Mission accomplie pour Aïn el-Tiné. Le bloc parlementaire du président de la Chambre, Nabih Berry, a été le premier à répondre par écrit au questionnaire controversé de l’émissaire français pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, chargé de trouver une issue à l’impasse présidentielle. Ce dernier avait envoyé il y a une dizaine de jours deux questions avec une demande de réponse d’ici à la fin du mois à plusieurs chefs de blocs parlementaires, en amont de son retour à Beyrouth, prévu en principe, selon les dernières informations obtenues par L’Orient-Le Jour, entre le 10 et le 12 septembre.
Ce questionnaire, censé paver la voie à un dialogue autour de la présidentielle, est rejeté par une grande partie de l’opposition. L’attitude des députés berrystes peut être interprétée comme un signe de convergence de points de vue entre le tandem Amal-Hezbollah et la France au sujet de la présidentielle : toute solution passe inévitablement par un dialogue qui devrait déboucher sur une entente élargie. Un message en direction de l’opposition qui refuse toujours de se prêter à l’exercice français, tant pour des vices de forme – certaines figures politiques et même plusieurs internautes ont critiqué la démarche française, la comparant à un « devoir de vacances » qui devrait être rendu à temps – que pour des motifs politiques. Aux yeux de ce camp, l’élection du chef de l’État devrait être le fruit d’un processus démocratique, et le dialogue avec le camp adverse devra suivre cette échéance et non la précéder.
La stratégie de défense au programme
Dans les grandes lignes de sa réponse, le bloc berryste plaide pour un président « capable de rétablir des relations de confiance avec les Arabes et le reste du monde, et surtout de « gérer un dialogue national (…) conforme aux dispositions de l’accord de Taëf et de la Constitution, y compris autour de la stratégie de défense nationale ». Il s’agit là d’une rare prise de position de la part de M. Berry sur une question qui touche à l’arsenal du Hezbollah. « C’est l’une des demandes du camp adverse dont nous respectons les requêtes », explique Michel Moussa, député du bloc berryste. Plusieurs observateurs rappellent à ce sujet que le président de la Chambre a toujours eu une position ambiguë au sujet de la stratégie de défense, préférant laisser au Hezbollah le soin de se prononcer.
Sur un autre registre, le bloc d’Amal estime que parmi les priorités du futur chef de l’État devraient figurer la mise en application de l’accord de Taëf dans son intégralité, en particulier pour ce qui est de la création du Sénat (au sein duquel seraient représentées les familles spirituelles), l’indépendance de la justice, les réformes économiques et… la décentralisation administrative. Une question chère au Courant patriotique libre de Gebran Bassil, grand adversaire local de Nabih Berry, mais qui est actuellement engagé dans un dialogue avec le Hezbollah sur la présidentielle. En échange d’un soutien au parti chiite, le leader maronite réclame le vote de lois consacrant la création d’un fonds fiduciaire et la décentralisation administrative mais aussi financière élargie. Ce que le bloc Berry semble avoir passé sous silence.
À la question portant sur le profil du prochain président de la République, les élus berrystes ont évoqué une figure « présente dans la vie politique, qui a de l’expérience dans l’action gouvernementale et administrative, capable de dialoguer avec les protagonistes locaux et les pays amis et qui accorde la priorité à l’intérêt général ». « Ces caractéristiques s’appliquent à Sleiman Frangié qui demeure notre favori », affirme Michel Moussa. Donc certainement pas à un commandant en chef de l’armée.
commentaires (10)
La question qui manquait au te-voir:" toi, être serieux?" Réponse aux choix multiples:" oui_ , non_, hèhèhèhahah_"
Wlek Sanferlou
16 h 17, le 26 août 2023