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Politique - Présidentielle

Le Drian de retour à Beyrouth avec une « feuille de route »

« Malgré la lassitude générale au sein de la communauté internationale, la France continue de s’intéresser au Liban et souhaite qu’il reste une priorité », affirme un diplomate à « L’OLJ ».

Le Drian de retour à Beyrouth avec une « feuille de route »

Le président de la Chambre Nabih Berry accueillant l’émissaire français pour le Liban Jean-Yves Le Drian à Aïn el-Tiné, le 21 juin. Photo tirée du compte Flickr du Parlement

Épisode deux. Un peu plus d’un mois après sa visite inaugurale « d’exploration et d’écoute », Jean-Yves Le Drian, émissaire du président français Emmanuel Macron pour le Liban, atterrit mardi à Beyrouth pour une seconde tournée auprès des protagonistes locaux. Chargé de trouver une issue à l’impasse présidentielle, le diplomate sera donc de retour une semaine après la réunion à Doha du groupe des Cinq (la France, les États-Unis, l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Égypte), lors de laquelle il avait arraché le soutien des quatre partenaires de Paris à sa médiation, sur la base, cette fois-ci, d’une coordination au sein du groupe. Toutefois, pour les acteurs locaux, l’heure n’est pas à l’optimisme.

« Lassitude générale »
« Ce second déplacement au Liban s’inscrit dans sa mission de facilitation et de bons offices, avec pour objectif que toutes les parties prenantes concernées créent les conditions favorables à l’émergence d’une solution consensuelle pour l’élection du président de la République, étape essentielle à la remise en marche des institutions politiques dont le Liban a urgemment besoin pour s’engager dans la voie du redressement », peut-on lire dans un communiqué du Quai d’Orsay. Le diplomate français doit, comme lors de son dernier déplacement, commencer sa tournée marathon de deux jours par le président de la Chambre Nabih Berry, avant d’aller à la rencontre du reste des principales figures politiques libanaises. M. Berry a accueilli lundi, à Aïn el-Tiné, l’ambassadrice française à Beyrouth Anne Grillo, en tournée avant la fin de sa mission au Liban.
« Malgré la lassitude générale au sein de la communauté internationale, la France continue de s’intéresser au Liban et souhaite qu’il reste une priorité », affirme une source diplomatique française à notre journal. « Dans ce sens, M. Le Drian va évoquer avec les acteurs libanais les résultats de la réunion de Doha et des contacts qu’il a menés, tout en menant un effort de médiation entre les deux camps », ajoute la source. « Le représentant personnel du président de la République pour le Liban s’est rendu en Arabie saoudite, du 10 au 12 juillet, puis au Qatar où il a participé le 17 juillet à une réunion sur le Liban avec l’Arabie saoudite, le Qatar, les États-Unis et l’Égypte, avant de se rendre de nouveau en Arabie saoudite le 18 juillet », rappelle le communiqué du Quai d’Orsay.

Alors que le tandem chiite Amal-Hezbollah s’attache à la candidature du leader de Zghorta Sleiman Frangié, la majorité des chrétiens ainsi que le reste de l’opposition appuient la candidature du haut cadre du Fonds monétaire international Jihad Azour. Paris a proposé dans un premier temps un troc entre la présidence de la République qui irait à Sleiman Frangié, et le poste de Premier ministre qui reviendrait au candidat du camp adverse, le juge et diplomate Nawaf Salam. Cette proposition s’est heurtée au refus d’une partie des acteurs locaux, mais aussi de ses partenaires internationaux.

Pour mémoire

Les coulisses de la réunion de Doha consacrée au dossier libanais

« Nous sommes loin d’un déblocage »
Pour sortir de l’impasse, M. Le Drian a suggéré par la suite la tenue d’un dialogue national. Une idée qu’il avait évoquée lors de son premier séjour à Beyrouth. Mais lors de la réunion du groupe des Cinq, Riyad et Doha ont refusé de soutenir cette démarche, arguant que la priorité est à l’élection du président et craignant qu’un dialogue n’ouvre la porte à des amendements constitutionnels qui toucheraient la formule de gouvernance actuelle basée sur l’accord de Taëf.  Sur la scène locale aussi, l’initiative de Le Drian ne fait pas l’unanimité. À Doha, le recours à l’arme des sanctions pour pousser les dirigeants libanais à fléchir leur position avait été évoqué, notamment par l’Arabie saoudite et les États-Unis. Selon nos informations, des lobbys libanais à Washington ainsi que plusieurs sénateurs militent pour que des sanctions soient imposées sur les principaux décideurs libanais. Mais malgré les menaces, les protagonistes campent sur leurs positions, sans percée en vue. Ainsi, dans les médias locaux, on qualifie la visite de l’émissaire français de « cosmétique » et de « protocolaire », excluant de voir M. Le Drian porter une nouvelle initiative. « Nous sommes loin d’un déblocage », analyse le politologue Karim Bitar. Et d’abonder : « Dans ce contexte, et malgré la visite du diplomate français, il est très improbable qu’on assiste à un progrès dans le dossier présidentiel avant l’automne. » Une nouvelle réunion du groupe des Cinq est prévue en septembre.

« On ne peut pas dire que cette visite n’est que “cosmétique”, proteste la source diplomatique précitée. M. Le Drian va présenter une feuille de route pour l’étape à venir, qui pourrait conduire éventuellement à une percée. Tout sera plus clair après les entretiens qu’il va mener. » Selon nos informations, M. Le Drian souhaite que les protagonistes libanais abordent la question présidentielle dans le cadre d’un « panier complet », qui comprendra également, aux côtés de l’élection d’une « figure de compromis », le nom du chef du gouvernement, la formation de son équipe ainsi que la nomination du gouverneur de la banque centrale et du commandant de l’armée libanaise. « Après avoir senti à quel point les désaccords sont profonds lors de sa première visite, l’émissaire français croit désormais que le consensus n’est pas indispensable, remarque un proche du Quai d’Orsay. Certes, il est souhaitable que le prochain chef de l’État fasse l’objet d’une entente élargie, mais le plus important, c’est de sortir du vide et de commencer les réformes. »

Épisode deux. Un peu plus d’un mois après sa visite inaugurale « d’exploration et d’écoute », Jean-Yves Le Drian, émissaire du président français Emmanuel Macron pour le Liban, atterrit mardi à Beyrouth pour une seconde tournée auprès des protagonistes locaux. Chargé de trouver une issue à l’impasse présidentielle, le diplomate sera donc de retour une semaine après la...

commentaires (9)

Au fait c'est un montage sur la photo J Y Le Drian et N. Berri habillés pareil ???

Moi

16 h 50, le 25 juillet 2023

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Commentaires (9)

  • Au fait c'est un montage sur la photo J Y Le Drian et N. Berri habillés pareil ???

    Moi

    16 h 50, le 25 juillet 2023

  • Après avoir cru dans une utopie que les usurpateurs leur ont vendu en les laissant croire qu’en choisissant eux mêmes le président contre un PM de l’autre camp ils arrivent à mettre terme au blocage, les voilà revenus avec une dystopie qu’ils veulent nous imposer pour ne pas froisser les corrompus régnants, allez savoir pourquoi. Le jour où ils comprendrons que la France ne peut être le chef et en même temps l’arbitre, notre pays sera sauvé. Un chef doit faire abstraction des conditions imposées par les corrompus, ceux-là mêmes qui ont mené le pays au désastre qu’on connaît et qui bloquent toutes les situations pour les retourner à leur avantage. C’est là qu’intervient LE CHEF en refusant toute négociation conditionnée pour trancher, afin de leur montrer qu’ils ne sont pas en mesure d’imposer ni de choisir sous peine d’être sanctionnés et ce, sans sommation aucune. Au lieu de cela, les français continuent de ménager la chèvre et le chou croyant pouvoir arriver à leur fin contre la volonté des libanais patriotiques pour montrer qu’ils ont réussi à débloquer la situation en la rendant encore plus inextricable qu’elle ne l’était auparavant. En attendant, le peuple souffre et le pays bascule dans l’inconnu et les fossoyeurs, campés sur leur position n’attendent que ça pour le mener où ils veulent depuis le premier instant où ils ont décelé une faiblesse chez les intervenants pour gagner du temps et ainsi atteindre leur objectif néfaste pour notre pays. Ça suffit.

    Sissi zayyat

    10 h 57, le 25 juillet 2023

  • Avec le "panier complet" on revient à la première proposition de la France, celle de nommer un président pour un camp et un premier ministre pour l'autre camp, avec évidemment l'inoxydable Nabih Berry au perchoir. Très mauvaise approche qui consacre une fois de plus le marchandage politique et le partage du gâteau ministeriel et autres nominations. À rejeter.

    CAMAYOU / INEOS

    09 h 07, le 25 juillet 2023

  • Le « panier complet » serait la pire solution. La pérennisation de l'hérésie qu'et la "démocratie consensuelle". Le règne avalisé du marchandage à la libanaise et donc l'impossibilité de toute réforme substantielle. Que, loin de toutes ces magouilles, Le Drian exige simplement l'application de la Constitution, et tout sera réglé.

    Yves Prevost

    07 h 21, le 25 juillet 2023

  • Avec cette clique au pouvoir, il n'y aura pas de réformes. Il ne faut s'attendre à aucune réforme. Cette histoire de réformes est devenue un véritable serpent de mer. Ces réformes auraient dû être mises en place il y a près de 5 ans. Mais pour la pègre au pouvoir, entreprendre les réformes demandées, qui sont indispensables pour la survie du Liban et pour qu'il puisse recouvrer sa santé financière, c'est scier la branche sur laquelle elle est assise. Cette cleptocratie ne veut même pas d'un nouveau Gouverneur de la Banque centrale qui risquerait de mettre au grand jour les magouilles dont elle s'est rendu coupable ces trente dernières années! Le statu quo l'arrange. Et que le peuple crève!!! C'est le dernier de ses soucis.

    Georges Airut

    05 h 11, le 25 juillet 2023

  • Tant que c'est toujours cette même clique qui a pillé le pays et l'a mené à la ruine qui tient encore les rênes du pouvoir politique, économique et financier, aucune feuille de route ne peut mener qu'à un cul-de-sac, à une impasse insurmontable. Si les pays qui font mine de s'occuper du Liban veulent vraiment aider ce pays, ils doivent en tout premier lieu infliger de lourdes sanctions à ces leaders qui ont détruit leur propre pays, en gelant tous leurs avoirs dans les banques étrangères, et les forcer à restituer l'argent pillé et à se retirer de la vie publique. S'ils étaient vraiment sérieux dans leur soi-disant volonté d'aider le Liban , ils auraient agi de la sorte depuis belle lurette.

    Georges Airut

    02 h 20, le 25 juillet 2023

  • Ce bon M. Le Drian devrait cesser de perdre son temps (et le notre) et aller s'occuper des interets de la France dans son poste a El Ula.

    Michel Trad

    22 h 49, le 24 juillet 2023

  • Comme dans un match de foot ball, que le meilleur gagne. Donc pas de défaut de quorum, si une équipe quite le terrain, l’équipe est déclarée forfait, si des députés font défaut du quorum, ils doivent en subir les conséquences. Assez de vous jouer de nous pour un défaut de quorum.

    Mohamed Melhem

    21 h 04, le 24 juillet 2023

  • Une visite pour semer de la confusion en envoyant des messages contradictoires (le "en même temps" micronien), donc inutile, si ce n'est pour entretenir des illusions et œuvrer à la préservation d'intérêts privés. Si M. Le Drian s'ennuie dans sa retraite provinciale, que son patron lui trouve une autre marotte...Ségolène Royal et Michel Rocard ont bien eu des sinécures qui leur permettaient d'utiliser les avions de l'Etec tout en faisant semblant de s'occuper de sujets fictifs. Il est tout de même cocasse d'observer le seul pays dont les dirigeants se répandent en remarques (légitimes) sur la corruption du système libanais, être le plus actif dans la poursuite de discussions stériles avec les acteurs de ce régime pourri...

    IBN KHALDOUN

    19 h 51, le 24 juillet 2023

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