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Moyen-Orient - Conflit

2023 en passe de devenir l'année la plus meurtrière pour les enfants palestiniens

Les forces israéliennes ont tué au moins 34 mineurs palestiniens depuis le début de l'année, selon un rapport d'Human Rights Watch. 

2023 en passe de devenir l'année la plus meurtrière pour les enfants palestiniens

Des soldats israéliens arrêtent un Palestinien lors d'un raid dans le village de Baita, en Cisjordanie occupée, le 21 août 2023. Photo d'illustration Jaafar Ashtiyeh/AFP

Après avoir déposé ses deux jeunes sœurs à l'école, Mahmoud al-Sadi, 17 ans, se dirige vers son lycée, Wadi Burqin, près du camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie occupée. Ce matin du 21 novembre 2022, le jeune Palestinien fait le trajet avec plusieurs de ses amis, quand ils entendent des tirs au loin. Les adolescents se mettent en sécurité, ils ne sont pas armés et ne disposent d'aucun projectile.

Les bruits s'estompent. Mais quelques minutes plus tard, un coup de feu tiré d'un véhicule militaire israélien à 100 mètres du jeune homme le touche, alors qu'il revenait dans la rue et que le raid israélien visait des habitations plus lointaines, selon les témoignages rapportés dans un rapport d'Human Rights Watch (HRW) paru le lundi 28 août 2023. Il aura eu à peine le temps de dire à un de ses camarades de classe qu'il était atteint, qu'il s'est écroulé raide mort. Un meurtre parmi d'autres. Le rapport de l'organisation de défense des droits de l'homme recense 35 cas de mineurs tués par les forces israéliennes en 2022. Un record en quinze ans.

Année(s) meurtrière(s)

Depuis le début de 2023, le nombre de jeunes Palestiniens tués est encore en hausse. HRW souligne que cette année serait en passe de devenir la plus meurtrière pour les enfants de Cisjordanie. À la date du 22 août, au moins 34 mineurs palestiniens avaient déjà été tués sous la main des forces de sécurité israéliennes. En 2022, ce chiffre avait été atteint en novembre, selon l'ONG Save The Children.

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Benjamin Netanyahu dirige actuellement le gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël. Pour son troisième mandat de Premier ministre, il mène une coalition qui rassemble son parti, le Likoud, des ultraorthodoxes et l'extrême droite. L'ultranationaliste ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a récemment revendiqué pour les juifs des droits supérieurs à ceux des Palestiniens en Cisjordanie occupée : « Mon droit, ainsi que celui de ma femme et de mes enfants, de circuler sur les routes de (Cisjordanie), est plus important que la liberté de circulation des Arabes. »

Un climat délétère, qui pousse non seulement les forces de l'ordre à multiplier les raids en Cisjordanie occupée, mais également les colons à attaquer des villages palestiniens. « Les forces israéliennes abattent de plus en plus fréquemment des enfants palestiniens vivant sous occupation », a déclaré Bill Van Esveld, directeur adjoint de la division droits de l’enfant à HRW, cité dans le rapport de l'organisation. « À moins que les alliés d’Israël, en particulier les États-Unis, ne fassent pression sur Israël pour qu’il change de cap, davantage d’enfants palestiniens seront tués. »

Pas d'avertissement avant les tirs

D'autant que les histoires individuelles, glaçantes, laissent pourtant souvent les victimes sans recours pour demander des comptes. De 2017 à 2021, moins d’un pour cent des plaintes pour violations commises par les forces armées israéliennes contre des Palestiniens, y compris des meurtres et d’autres abus, ont abouti à des inculpations, a rapporté fin décembre le groupe israélien de défense des droits Yesh Din.

Et la tendance semble s'accentuer, malgré les enquêtes officiellement lancées. Celle de Wadea Abu Ramuz est encore en cours. En janvier 2023, il a 17 ans lorsqu'il se fait tirer dessus dans le dos par des soldats israéliens à Jérusalem-Est, alors qu'il était parmi un groupe de jeunes qui lançaient des pierres et des feux d'artifice contre des véhicules de la police des frontières. Les forces de sécurité ont refusé à la famille l'accès à la chambre d'hôpital dans laquelle il avait été transporté jusqu'à ce qu'ils obtiennent une ordonnance judiciaire pour le voir. Selon ses proches, il avait été enchaîné au lit, alors même qu'il était inconscient. Décédé peu après, son corps a été retenu des mois par le Shin Beth, le service de sécurité intérieure israélien, qui ne l'a rendu à sa famille qu'en échange de la garantie qu'il sera enterré immédiatement en catimini, affirme le rapport.


L'organisation rappelle que, dans le cas des quatre jeunes qu'elle a examinés dans son rapport, ceux-ci « ne semblent pas avoir représenté une menace de blessure grave ou de mort », rendant leurs meurtres illégaux. Les normes internationales relatives aux droits humains interdisent en effet aux forces de l'ordre « l’utilisation intentionnelle et létale d’armes à feu », sauf lorsque « cela est absolument inévitable pour protéger des vies humaines ». Surtout que les témoins interrogés expliquent que, dans tous ces cas, les forces israéliennes ont tiré sur le haut du corps des enfants, sans donner d'avertissement ni tenter de les dissuader avec des mesures courantes et moins meurtrières telles que des gaz lacrymogènes, des grenades à commotion cérébrale ou des balles recouvertes de caoutchouc.

Après avoir déposé ses deux jeunes sœurs à l'école, Mahmoud al-Sadi, 17 ans, se dirige vers son lycée, Wadi Burqin, près du camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie occupée. Ce matin du 21 novembre 2022, le jeune Palestinien fait le trajet avec plusieurs de ses amis, quand ils entendent des tirs au loin. Les adolescents se mettent en sécurité, ils ne sont pas armés et...

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