Une vidéo d'un homme armé qui a été arrêté dimanche par l'armée en pleine rue à Jounieh, principale ville côtière du Kesrouan située à 20 km au nord de Beyrouth, a circulé en masse sur les réseaux sociaux, et a été confirmée par une source sécuritaire à notre publication. L'arrestation musclée de cet individu par une poignée de militaires qui l’ont immobilisé au sol a eu lieu sur le rond-point de la place de Jounieh, à quelques centaines de mètres de la municipalité. Une autre vidéo montre l’homme brandissant une arme à feu en plein milieu du même rond-point, sur fond d'un hymne milicien diffusé par un haut-parleur, tandis qu'un deuxième homme, un agent de la municipalité selon sa tenue, le regarde passer sans réagir.
استفاقت احدى ساحات #جونية على حدث غير مألوف، شاب مُسلّح قرب متراس من عدة اكياس رمل، واعلام القوات والكتائب والاحرار وأغاني حماسية.. حديث عن اطلاقه بضعة عيارات نارية في الهواء.. استنفار للجيش ومخابراته .. ومن ثم إطباق على الشاب المسلّح والقاء القبض عليه دون مقاومة ظاهرة..
— Marwan Matni ?? (@marwanmatni) September 17, 2023
حادثة… pic.twitter.com/9QUjxyyMQ2
De même source, on indique que les détails de l'incident font toujours l'objet d'une enquête. Un témoin qui travaille dans un supermarché situé sur la même place a affirmé à L'Orient-Le Jour que la scène s'est déroulée bien avant 10h du matin, heure à laquelle les portes du commerce ont été ouvertes.
« Le pire est à venir »
Selon un communiqué de l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), l'homme appréhendé est né « en 1985 à Rmeil-Achrafieh » et a menacé de se « tirer dessus » si les médias ne venaient pas couvrir la scène. Plus tard dans la journée, l'armée libanaise a publié un communiqué dans lequel elle indique avoir arrêté le citoyen J.H. pour avoir « tiré en l'air », « terrorisé » les habitants du quartier. « Il était en possession d'une (...) Kalachnikov, de 16 grenades, d'une grande quantité de munitions militaires, d'équipements militaires et de drapeaux partisans », a encore précisé l'armée libanaise.
Cet incident inédit a fait beaucoup réagir sur les réseaux sociaux. L’un des commentaires les plus incisifs a été rédigé sur X (ex-Twitter) par le cheikh Hassan Merheb, inspecteur général adjoint de Dar el-Fatwa, plus haute autorité sunnite au Liban. Le dignitaire religieux a en effet directement accusé les partis politiques chrétiens, plus spécifiquement les Forces libanaises (FL) de Samir Geagea et les Kataëb de Samy Gemayel, d’être au moins indirectement responsables de cet incident. Plusieurs internautes sur les réseaux sociaux ont fait remarquer que, sur les vidéos, on pouvait voir que l'homme armé avait planté un drapeau des FL juste à côté du drapeau libanais sur le rond-point. « Ce qui s’est passé ce matin sur la place de Jounieh en raison de l’excès d’incitation et de provocation de la part des FL et des Kataëb n’est qu’un début et le pire est à venir », a lancé le cheikh, suggérant que le même type d’incident aurait provoqué beaucoup plus d’émoi si « l’un de nos jeunes » s'est comporté de la même manière, sans préciser explicitement s’il faisait référence aux seuls sunnites ou à l’ensemble des communautés musulmanes du pays. Il a enfin appelé les services de sécurité à « au moins révéler ceux qui ont incité et armé » l’homme en question.
La sortie du cheikh intervient dans un contexte particulier de vacance présidentielle, qui se poursuit depuis près d'un an. Le dossier des migrants syriens entrant clandestinement dans le pays et des affrontements entre les factions armées dans les camps palestiniens ont également alimenté les tensions confessionnelles dans le débat public.
So, when a group of armed Shia terrorists from tayouneh walk towards Christian areas and provoke inhabitants by shooting at them the army does not get involved, but when 1 Christian person in a Chirstian area holds a weapon and stands with no provocation against locals is beaten and arrested. Great hypocrisy! It looks like the law only applies to Christian inhabited areas!
17 h 04, le 20 septembre 2023