Rechercher
Rechercher

Société - Affaire Salamé

La chambre d’accusation de Beyrouth se défend d’entraver l’enquête

La juridiction veut se désister de la procédure suite à des critiques selon lesquelles elle aurait facilité l’action en responsabilité de l’État portée contre elle par l’ancien gouverneur de la BDL.

La chambre d’accusation de Beyrouth se défend d’entraver l’enquête

Le président de la chambre d’accusation de Beyrouth, Maher Cheaïto. Photo DR

La chambre d’accusation de Beyrouth a adressé jeudi au premier président de la cour d’appel de Beyrouth, Habib Rizkallah, une demande de désistement du dossier Riad Salamé, suite à l’action en responsabilité de l’État portée contre elle mardi par l’ancien gouverneur de la BDL devant l’assemblée plénière de la Cour de cassation.

La chambre d’accusation entend se désister de l’examen du recours en appel présenté devant elle le 2 août par la cheffe du contentieux de l’État, Hélène Iskandar, contre le juge d’instruction de Beyrouth, Charbel Abou Samra, à qui la magistrate reproche d’avoir maintenu en liberté M. Salamé après l’avoir interrogé ce jour-là.

Légalement, l’enregistrement d’une action en responsabilité de l’État au greffe de l’assemblée plénière entraîne immédiatement une levée de la mainmise sur le dossier examiné par la juridiction visée. Cette action est à l’heure actuelle abusivement utilisée dans nombre d’affaires (double explosion au port de Beyrouth, corruption, etc.) pour entraver le cours de la justice. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’assemblée plénière en question ne peut se réunir depuis qu’en mars 2022 elle a perdu son quorum à cause du départ à la retraite de six de ses dix membres, qui ne sont pas près d’être remplacés au vu des désaccords politico-confessionnels autour des permutations judiciaires...

« Un scandale »

Présidée par Maher Cheaïto et composée en outre de Joseph Bousleiman et Christelle Melki, la chambre d’accusation n’était nullement tenue de demander à se désister, puisque la loi impose son dessaisissement du simple fait que l’action en responsabilité a été déposée au greffe. Mais c’est pour mettre fin aux critiques lancées par plusieurs parties, selon lesquelles elle aurait pu statuer mardi sur le recours de la juge Iskandar avant que l’action de M. Salamé ne l’en dessaisisse, que la chambre a formulé expressément sa demande. Les critiques se fondent sur le fait que cette juridiction, qui avait ouvert son audience à 11 heures, avait attendu jusqu’à 13 heures, le temps que l’avocat de l’ancien gouverneur rectifie une erreur de procédure pour faire valider son action en responsabilité. D’où le sentiment chez les critiques que la chambre d’accusation aurait délibérément perdu deux heures en attendant que l’avocat de Riad Salamé accomplisse sa démarche. 

Le vice-président des Forces libanaises, Georges Adwan, lui-même avocat, a ainsi écrit que ce qui s’est passé lors de l’audience de mardi constitue « l’un des plus gros scandales que le Palais de justice ait connus ».

Dans la demande de désistement dont L’Orient-Le Jour a consulté une copie, les membres de la chambre d’accusation expriment leur « embarras » face à « la nature » de l’action de l’ancien gouverneur. « En vue du bon fonctionnement du cours de la justice, et dans le but d’empêcher l’obstruction des investigations, à l’ombre d’une assemblée plénière incomplète, nous proposons de nous désister de l’affaire », ont-ils déclaré. Une source de la chambre d’accusation affirme à L’OLJ que la loi lui permet d’attendre indéfiniment que l’assemblée plénière statue sur l’existence de « fautes graves », soulignant qu’elle ne l’a pas fait pour laisser la latitude au juge Rizkallah de la remplacer par une autre chambre.

La chambre d’accusation, dont la composition change durant les vacances judiciaires, était composée le 2 août de trois autres magistrats (Mireille Mallak, Fatima Majed et Mohammad Chéhab), qui avaient eux-mêmes accepté le recours de Mme Iskandar et convoqué l’ancien gouverneur de la BDL, mais sans succès. Ceux qui leur ont succédé, sous la présidence du juge Sami Soudki, à partir du 9 août, ont à leur tour tenté de notifier M. Salamé pour une audience fixée au 29 août, mais n’ont finalement pu le faire que par affichage. Le jour de l’audience, ce dernier a ciblé par l’intermédiaire de son avocat tous les juges qui ont assuré la permanence de la chambre d’accusation entre le 2 et le 29 août.

« Le remplacement des juges Cheaïto, Bousleiman et Melki ne devrait pas pour autant réactiver l’enquête sur l’affaire Salamé », estime toutefois un magistrat haut placé. Selon nos informations, l’ex-gouverneur compte d’ailleurs intenter la même action contre toute chambre d’accusation qui se pencherait sur le recours de Mme Iskandar. Pour le juge précité, le seul moyen d’assurer la bonne marche de la justice sur ce plan est d’amender la loi actuelle qui donne le pouvoir à tout justiciable de faire arrêter quand il le désire une procédure qui lui semble défavorable. Exactement comme ce qui se passe dans la procédure sur l’affaire de l’explosion du 4 août 2020...

La chambre d’accusation de Beyrouth a adressé jeudi au premier président de la cour d’appel de Beyrouth, Habib Rizkallah, une demande de désistement du dossier Riad Salamé, suite à l’action en responsabilité de l’État portée contre elle mardi par l’ancien gouverneur de la BDL devant l’assemblée plénière de la Cour de cassation.La chambre d’accusation entend se désister...
commentaires (8)

C'est tres facile d'arreter la justice, puisque l'amende est tres baisse, contre l' abus du droit de plaiser, a 500 000 livres libanaise, on peux suspender la justice....

Tony El Debs

15 h 31, le 01 septembre 2023

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • C'est tres facile d'arreter la justice, puisque l'amende est tres baisse, contre l' abus du droit de plaiser, a 500 000 livres libanaise, on peux suspender la justice....

    Tony El Debs

    15 h 31, le 01 septembre 2023

  • L'etat de deliquecence de la justice Libanaise est maintenant patent. Les juges vereux auront beau se livrer a leurs singeries, c'est en pure perte. Plus personne ne leur fait confiance.

    Michel Trad

    13 h 32, le 01 septembre 2023

  • SALAME : SI ON VEUT ME JUGER J,OUVRIRAI LA BOUCHE. BONNE RAISON A EFFRAYER POUR QU,ON SE TIENNE COI.

    LA LIBRE EXPRESSION SE DECONNECTE

    11 h 42, le 01 septembre 2023

  • République Bananière : A force d’être politisée, la justice libanaise a été transformée afin de protéger les crimes des politiques... et arrêter leurs opposants !!!

    Hanna Philipe

    09 h 59, le 01 septembre 2023

  • Quels faux-jetons . Complices de plus !

    LeRougeEtLeNoir

    08 h 28, le 01 septembre 2023

  • Calmez vous Monsieur Adwan. Vous n'avez réussi qu'à hausser la voix inutilement, et on n'a rien gagné de votre présence à la présidence de la commission de justice. Vous n'êtes pas plus intelligent que Salamé qui sait bien que Madame Iskandar a abusé de sa fonction, et a elle même compliqué cette affaire en empêchant le juge AbouSamra de continuer son travail. Du calme.

    Esber

    06 h 28, le 01 septembre 2023

  • Every accused who can afford a good lawyer can indefinitely stop the judge presiding over his case from continuing the proceedings? The political establishment has found a loophole in existing legislations to paralyze the judiciary and evade any accountability in all major crimes be it the Port of Beirut explosion or the theft of the Century that has disposessed millions of Lebanese of their savings and transferred their wealth to a few thousand politically exposed persons and their circles of influence. The loophole in the law that enables suspending Justice indefinitely must be closed and the law should revised in Parliament. We will not be silent. This egregious obstruction of justice by the political establishment must end.

    Mireille Kang

    05 h 15, le 01 septembre 2023

  • De la poudre aux yeux qui a réussi.a nous aveugler instantanément mais pas définitivement.

    Mohamed Melhem

    23 h 31, le 31 août 2023

Retour en haut