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Politique - Présidentielle au Liban

Face à la proposition de Le Drian, l'opposition temporise

Les anti-Hezbollah attendent des réponses à des interrogations qu’ils pourraient adresser à l’émissaire français dans les prochains jours.

Face à la proposition de Le Drian, l'opposition temporise

L'émissaire spécial de l'Élysée pour le Liban Jean-Yves Le Drian, à Beyrouth, le 26 juillet. Photo Nabil Ismaïl

À quoi Jean-Yves Le Drian doit-il s’attendre à son retour en septembre ? L’optimisme affiché côté français au lendemain du second séjour de l’émissaire spécial de l’Élysée pour le Liban à Beyrouth, la semaine dernière, pourrait vite disparaître. Et pour cause : une bonne partie des protagonistes locaux, notamment ceux de l’opposition, ne semble pas très enthousiaste quant à la dernière proposition de solution présentée par l’ancien ministre des Affaires étrangères. Ce dernier a proposé un rendez-vous en septembre pour des concertations politiques élargies exclusivement axées sur le profil du futur président de la République et ses priorités. Une proposition bénéficiant de l’aval du groupe des Cinq impliqués dans le dossier libanais (France, États-Unis, Arabie saoudite, Égypte, Qatar) réunis à Doha le 17 juillet. La proposition de M. Le Drian est « la dernière chance » offerte aux Libanais pour sortir de l’impasse actuelle, et certains pays membres du groupe des Cinq agitent le spectre du recours aux sanctions si la nouvelle initiative est mise en échec. Mais cette menace, aussi sérieuse soit-elle, ne semble pas cacher certaines appréhensions de l’opposition,  qui souhaite obtenir des réponses claires de la part de M. Le Drian avant de participer aux concertations. 


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C’est ce son de cloche qui prévaut dans les milieux de l’opposition ces derniers jours. « Plusieurs points doivent encore être clarifiés, aussi bien dans la forme que dans le fond », souligne à L’Orient-Le Jour un député opposant qui a souhaité garder l’anonymat. « Il s’agit du lieu de la tenue de la rencontre interlibanaise prévue en septembre ainsi que des participants» , dit-il, soulignant que ces points figureront, entre autres, dans une lettre officielle qui pourrait être adressée à M. Le Drian dans les prochains jours.

Dans le fond, le susdit parlementaire évoque certaines questions jugées fondamentales : « Faut-il accepter de consacrer les pratiques qui négligent les dispositions de la Constitution et favorisent le consensus aux dépens de la démocratie ? » se demande le député dans ce qui semble être une critique à l’appel de Jean-Yves Le Drian à s’entendre sur le profil du président et son programme, dans la mesure où une telle démarche devrait mener à une entente préalable autour du nom du prochain chef de l’État. Un point que partagent les Forces libanaises, un des premiers partis à se montrer hostiles à un dialogue avec le camp adverse autour de l’échéance présidentielle. « Nous avons déjà fait notre devoir. Nous avons longuement étudié le profil et le programme du président. Et c’est sur cette base que nous avons décidé de soutenir Michel Moawad (député de Zghorta) avant de passer à Jihad Azour (ancien ministre des Finances et actuel haut responsable au sein du Fonds monétaire international) », déclare le porte-parole des FL Charles Jabbour. « C’est surtout par respect pour les efforts de l’émissaire français que nous examinons la proposition. Surtout que nous avons encore le temps avant de dire notre dernier mot. Mais je ne pense pas que nous allons lâcher Jihad Azour, au moins jusqu’au retour de l’émissaire français », poursuit M. Jabbour. 

« Oui, mais pour quoi faire ? »

Comprendre : en attendant les réponses de Jean-Yves Le Drian et ses garanties, évoquées samedi soir par Waddah Sadek (député beyrouthin de la contestation), l’opposition ne compte faire aucune concession. Surtout pas face à un Hezbollah attaché à son candidat Sleiman Frangié, qui fait face à un veto chrétien de taille tant de la part des adversaires du parti chiite que de la part de son allié chrétien Gebran Bassil, avec qui il vient de rouvrir les canaux du dialogue dans la perspective de la présidentielle. « Ils (le Hezbollah et ses satellites) oublient que nous avons déjà fait une importante concession en retirant Michel Moawad et en proposant Jihad Azour, perçu comme un candidat consensuel », rappelle un haut responsable Kataëb qui a requis l’anonymat.  «Dialoguer ? Oui, mais pour quoi faire ? Comment va-t-on dialoguer ? Autour de quoi si les ténors du Hezbollah continuent de pousser pour nous convaincre de soutenir Sleiman Frangié ? » s’interroge ce même responsable partisan. « Nous n’avons pas changé de position. Et nous ne changerons pas », a affirmé le chef du groupe parlementaire du Hezbollah Mohammad Raad vendredi matin. Faut-il en déduire que la formation de Samy Gemayel manquera au rendez-vous de septembre ? Le susdit responsable Kataëb s’abstient, à ce stade, de trancher la question. « Surtout que plusieurs pays amis s’activent pour résoudre la crise actuelle. » « Mais nous allons poursuivre nos concertations avec le reste des opposants », assure-t-il. 


Pour mémoire

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Parmi ces « partenaires », figure bien entendu le Parti socialiste progressiste, dont le nouveau chef Taymour Joumblatt a affirmé devant l’envoyé spécial de l’Élysée la nécessité d’un dialogue autour d’un candidat consensuel à la tête de l’État, à en croire Hadi Aboul Hosn, député PSP de Baabda. « Notre position est claire. Nous voulons une entente autour d’un candidat qui garantirait le respect de l’accord de Taëf et lancerait le processus de réformes », dit-il, appelant à « l’abandon des positions rigides ». Une allusion à peine voilée à l’attachement du parti de Dieu à l’option Sleiman Frangié… au point de tenter d’en convaincre Gebran Bassil, qui vient de poser une nouvelle équation : la décentralisation administrative élargie en contrepartie du « plus grand sacrifice pour les six prochaines années ». Va-t-il lâcher ses tout nouveaux partenaires avant les discussions de septembre ? « Rien ne prête à croire que nous allons en arriver là », répond un député opposant sur un ton optimiste.

À quoi Jean-Yves Le Drian doit-il s’attendre à son retour en septembre ? L’optimisme affiché côté français au lendemain du second séjour de l’émissaire spécial de l’Élysée pour le Liban à Beyrouth, la semaine dernière, pourrait vite disparaître. Et pour cause : une bonne partie des protagonistes locaux, notamment ceux de l’opposition, ne semble pas très...

commentaires (12)

Espérons que la leçon donnée par l’Afrique servirait les politiciens français et les ferait réfléchir aux politiques adoptées où la dictature est préférée à la démocratie lorsque leurs intérêts sont en jeu, seulement à court terme.

Sissi zayyat

20 h 14, le 31 juillet 2023

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Commentaires (12)

  • Espérons que la leçon donnée par l’Afrique servirait les politiciens français et les ferait réfléchir aux politiques adoptées où la dictature est préférée à la démocratie lorsque leurs intérêts sont en jeu, seulement à court terme.

    Sissi zayyat

    20 h 14, le 31 juillet 2023

  • Le groupe des cinq est en realite un groupe de rigolos attardes. Ils parlent de sanctions en cas d'echec des negociations ? Quelle blague. Avec la racaille milicienne et la canaille mafieuse, la seule bonne methode c'est de lancer les sanctions d'abord, et de negocier ensuite leur eventuel allegement. En position de force.

    Michel Trad

    19 h 47, le 31 juillet 2023

  • Y A TOUJOURS UN JUDAS QUELQUEPART POUR SABORDER UNE JUSTE SOLUTION CONTRE L,INJUSTICE MALHEUREUSEMENT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 16, le 31 juillet 2023

  • Monsieur Le Drian, de grâce, c’est le Liban que vous devez aider et non pas l’Iran ou la Syrie.

    Wow

    13 h 12, le 31 juillet 2023

  • Pourquoi la communauté internationale agite le recours aux sanctions pour mettre la pression sur les personnes qui bloquent le processus des élections présidentielles? Les sanctions doivent s'appliquer en dehors de cette échéance à partir du moment que la justice internationale détient suffisamment des preuves.

    LTEIF Salim

    12 h 55, le 31 juillet 2023

  • Le club des cinq tourne autour du pot et évite les questions qui fâchent, à savoir la présence d’une milice armée par un pays étranger sur nos frontières et dans toutes les régions à leur portée pour asservir les libanais et imposer leurs doctrines qui ne profitent qu’à leurs recruteurs iraniens qui veulent garder la région et en premier lieu le Liban comme monnaie d’échange à toutes leurs tractations avec les États Unis et ainsi continuer à souffler le chaud et le froid pour obtenir gain de cause et dominer la région. Le Drian ne le sait que trop tout comme les autres pays et on se demande à quoi sert tout ce cinéma pathétique sinon à accorder le temps nécessaire aux usurpateurs de peaufiner leur complot et à étendre leur pouvoir sur tout le Liban en grignotant ses ministères, parlement, justice et armée pour arriver à leur but. Les sanctions, si elles avaient eues lieux il y a 3 ans auraient fait toute la différence. Ils continuent à menacer de les appliquer alors que le HB, Berry et les autres mafieux savent pertinemment que même si elles seraient annoncées, ils ne seront pas touchés, allez savoir pour quelle raison. Leur lâcheté à tous finira par avoir raison de notre pays, mais pas que, à long terme, sans oublier l’immobilisme du peuple libanais qui, comme ses gouvernants reste divisé et bêtement acquis à certains qui s’activent à sa mise à mort et à la disparition de son pays sans que cela ne l’émeuve ni ne les motive outre mesure pour y mettre fin.

    Sissi zayyat

    11 h 10, le 31 juillet 2023

  • Mr. Le Drian rentrez chez vous car le Hezbollah a déjà son président, vous avez peut-être oublié qu’il n’y a plus de Liban vous devez dire l’Iran

    Eleni Caridopoulou

    10 h 54, le 31 juillet 2023

  • On se demande vraiment ce que Le Drian peut avoir derrière la tête. Pourquoi attendre septembre, alors que toutes les parties ont déjà, et depuis belle lurette, défini le profil de leur candidat? A quoi pourrait bien servir une réucion de concertation" à ce sujet, alors que les positions sont totalement inconciliables, entre ceux qui souhaitent n président fort et patriote (on dit aussi "souverainiste") et ceux qui veulent maintenir la domination iranienne? Tout au plus pourra-t-on aboutir, suite à des échanges de marchands de tapis, à un résultat "consensuel". A savoir, un président incolore, inodore et insipide, un président-marionnette, auquel on adjoindra, comme d'habitude, un gouvernement en forme de salade russe ou de panier de crabes. LOngue vie au Liban!

    Yves Prevost

    07 h 29, le 31 juillet 2023

  • Pourquoi ne pas voter simplement pour le plus grand nombre de voix sans défaut de quorum au deuxième tour.

    Mohamed Melhem

    05 h 05, le 31 juillet 2023

  • Pas de dialogue à l’ombre des armes ! Vous perdez votre temps M Le Drian ! Sanctionnez et qu’on en finisse !

    LeRougeEtLeNoir

    01 h 56, le 31 juillet 2023

  • Attendre un émissaire aussi éminent soit il, et sincère, ou le club des cinq de Doha pour nous faire accorder sur les diapasons lorsque le Liban est en chute libre depuis 2019 est ignoble de la part de tous les "protagonistes ", comprendre la Cosa Nostra Libanaise. Même que la Mafia internationale et ses grandes familles s'entendent sur les grandes questions existentielles. En plus, fonder toute une doctrine politique sur un et seul thème à savoir l'opposition au Hizbollah est ridicule, pour dire le moins. Et le peuple dans tout ça ? On vous répond, "voyez, les Restos sont bondés." Ben, les lunaparcs aussi.

    Raed Habib

    01 h 26, le 31 juillet 2023

  • À quoi bon un article de plus sur une farce de très mauvais goût, concocté par un émissaire français transformé en petit télégraphiste du hezb (ils avaient W. Wahab qui faisaient déjà ce job) ? Cette "obsession" présidentielle est un leurre de plus et un aveuglement. Dans tous les cas il s'agira d'un personnage aux mains liées, sans véritables prérogatives, et qui ne pourra procéder à aucun état des lieux honnêtepoyr entamer des réformes de fond. Il ne va tout de même pas faire face à l'oligarchie mafio-confessionnelle, qui l'auraporté au pouvoir

    IBN KHALDOUN

    00 h 35, le 31 juillet 2023

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