Khaled Taleb, fondateur de l’association Akkar Trail à Mechmech (Akkar), montre aux stagiaires comment éteindre un feu de forêt sur une pente. Photo João Sousa
Les températures record cet été s’accumulent selon les météorologues à travers le monde et, en conséquence, les incendies de forêt aussi. Le 4 juillet, les scientifiques de l’Administration nationale océanique et atmosphérique (NOAA) des États-Unis ont enregistré une température moyenne de l'air de 17,18 degrés Celsius : un record, battant son précédent établi … un jour plus tôt. Et le Liban n’est pas en reste…
Ces dernières semaines, le pays a ainsi été le théâtre d'incendies presque quotidiens, en particulier dans la région du Akkar, où le manque de financement public et d'équipements de la Défense civile a poussé des groupes de volontaires à intervenir pour apporter leur aide. Le mois dernier, un gigantesque incendie de forêt dans la région montagneuse de Sinn a brûlé 90 hectares de végétation, ravageant des arbres centenaires et endommageant quelques habitations. Plus de 200 volontaires ont passé deux jours à éteindre l'incendie, le plus grave depuis le début de l'année, selon Akkar Trail, un groupe de guides de randonnée qui gère également une équipe de pompiers forestiers bénévoles.
Il est encore trop tôt pour déterminer si la saison 2023 sera pire que celle de 2022, mais cet incendie « a tiré la sonnette d'alarme », indique Nasser Yassin, ministre sortant de l’Environnement, à L’Orient Today. L'année dernière, l’hiver tardif a mené à l'apparition de hautes herbes au milieu des arbres, qui se sont maintenant asséchées devenant un combustible puissant pour les incendies de forêt. « Il suffit de quelques secondes pour que les herbes s’enflamment », avertit Georges Mitri, directeur du Programme des terres et ressources naturelles à l’Université de Balamand à Beyrouth, qui analyse les incendies de forêt au Liban et gère une plateforme en ligne permettant de traquer les risques en se basant sur les données météorologiques. Dernièrement, c’est surtout le gouvernorat rural du nord-est du Akkar, couvert de forêts de pins isolées et denses, qui est en « danger extrême » d’incendies de forêt, selon le directeur.
Mise à jour du plan de lutte contre les incendies de forêt
« Des températures plus élevées se traduisent par une évapotranspiration plus importante au niveau de la végétation », explique-t-il, soit des plantes plus sèches et plus inflammables, ce qui de toute évidence peut être dangereux pour les forêts. « Dès qu'il y a une source inflammable, l’incendie peut s'allumer très rapidement... et se propager à de très vastes zones, comme ceux que nous observons au Akkar. » En prévention de ces incendies, le ministère de l'Environnement coordonne avec les municipalités et les groupes locaux pour encourager la coupe des herbes envahissantes, et aide à la lutte contre les incendies en fournissant notamment des fonds d'urgence au cas par cas pour les équipes de pompiers, affirme le ministre.
Ces incendies dévastateurs ne sont pas nouveaux dans la région du Akkar, où un gigantesque incendie survenu en 2021 a tué un adolescent et trois millions d'arbres. Depuis, des groupes de bénévoles comme Akkar Trail ont suivi des formations et des campagnes de financement pour obtenir davantage d'équipements, tandis que le ministère de l'Environnement a publié une stratégie nationale de lutte contre les incendies de forêt qui insiste sur la préparation des localités, et de leurs habitants, à faire face à ce danger.
La stratégie 2023 est la première mise à jour du plan de lutte contre les incendies de forêt depuis 2009, signale Nasser Yassin. Elle se concentre sur la coordination avec les autorités locales pour surveiller et éteindre les incendies. Le ministère espère également lancer un fonds d'urgence national d'ici la fin de l'année. En attendant, l’importante propagation estivale des herbes hautes et sèches signifie que les incendies atteignent « le cœur des forêts », y compris celles peuplées des cèdres et des pins emblématiques du Liban, souligne Khaled Taleb, fondateur de l’association Akkar Trail. « Nous n’avons jamais eu à faire face à une telle quantité et à une telle hauteur (de ces herbes) auparavant », regrette-t-il.
commentaires (2)
C’est un miracle que notre pays soit épargné par ces incendies qui ravage le monde. Comme quoi Dieu a encore un peu d’empathie pour notre beau pays. On attend son miracle pour nous débarrasser des nuisibles qui le rongent plus vite que n’importe quel feu incandescent.
Sissi zayyat
09 h 55, le 23 août 2023