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Politique - Liban

Les factions coupent court à l'apaisement à Aïn el-Héloué, 7 morts

Un commandant du Fateh tué.

Les factions coupent court à l'apaisement à Aïn el-Héloué, 7 morts

Des dégâts visibles sur la façade d'une école du camp palestinien de Aïn el-Héloué, le 18 août 2023. Photo Mohammad Yassine

L'apaisement n'aura été que de courte durée dans le camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Héloué, où les combats font rage depuis jeudi dernier entre le mouvement Fateh et des groupes de combattants islamistes. Les affrontements ont fait 24 blessés et sept morts, dont un commandant du Fateh. Réagissant à son décès, un responsable médias du mouvement a estimé « qu'il y a une décision régionale et étrangère visant à semer la discorde à l'intérieur du camp pour mettre en œuvre le projet destructeur et de déplacement contre notre peuple ».

Après un cessez-le-feu respecté par les différentes parties dans la matinée mercredi, à la suite d'une réunion entre le Hamas et le Fateh, les affrontements ont repris dans l'après-midi. Des tirs de roquettes ont été échangés entre le mouvement Fateh et les combattants du groupe « La jeunesse musulmane » (al-Chabab al-Moslem) sur le front des quartiers de Hattine, Ras el-Ahmar et Jabal el-Halib, en violation d'un cessez-le-feu décrété la veille. Une source palestinienne a rapporté à L'Orient-Le Jour que le mouvement Fateh avait lancé une attaque contre les positions du groupe « La jeunesse musulmane » dans le quartier de Hattine, mais que cette tentative avait échoué. Selon cette source, l'attaque a entraîné la mort de deux membres du Fateh et de plusieurs autres blessés. Des roquettes sont également tombées dans le quartier de Taamir provoquant des incendies. Des résidents du camp se sont réfugiés dans la mosquée al-Moussalli.

Le directeur du Croissant-Rouge palestinien a indiqué à L'Orient-Le Jour que les combats violents à Aïn el-Héloué ont fait mercredi 7 morts et 24 blessés. Parmi les morts, se trouve Khaled Abou el-Naaj, un commandant du Fateh. Un membre du Jihad islamique, Ibrahim al-Mongoule, a été blessé par les fragments d'une roquette au niveau de la jambe et a été soigné dans le camp.

Aussi, le Croissant-Rouge palestinien a annoncé que deux de ses secouristes ont été blessés. L'organisation a toutefois assuré qu'elle continuait d'opérer dans le camp. L'hôpital al-Nida al-Insani, situé à l'intérieur du camp, ainsi que l'hôpital al-Hamchari, situé à 500 mètres du camp, ont lancé des appels urgents pour des dons de sang afin de soigner les blessés. 

Depuis jeudi dernier, 17 personnes ont été tuées et 130 ont été soignées dans les hôpitaux de la région. 

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La municipalité de Maghdouché a publié un communiqué appelant les habitants du village à « être prudents ». Le texte regrette « que les citoyens n'aient pas respecté les instructions et les avertissements des forces de sécurité et se rassemblent à l'entrée du quartier de Notre-Dame de l'Attente (Saydet el-Mantara) pour assister aux affrontements dans le camp de Aïn el-Héloué ».

« Promesses dénuées de sens »

Le cessez-le-feu avait été annoncé après une réunion lundi sous l'égide de la Sûreté générale libanaise, et relativement respecté après un communiqué commun publié par le Hamas et le Fateh, à la suite d'une réunion. Dans ce texte, les deux rivaux ont annoncé leur engagement en faveur d'un cessez-le-feu et lancé un énième appel à remettre les suspects de l'assassinat du chef de la sécurité du camp affilié au Fateh, Abou Achraf al-Armouchi, tué fin juillet. Le Fateh était représenté à la réunion par une délégation dirigée par Azzam el-Ahmad, membre du comité central de cette formation, arrivé à Beyrouth hier. Le vice-président du Hamas, Moussa Abou Marzouk, dépêché au Liban pour tenter de gérer la situation, a également participé à la réunion.

Une délégation du Hamas, conduite par M. Abou Marzouk, s'est également entretenue avec le directeur de la Sûreté générale par intérim, le général Élias Baïssari, le mufti de la République Abdellatif Deriane, et le secrétaire général de la Jamaa Islamiya, le cheikh Mohammad Taqouch. Elle a souligné la nécessité pour toutes les parties de continuer à déployer des efforts pour maintenir le cessez-le-feu, assurant que le Hamas tient à la sécurité au Liban. Le Hamas a aussi demandé que les combattants soient retirés du camp, que les déplacés y retournent et que les personnes recherchées soient livrées. Moussa Abou Marzouk a aussi affirmé avoir conclu avec le Fateh un accord de coordination entre les factions et les forces palestiniennes. 

Sur X (ex-Twitter), Moussa Abou Marzouk a vivement critiqué « la destruction du camp au prétexte de la lutte contre le terrorisme, sans que cela n'aboutisse à des résultats significatifs concrets ». « Nous avons déployé d'importants efforts pour venir en aide à ceux qui sont en difficulté, mais les promesses qui nous ont été faites semblent dénuées de sens », a-t-il ajouté.

« Mesures nécessaires »
A l'issue de leur réunion, le Hamas et le Fateh ont également confirmé la décision de l'Autorité palestinienne d'action commune de remettre les personnes suspectées d'avoir assassiné Abou Achraf al-Armouchi et ses compagnons, ainsi que [l'islamiste] Abdul Rahman Farhoud à la justice libanaise « pour qu'elle prenne les mesures nécessaires à leur égard ». Le Hamas et le Fateh ont convenu de faciliter le retour des déplacés dans leurs foyers, d'évacuer les écoles occupées par les combattants le plus rapidement possible afin de les réparer.

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Par ailleurs, une réunion a eu lieu mercredi en journée au Grand Sérail, entre le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, Azzam Ahmad, membre du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), l'ambassadeur palestinien à Beyrouth, Achraf Dabbour, le secrétaire général du Fateh, Fathi Abou el-Ardate, et de hauts responsables sécuritaires libanais, notamment le commandant en chef de l'armée libanaise et le directeur général par intérim de la Sûreté générale. A l'issue de la réunion, M. Ahmad a affirmé à la presse que selon lui « des éléments terroristes hors-la-loi restent déterminés à violer le cessez-le-feu et à continuer de tirer de manière aléatoire, comme si quelqu’un leur donnait pour instructions de faire exploser la situation sécuritaire dans le camp, mais aussi à Saïda ». « Les conditions politiques et économiques actuelles au Liban et la vacance présidentielle ne doivent pas être exploitées pour porter atteinte au Liban », a-t-il ajouté. Il a en outre rappelé qu'un délai avait été fixé pour que soient remis à la justice les suspects de l'assassinat d'un cadre sécuritaire du camp, affilié au Fateh et que « toutes les options » étaient possibles pour assurer que cette question soit résolue.

Interrogé par l'Ani, Youssef Zarii, un responsable médias du Fateh, a affirmé que « le mouvement s'engage à respecter ce qui a été convenu aujourd'hui au Sérail, à savoir accorder un délai aux groupes terroristes et exercer des pressions afin que soient livrées les personnes recherchées dans l'assassinat d'Abou Achraf al-Armouchi et de ses camarades ». « Il est devenu évident qu'il y a une décision régionale et étrangère visant à semer la discorde à l'intérieur du camp pour mettre en œuvre le projet destructeur et de déplacement contre notre peuple », a-t-il également dit. Evoquant les combats de mercredi, M. Zarii, a affirmé que les positions du Fateh « ont été attaquées aujourd'hui par des forces terroristes, ce qui a contraint nos éléments à réagir ». « Aucun progrès n'a été réalisé par les deux parties », a-t-il toutefois indiqué. 

Les premiers affrontements entre le Fateh et les groupes islamistes ont éclaté dans le camp à la fin du mois de juillet. Depuis, les combattants des factions rivales se sont positionnés dans les écoles d'Aïn el-Héloué. Après les premiers affrontements, un cessez-le-feu a été conclu entre les parties et a duré plus d'un mois.

L'apaisement n'aura été que de courte durée dans le camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Héloué, où les combats font rage depuis jeudi dernier entre le mouvement Fateh et des groupes de combattants islamistes. Les affrontements ont fait 24 blessés et sept morts, dont un commandant du Fateh. Réagissant à son décès, un responsable médias du mouvement a estimé « qu'il...

commentaires (6)

Que font tous les chefs de différentes organisations terroristes dans les camps des réfugiés et pourquoi sont ils armés alors qu’ils se trouvent sur un territoire libanais qui accepter d’accueillir des réfugiés en attendant qu’ils libérèrent leur pays au lieu de s’en prendre à notre armée et à leurs compatriotes déjà démunis et sans défense? C’est quoi ce souk? Tous dehors et que seuls des réfugiés non armés, sous le contrôle de l’état et en quantité restreinte soient autorisés sur notre sol. Ils sont la uniquement pour être utilisés comme une bombe à retardement par tous les vendus à des fins stratégiques et destructrices le moment venu.

Sissi zayyat

10 h 20, le 15 septembre 2023

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Commentaires (6)

  • Que font tous les chefs de différentes organisations terroristes dans les camps des réfugiés et pourquoi sont ils armés alors qu’ils se trouvent sur un territoire libanais qui accepter d’accueillir des réfugiés en attendant qu’ils libérèrent leur pays au lieu de s’en prendre à notre armée et à leurs compatriotes déjà démunis et sans défense? C’est quoi ce souk? Tous dehors et que seuls des réfugiés non armés, sous le contrôle de l’état et en quantité restreinte soient autorisés sur notre sol. Ils sont la uniquement pour être utilisés comme une bombe à retardement par tous les vendus à des fins stratégiques et destructrices le moment venu.

    Sissi zayyat

    10 h 20, le 15 septembre 2023

  • Je croyais que seul le Hezbollah posait problème , mais l'hypocrisie continue 41 ans après Paix en Galilée , les Palestiniens sont toujours là et en armes . Certains pourraient penser que la solution c'était Sabra et Chatila !

    Yves Gautron

    20 h 40, le 14 septembre 2023

  • Vont-ils nous ficher le camp... ou les camps?

    Jacques Saleh, PhD

    01 h 12, le 14 septembre 2023

  • Désarmement total du camp. De Aïn El-Heloué.

    Mohamed Melhem

    23 h 15, le 13 septembre 2023

  • Il leur faut quoi pour comprendre au gouvernement ? Il n’y a pas d’alternative au désarmement des milices palestiniennes et des camps.

    K1000

    17 h 54, le 13 septembre 2023

  • Wow! Épatant de voir des réunions magiques pacifier des situations tragiques sans aucune logique!??!!! Et dire qu'ils n'ont pas le sens pratiques!... mais oui, ils l'ont

    Wlek Sanferlou

    11 h 32, le 13 septembre 2023

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