
William Noun (g), Peter Bou Saab (d) et leur avocat Ralph Tannous devant le commissariat de police de Verdun à Beyrouth, le 7 juin 2023. Photo Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour
Après avoir été interrogés pendant deux heures mercredi matin au commissariat de police de Verdun à Beyrouth, William Noun et Peter Bou Saab, qui ont chacun perdu un frère dans les explosions meurtrières du 4 août 2020, "se sont engagés à ne plus commettre d'actes de vandalisme", a affirmé leur avocat Ralph Tannous à notre journaliste sur place Lyana Alameddine. Toutefois, à sa sortie d'interrogatoire, Peter Bou Saab a menacé de recourir à la violence.
Les deux hommes ont été convoqués sur ordre du procureur général près la cour d’appel de Beyrouth, Ziad Abi Haïdar, après avoir brûlé des pneus en signe de colère lors d'une manifestation organisée devant le palais de justice de Beyrouth, le 1er juin.
Me Tannous a expliqué à L'OLJ que ce que ses clients ont fait est "considéré par la loi comme un acte de vandalisme". Il a précisé que MM. Noun et Bou Saab ont été relâchés sous caution d'élection de domicile. "Mes clients se sont engagés à ne plus brûler de pneus et à ne plus commettre d'actes de vandalisme", a-t-il ajouté, notant que "le dossier va être déféré devant le procureur général près la cour d’appel de Beyrouth, Ziad Abi Haïdar. "Ce dernier décidera soit de ne pas donner suite au dossier soit de le déférer devant le juge pénal unique", a conclu l'avocat.
"Brûler le Liban"
A sa sortie du commissariat, Peter Bou Saab a confirmé à notre journaliste s'être engagé à ne plus commettre d'actes de vandalisme. "Nous n'avions pas d'autre choix, durant l'interrogatoire. Mais si nous y sommes contraints, nous brûlerons à nouveau des pneus. Nous brûlerons tout!", a-t-il prévenu. "Nous allons nous calmer pour le moment parce qu'un juge a été nommé (pour enquêter sur une action en justice intentée par le procureur Ghassan Oueidate contre Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur le drame, ndlr). Mais d'ici le 4 août, nous ne brûlerons pas seulement le palais de justice mais tout le Liban", a-t-il assuré.
De son côté, William Noun a affirmé que Peter et lui "sont avec le pouvoir judiciaire qui doit toutefois assumer son rôle". Plus tôt dans la journée, il a estimé que les raisons pour lesquelles ils sont convoqués "sont ridicules". "Ils veulent qu'on se lasse et qu'on arrête de se mobiliser", a-t-il regretté. "Nous avons lancé une pétition il y a près d'un mois pour réclamer qu'une commission d'enquête internationale se charge du dossier. Je pense que plus de 80 députés la signeront. Jusque-là, c'est Amal et le Hezbollah qui ont refusé de la signer", a également ajouté M. Noun.
William Noun s'apprêtant à entrer au commissariat de police de Verdun à Beyrouth, le 7 juin 2023. Photo Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour
"Mascarade"
"Vous auriez dû utiliser du nitrate d'ammonium (qui a engendré les explosions du 4 août 2020, ndlr), ils ne vous auraient pas arrêtés", a lancé un manifestant. "C'est une mascarade", a dénoncé de son côté la mère de William Noun. Sa sœur, Nancy, a elle pointé du doigt l'impunité des responsables dans le cadre cette affaire. "Les responsables de l'explosion sont insouciants et se prennent pour des zaïms, alors que nous, les proches des victimes, sommes convoqués à chaque fois que nous brûlons un pneu dans le cadre de nos mobilisations. Ils vont peut-être encore nous accuser d'avoir causé les explosions!", a-t-elle ironisé.
Mobilisation de proches de victimes du 4-Août devant la caserne de Verdun, à Beyrouth, le 7 juin 2023, en solidarité avec William Noun et Peter Bou Saab, dont les frères ont été tués dans les explosions au port de Beyrouth. Photo Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour
Un homme qui était de passage interroge notre journaliste sur la raison du rassemblement. Informé de l'interrogatoire de MM. Noun et Bou Saab, il ironise : "Qu'en est-il de ceux qui sont responsables (des explosions au) port ?"
William et Peter avaient été convoqués puis relâchés par le département de la Sécurité de l'Etat en mars 2022 pour avoir tagué des slogans sur la porte du domicile du ministre de la Justice, Henri Khoury.
Les proches des victimes manifestent régulièrement pour dénoncer le blocage de l'instruction menée par le magistrat Bitar en raison d'ingérences flagrantes de responsables politiques et même de certains juges.
Après avoir été interrogés pendant deux heures mercredi matin au commissariat de police de Verdun à Beyrouth, William Noun et Peter Bou Saab, qui ont chacun perdu un frère dans les explosions meurtrières du 4 août 2020, "se sont engagés à ne plus commettre d'actes de vandalisme", a affirmé leur avocat Ralph Tannous à notre journaliste sur place Lyana Alameddine. Toutefois, à sa...
commentaires (8)
Par contre si des pneus sont brûlés pour couper la route de l’aéroport, il n’y aurait pas un seul poilu de cet État mascarade qui oserait élever la voix. L’Etat n’existe qu’au Mont Liban où les factures, les taxes et les impôts sont collectés à presque 100% sachant qu’il n’y a que les hommes politiques qui ne payent pas
Liberté de penser et d’écrire
10 h 21, le 08 juin 2023