
L’émissaire spécial de l’Élysée pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, à Beyrouth le 25 juillet 2023. Photo Nabil Ismaïl
L’émissaire de l’Élysée pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, entame ce mardi sa troisième tournée auprès de tous les protagonistes politiques (ainsi que du patriarche maronite Béchara Raï et du commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun) en quête d’un déblocage de la présidentielle. Une mission d’autant plus compliquée que plusieurs composantes de l’opposition ont déjà exprimé leur refus de répondre par écrit au questionnaire envoyé en amont et censé paver la voie à un dialogue avec le Hezbollah autour du scrutin. Selon les informations de notre journal, ce camp a mandaté le député Michel Moawad, qui a donné une réponse officielle orale (via l’ambassade de France à Beyrouth) aux questions de l’ex-chef de la diplomatie française. Que dira donc chacun des protagonistes au diplomate français ? L’Orient-Le Jour fait le point.
Le Courant patriotique libre
Tous les regards sont braqués sur le chef du CPL, Gebran Bassil, qui, tout en appuyant le candidat de l’opposition Jihad Azour, négocie avec le Hezbollah et se dit ouvert à la démarche de l’émissaire français qu’il recevra chez lui. « Nous ne fermons pas la porte au dialogue autour du profil du président et son programme (la stratégie de défense et les réformes économiques et politiques) », affirme la vice-présidente du CPL pour les affaires politiques, Martine Najem Koteily. « Nous voulons aussi un dialogue bien défini dans le temps qui déboucherait sur des séances électorales successives », dit-elle, reprenant les grandes lignes de l’appel au dialogue lancé par le président du Parlement, Nabih Berry, salué dans un premier temps par M. Bassil puis critiqué et qualifié de « traditionnel ». « Il y avait des points (dans l’initiative de M. Berry) à clarifier », se contente d’expliquer Mme Koteily.
Les Forces libanaises
Le chef des FL, Samir Geagea, devrait s’entretenir avec Jean-Yves Le Drian à Meerab. L’occasion pour le parti dont le groupe parlementaire n’a pas répondu par écrit au questionnaire français de réitérer sa position traditionnelle : « Non au dialogue tel que conçu par Nabih Berry et les Français. Nous appellerons Paris à remettre les pendules à l’heure et presser pour le respect du processus démocratique », déclare Gayath Yazbeck, député FL de Batroun. Et d’abonder : « Nous ne voulons pas consacrer la coutume selon laquelle toute présidentielle devrait passer par le purgatoire du dialogue avec le Hezbollah. Et la France ne peut pas nous demander de faire fi des mécanismes constitutionnels. » « Nous attendons aussi de voir ce qu’il pourrait proposer pour sortir de l’impasse », conclut Gayath Yazbeck.
Les Kataëb
Au même titre que les FL, les Kataëb ont refusé de suivre la démarche française. À leurs yeux, le président de la République devrait être élu à l’issue d’un processus démocratique. Et c’est à lui de gérer un dialogue national portant sur les sujets conflictuels, dont l’arsenal du Hezbollah. Cette position, le chef du parti, Samy Gemayel, devrait l’exprimer devant M. Le Drian au siège des Kataëb à Saïfi. « Nous n’allons pas jouer le jeu d’un dialogue dont les résultats sont connus », tranche Élias Hankache, député Kataëb. « Mais cette fois-ci, nous allons plus loin. Nous demanderons à la communauté internationale de nous aider à libérer le pays pris en otage », ajoute-t-il, dans une pique au Hezbollah.
Le Parti socialiste progressiste
Le PSP joue la carte du juste milieu. Tout en soutenant le candidat de l’opposition, il rejoint Nabih Berry dans son appel au dialogue. « Nous sommes pour des concertations élargies sans conditions préalables pour élire une figure qui ferait l’objet d’une entente », déclare Hadi Aboul Hosn, député joumblattiste, rappelant que le chef du PSP, Taymour Joumblatt, avait exprimé ce point de vue devant l’envoyé de l’Élysée lors de leur réunion à la Résidence des Pins, en juillet. Cette fois-ci, l’entretien aura lieu à Clemenceau (résidence du leader druze Walid Joumblatt, père de Taymour), confie une source diplomatique française. Le PSP a cependant tenu à démentir dans un communiqué de presse paru lundi les fuites médiatiques selon lesquelles Taymour Joumblatt et son père refuseraient de se rendre à la Résidence des Pins pour la réunion avec M. Le Drian.
Le tandem chiite
Le duo Amal-Hezbollah était un des premiers à se féliciter de la démarche de Jean-Yves Le Drian, vue comme un signe de convergence entre la vision de la France et celle du camp du 8 Mars, à savoir que toute solution politique au Liban passe par un dialogue élargi. D’où l’initiative lancée par le chef du législatif, mais rapidement boudée par les opposants. Mais Nabih Berry ne baisse pas les bras et estime que sa démarche « complète celle de M. Le Drian », pour reprendre ses propos relayés lundi par la presse locale. « Nous attendons simplement de voir ce que proposera le diplomate français », dit un proche de Aïn el-Tiné. De son côté, le Hezbollah n’a pas répondu à nos appels.
La contestation
Seuls quelques députés de la contestation se réuniront avec le diplomate français autour d’un déjeuner mercredi. Il s’agit de Paula Yacoubian, Najat Aoun, Yassine Yassine, Firas Hamdane et Ibrahim Mneimné. « Nous avons convié les personnalités qui ont répondu de manière constructive au questionnaire », explique la source diplomatique française. « La Constitution libanaise n’évoque pas le dialogue mais les tours successifs. Nous allons donc réitérer notre appel à l’élection d’un président à la faveur d’un procédé démocratique, loin des interférences étrangères », confie Mme Yacoubian à L’OLJ.
commentaires (11)
CORRIGE ! - MON COEUR EST NOIR. J,ENTREVOIE, - LE CALVAIRE COMME VOIE, - SUR LAQUELLE LE LIBAN, - VERSERA LARMES ET SANG.
LA LIBRE EXPRESSION
14 h 40, le 12 septembre 2023