la pérennité de la langue française dans notre pays. Des extrémités du Liban où elle vit, ses poèmes sont aussi prometteurs que son jeune âge. Enfant prodige de la littérature libanaise, Nadim Bou Khalil, « prince de la métaphore » compte un nombre impressionnant de créations dans son œuvre à la fois musicale et poétique. Dans ses romans (Les Beaux Jours de Kayan) comme dans sa poésie, Michèle Gharios garde un œil vigilant et percutant sur le destin de son pays et la souffrance de son peuple. Son dernier recueil Nous n’irons plus en Nostalgie paraît aux Éditions Noir et blanc. Corinne Boulad épouse la cause du soulèvement de 2019 qu’elle chronique dans Lettres à mon père parues aux Éditions Oser dire en 2020. Performeuse, des vidéos de ses poèmes en musique seront projetées dans le jardin des Jésuites. Actrice de théâtre à la voix poétique, Zalfa Chelhot lira des extraits du dernier recueil d’Antoine Boulad, Journal de débordement, qui confond amour et révolution. La poésie arabe qui a son ténor Adham al-Dimashki pour scander ses stances, entre tendresse et rébellion, n’est pas en reste. Le Festival du livre an II verra également des poètes zajal de la tradition orale et populaire donner libre cours à leurs joutes oratoires.

Aux lecteurs de se laisser conter fleurette dans ces jardins sauvages, caressés par des vents doux !

En droit de s’auto-féliciter – une fois n’est pas coutume ! – L’Orient-littéraire maintient le cap alors que de nombreux magazines en France ont perdu le nord : les recueils du plus grand nombre parmi les poètes invité.e.s du Festival ont déjà été chroniqués dans ses pages.

Antoine Boulad

La poésie au festival :

Un jardin de mots : lectures et joutes poétiques, jeudi 5 octobre à 19h30, Bibliothèque publique de Geitawi – Assabil.

Il était fatal que ce festival rencontrât la poésie, ayant eu pour bonheur principal d’échapper au confinement des Salons pour se jeter, amoureusement et à bras le corps, dans le corps de la ville ! L’édition 2023 de cette fête du livre, en effet, donnera à écouter, mais aussi à voir et à toucher, des lieux et des poètes, des lectures, des signatures et des...

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