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Sport - Automobile

Felipe Massa attaque la FIA en justice pour récupérer son titre « volé »

Le pilote brésilien a récemment porté plainte contre l’instance mondiale de l’automobile pour contester les résultats du championnat du monde en 2008 après les révélations d'une tricherie organisée lors du Grand Prix de Singapour.

Felipe Massa attaque la FIA en justice pour récupérer son titre « volé »

Felipe Massa lors de la saison 2008 sous les couleurs de Ferrari. Photo d'archives AFP

Près de quinze ans après les faits, Felipe Massa n’a visiblement toujours pas digéré. L’ancien pilote brésilien a décidé de poursuivre en justice la Fédération internationale de l’automobile (FIA) dans le but de contester les résultats du championnat du monde de Formule 1 de 2008. Une saison parmi les plus serrées de l’histoire au terme de laquelle il était arrivé deuxième, un point derrière Lewis Hamilton.

Né le 25 avril 1981, Felipe Massa est un ancien pilote de formule 1 brésilien faisant carrière entre 2002 et 2017. Il a remporté 11 victoires en Grand Prix, mais n’a jamais été champion du monde. En 2008, Massa était pilote chez Ferrari, tandis que Lewis Hamilton courait pour McLaren-Mercedes.

Cependant, le Brésilien a récemment révélé avoir entamé une action en justice contre la FIA et certains dirigeants de la F1. Il estime avoir été piégé dans un « complot » qui aurait compromis et impacté sa victoire finale lors de cette fameuse saison 2008.

Stefano Domenicali, actuel président de la F1 et Mohammad ben Sulayem, actuel président de la FIA (Fédération internationale de l’automobile) ont déjà reçu une lettre de la part des avocats de Felipe Massa.


« Crashgate » : le scandale du Grand Prix de Singapour 2008

Pour mieux comprendre le « complot » dont il est question, revenons au 28 septembre 2008, date du Grand Prix de Singapour, la 15e manche de la saison.

À cette époque, le règlement n’était pas vraiment le même qu’aujourd’hui, notamment en ce qui concerne les arrêts aux stands. S’il était alors possible de sortir de la piste pour changer ses pneumatiques sous drapeau jaune (déployé par les commissaires de course pour indiquer aux pilotes la présence d’un danger sur la piste et leur demander de ralentir), cela était interdit sous le régime de la voiture de sécurité (utilisée pour freiner les voitures et permettre l’évacuation d’une voiture accidentée) au risque de se voir attribuer 10 secondes de pénalité.

Lors de ce Grand Prix de Singapour, dont c’était la première édition, Felipe Massa prend le départ en pôle position avec 77 points au compteur au classement général, juste devant son rival Hamilton, 2e sur la grille, et qui ne possède qu’une petite longueur d’avance au championnat avec 78 points.

Le scandale débute après douze tours, lorsque Fernando Alonso (Renault), alors onzième, décide de rentrer aux stands pour changer ses gommes. C’est un arrêt surprenant puisqu’il est effectué inhabituellement tôt dans la course. Puis, deux tours plus tard, son coéquipier Nelson Piquet Jr part en tête-à-queue avant de finir dans le mur. Le drapeau jaune est donc déployé, avant que la voiture de sécurité ne rentre sur la piste.

Les pilotes prennent alors l’initiative de rentrer aux stands tant qu’il en est encore temps, puisque c’est un arrêt considéré comme « gratuit » qui n’a pas vraiment d’impact sur le classement en course. Cependant, si certains parviennent à le faire sous drapeau jaune, d’autres rentrent sous le régime de la voiture de sécurité et écopent alors de 10 secondes de pénalité.

Désormais cinquième de la course, Fernando Alonso profite donc d’un avantage plus que conséquent sur les autres pilotes, puisqu’en ayant réalisé son arrêt aux stands juste avant le crash de son coéquipier Nelson Piquet Jr, il se retrouve aux avant-postes avec des pneus neufs. Un peu comme si l’Espagnol avait tout anticipé.

De son côté, Felipe Massa, pris de court par l’incident, décide d’attendre la sortie de la voiture de sécurité pour se ravitailler en essence et changer ses gommes. Sauf que ce passage est un fiasco complet pour le pilote Ferrari, dont les mécaniciens oublient d’ôter le tuyau d’essence fixé à la « Scuderia » de Massa au moment de le laisser repartir.


Un accident planifié

Ces derniers sont alors contraints de parcourir toute la voie des stands en courant pour retirer le tuyau. Une bévue qui entraîne une perte de temps colossale pour le Brésilien, qui se retrouve bon dernier de la course à son retour sur la piste.

Loin devant, se trouve donc Fernando Alonso, qui n’est plus devancé que par Robert Kubica (BMW Sauber), Giancarlo Fisichella (Force India), Jarno Trulli (Toyota) qui seront tous pénalisés de 10 secondes à l’arrivée, et enfin Nico Rosberg (Williams) qui ne s’était pas encore arrêté pour changer ses gommes.

Grâce à cette situation très favorable, Fernando Alonso prend rapidement la tête de la course et finit par remporter ce Grand Prix de Singapour. L’Espagnol devance Nico Rosberg et Lewis Hamilton sur la ligne d’arrivée, tandis que Felipe Massa ne terminera que treizième, sans marquer le moindre point au classement.

Mais le 21 septembre 2009, la FIA ouvre une enquête sur cette histoire qui leur a paru étrange. Finalement Renault a avoué que leur directeur, Flavio Briatore, leur ingénieur, Pat Symonds, ainsi que Nelson Piquet Jr avaient bien planifié l’accident en course pour pouvoir donner à Alonso une chance de gagner le Grand Prix.

Voici le verdict de la FIA : « À l'occasion d'une réunion extraordinaire du Conseil mondial du sport automobile tenue à Paris le 21 septembre 2009, ING Renault F1 Team a reconnu que l'équipe avait planifié avec son pilote Nelson Piquet Jr de causer délibérément un accident lors du Grand Prix de Singapour 2008, allant à l'encontre du Code sportif international et de la règlementation sportive de la F1. Renault F1 a déclaré lors de l'audience avoir mené une enquête interne qui a trouvé que Flavio Briatore, Pat Symonds et Nelson Piquet Jr avaient conspiré de causer un accident et qu'aucune autre personne de l'équipe n'était impliquée dans la manigance. »

L’écurie française et les acteurs du scandale ont alors écopé de grosses sanctions pour leurs agissements et le Grand Prix de Singapour devient alors : le scandale du Crashgate.

2023, un nouveau tournant dans l’affaire

Mais cette vieille affaire oubliée du grand public a été récemment ressortie du placard puisqu’il y a quelques mois, Bernie Ecclestone a avoué au journal F1Inside avoir eu connaissance du Crashgate dès la fin de la saison en 2008 : « Max Mosley et moi avons été informés au cours de la saison 2008 de ce qu’il s'était passé lors de la course à Singapour » avant d’ajouter : « Nous avons décidé de ne rien faire, nous voulions protéger le sport et le sauver d’un énorme scandale. »

Cette déclaration n’a pas plu du tout à Felipe Massa qui de ce fait, a décidé d’attaquer en justice la F1 et ses dirigeants et réclame des dommages à hauteur de 10 millions d’euros auprès de la FIA. Le pilote brésilien, devancé d’un petit point à l’issue du dernier Grand Prix de la saison par Hamilton, estime avoir été lésé par cet incident de course prémédité qui fut directement responsable de ce fameux arrêt au stand catastrophique l’ayant éjecté de la lutte pour le podium à Singapour.

Dans un premier temps, Felipe Massa devrait sûrement obtenir cette compensation financière. Et dans un second temps, Lewis Hamilton, vainqueur officiel du championnat du monde de 2008, pourrait être destitué de son titre qui serait alors remis au Brésilien, grâce à une annulation des points décernés à l’issue du Grand Prix de Singapour.

Mais une telle issue demeure hautement improbable et a très peu de chances d’aboutir car cette histoire date d’il y a quinze ans. Et surtout, comme Massa le concède lui-même dans une interview donnée à Motorsport : « Il y a une règle qui dit que lorsqu’un championnat est décidé, à partir du moment où le pilote reçoit le trophée de champion, les choses ne peuvent plus être changées, même s’il a été prouvé qu’il s’agissait d’un vol. »

Près de quinze ans après les faits, Felipe Massa n’a visiblement toujours pas digéré. L’ancien pilote brésilien a décidé de poursuivre en justice la Fédération internationale de l’automobile (FIA) dans le but de contester les résultats du championnat du monde de Formule 1 de 2008. Une saison parmi les plus serrées de l’histoire au terme de laquelle il était arrivé deuxième,...
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