
Une installation représentant le drapeau libanais avec le slogan "Peuple, armée, justice" devant les silos détruits du port du Beyrouth, le 31 juillet 2022. Photo d'archives Matthieu Karam
William Noun, frère de Joe Noun, pompier tué dans l'explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020, a déclaré samedi à L'Orient Today qu'il appelait à "une forte participation" des Libanais et expatriés présents au Liban à la manifestation prévue le 4 août prochain pour marquer le troisième anniversaire de ce drame et exiger que justice soit rendue aux victimes.
"La communauté internationale doit voir que les Libanais se soucient de cette cause, afin qu'elle continue à la soutenir", a affirmé M. Noun.
Une forte participation
"Les gens nous font davantage confiance parce qu'ils ont vu des changements réels et des avancées dans la quête de justice pour les victimes. Nous avons poussé la communauté internationale à agir et à rendre justice aux victimes de l'explosion et des mesures ont été prises à l'encontre de la société Savaro Ltd", a-t-il ajouté.
En février dernier, la Haute Cour de justice de Londres avait rendu un verdict tenant cette société de commerce de produits chimiques pour responsable envers les victimes de l'explosion. Savaro Ltd aurait acheté en Géorgie la cargaison de nitrate d'ammonium à l'origine de la déflagration qui a fauché plus de 220 vies, blessé plus de 6.500 personnes et ravagé des pans entiers de la capitale. En juin, le juge britannique Roger Eastman a ordonné à Savaro Ltd. de verser plus d'un million de dollars à certains proches des victimes du 4-Août.
"Nous ne demandons que quelques heures ce jour-là (le 4 août) afin d'avoir la motivation nécessaire pour poursuivre notre combat le reste de l'année", a expliqué M. Noun.
Toujours fort malgré les circonstances
En juin, William Noun et Peter Bou Saab, qui a également perdu un frère dans l'explosion, ont été convoqués par le procureur général près la cour d'appel de Beyrouth, Ziad Abi Haïdar, après avoir brûlé des pneus en signe de colère lors d'une manifestation organisée devant le palais de justice de Beyrouth au début du même mois. Ils ont ensuite été libérés après s'être "engagés à ne plus commettre d'actes de vandalisme".
William Noun insiste cependant : la motivation des proches des victimes reste forte, malgré les circonstances, parce qu'ils savent depuis le début que leur combat ne sera pas facile. Cette lutte "sera lente et efficace", a déclaré M. Noun. "Nous ne sommes pas pressés".
"Nous nous réunirons le 4 août à 15h30 à la Quarantaine, près de la caserne des pompiers, et nous nous dirigerons vers le port", a-t-il déclaré, réaffirmant souhaiter une "forte participation des citoyens".
Les familles des victimes organisent également des veillées mensuelles pour commémorer leurs proches disparus, mais le nombre de participants à ces sit-in a diminué avec le temps.
En mars 2022, MM. Noun et Bou Saab ont été convoqués puis relâchés par la Sécurité de l'État pour avoir tagué des slogans sur la résidence du ministre de la Justice, Henri Khoury.
Plusieurs hauts responsables politiques et sécuritaires sont poursuivis dans le cadre de l'enquête sur l'explosion, mais ils refusent de se présenter devant le juge Tarek Bitar, qui mène l'investigation. Les proches des victimes critiquent régulièrement l'absence de progrès dans l'enquête, gelée depuis février dernier et obstruée par l'ingérence de politiciens et de juges.
commentaires (2)
William tu es plus courageux que tout nos politichien reunis
Tania
21 h 21, le 22 juillet 2023