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Moyen-Orient - Éclairage

La visite d’Itamar Ben Gvir sur l’esplanade des Mosquées provoque un tollé

Le ministre de la Sécurité nationale au sein du nouveau gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu s’est rendu hier matin sur le lieu saint, en dépit des menaces du Hamas.

La visite d’Itamar Ben Gvir sur l’esplanade des Mosquées provoque un tollé

Des membres des forces de sécurité israéliennes déployés sur l’esplanade des Mosquées, hier. Ahmad Gharabli/AFP

Une semaine à peine. C’est le temps qu’il aura fallu à Itamar Ben Gvir depuis sa prestation de serment comme ministre pour se prêter à une nouvelle provocation. Le 29 décembre dernier, le suprémaciste juif et chef du parti d’extrême droite Otzma Yehudit (Force juive) s’est officiellement vu confier le portefeuille de la Sécurité nationale au sein du nouveau gouvernement israélien porté par Benjamin Netanyahu. Cinq jours plus tard, le voilà qui s’attire à nouveau les foudres des Palestiniens et des factions armées, des partenaires arabes de l’État hébreu, d’une partie de la classe politique israélienne et de la communauté internationale. En cause : son intrusion, mardi matin, sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem.

Troisième lieu saint de l’islam et site le plus sacré du judaïsme, le complexe de la mosquée al-Aqsa, aussi appelé « mont du Temple » par les juifs, est situé dans la vieille ville de Jérusalem, occupée depuis 1967 par Israël puis annexée. Mais en vertu d’un statu quo hérité de la guerre des Six-Jours, seuls les musulmans sont autorisés à s’y rendre à toute heure du jour et de la nuit, tandis que les non-musulmans peuvent y pénétrer à certaines heures fixes, sans possibilité d’y prier.

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Pourtant, ces dernières années, de plus en plus d’ultranationalistes juifs y prient, alimentant les tensions avec les fidèles musulmans. Itamar Ben Gvir n’en est pas à son premier coup d’essai. Déjà par le passé, le leader d’extrême droite, adepte des bravades antipalestiniennes, s’est joint à plusieurs reprises aux colons israéliens, forçant l’entrée de l’enceinte de la mosquée al-Aqsa. Mais alors que l’extrémiste controversé vient de prendre ses fonctions, son acte purement provocateur, faisant fi des menaces du Hamas, confère à son geste une nouvelle portée. Un affront qui fait immédiatement écho à la séquence durant laquelle le dirigeant du Likoud de l’époque, Ariel Sharon, s’était introduit sur le lieu saint en septembre 2000, déclenchant la seconde intifada qui avait embrasé les territoires occupés jusqu’en 2005.

Changer les règles du jeu

Alors que des médias rapportaient lundi qu’Itamar Ben Gvir avait prévu de s’y rendre le jour même avant de reporter son déplacement, plusieurs observateurs ont suggéré qu’il s’agissait d’un calcul stratégique afin de faire planer le doute sur sa visite et éviter ainsi de faire les frais de confrontations avec les Palestiniens. Selon des médias israéliens, le Premier ministre tout juste investi aurait tenté de négocier avec le nouveau membre de son gouvernement afin de l’inciter à renoncer à son plan. Sur une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le site semble calme et peu fréquenté lorsque le meneur d’extrême droite s’y rend. Il apparaît entouré de membres des forces de sécurité israéliennes, un drone survolant l’esplanade. « Le mont du Temple est le lieu le plus important pour le peuple d’Israël, nous maintenons la liberté de mouvement pour les musulmans et les chrétiens, mais les juifs monteront aussi sur le mont du Temple et ceux qui menacent doivent être traités avec une poigne de fer », a déclaré Itamar Ben Gvir une fois sur les lieux, cité par un communiqué.

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Peu avant, le Hamas avait averti qu’un tel geste risquait d’être « un prélude à une escalade ». Ce à quoi le suprémaciste juif a rétorqué après sa visite. « Le gouvernement israélien dont je suis un membre ne cédera pas à une organisation vile et meurtrière, a-t-il affirmé sur son compte Twitter. Si le Hamas pense que me menacer va me dissuader, qu’il comprenne que les temps ont changé. » Derrière cette séquence hautement provocatrice, Itamar Ben Gvir cherche à changer les règles du jeu. Depuis le début des élections législatives en novembre, ce dernier ne cesse d’agiter sa volonté de modifier le statu quo qui prévaut sur l’esplanade des Mosquées. Invoquant l’« égalité des droits pour les juifs », le nouveau ministre tente de forcer la main pour permettre aux juifs d’y prier.

Nouvelle confrontation à grande échelle ?

Une situation qui met les partenaires arabes d’Israël dans l’embarras, tant la question est symbolique. Depuis hier, leur réaction est allée crescendo, montrant l’ampleur du tollé suscité. Gardienne du lieu saint qu’elle administre, la Jordanie a convoqué hier l’ambassadeur d’Israël pour protester contre la « prise d’assaut » du complexe, nécessitant une « intervention internationale », a indiqué Reuters. Les Émirats arabes unis, signataires en 2020 des accords d’Abraham normalisant leurs relations avec Israël, l’Arabie saoudite, la Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique se sont également joints aux condamnations. De même que Washington, qui a tenu à rappeler que « l’ambassadeur (américain en Israël) Nides a été très clair dans ses conversations avec le gouvernement israélien sur la question de la préservation du statu quo dans les lieux saints de Jérusalem. Les actions qui empêchent cela sont inacceptables ».

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De son côté, l’ancien Premier ministre israélien Yaïr Lapid a saisi l’occasion pour lancer une pique à son successeur : « Voilà ce qui arrive lorsqu’un Premier ministre faible est contraint de confier à l’homme le plus irresponsable du Moyen-Orient l’endroit le plus explosif du Moyen-Orient », a-t-il fustigé sur Twitter. Dans un communiqué, M. Netanyahu a assuré être « déterminé à maintenir strictement le statu quo ». Tandis que les nouvelles fonctions d’Itamar Ben Gvir lui octroient la responsabilité de chapeauter les divers services de police en Israël, incluant la politique sécuritaire autour des lieux saints, comme le complexe de la mosquée al-Aqsa, et en Cisjordanie, les Palestiniens craignent que cet épisode ne constitue que le premier d’une longue série à venir. Voire le déclencheur d’une nouvelle confrontation à grande échelle. Comme en 2021, lorsque des heurts sur l’esplanade des Mosquées avaient provoqué une guerre de 11 jours entre Israël et le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza. 243 morts avaient été dénombrés côté palestinien, contre 12 côté israélien. Puis de nouveau au printemps 2022, alors que des affrontements avaient fait des centaines de blessés palestiniens dans l’enceinte et aux abords de l’esplanade.

Une semaine à peine. C’est le temps qu’il aura fallu à Itamar Ben Gvir depuis sa prestation de serment comme ministre pour se prêter à une nouvelle provocation. Le 29 décembre dernier, le suprémaciste juif et chef du parti d’extrême droite Otzma Yehudit (Force juive) s’est officiellement vu confier le portefeuille de la Sécurité nationale au sein du nouveau gouvernement...

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